dimanche, avril 05, 2020

Coronavirus : nous avons besoin de la presse


Il y aura fort à dire sur la manière dont l'épidémie de Covid-19 nous conduit à réagir et à nous réorganiser, pour le meilleur et pour le pire, en nous appuyant sur les acteurs et des ressources de la transformation numérique. D'autres le soulignent dans d'autres colonnes. Nous nous interrogerons un jour, le plus tôt sera le mieux, sur les modèles implicites qui auront guidé les réactions des uns et des autres, et surtout sur les libertés et les sécurités qui auront été respectées ou sacrifiées. Ce n'est pas encore le moment, mais chacun ferait bien s'y songer d'ores et déjà.

Je voudrais juste souligner aujourd'hui combien cette crise mondiale est aussi un moment de mutation radicale du rôle des réseaux sociaux dans nos quotidiens. 

D'une part, et cela me semble trop peu souligné, les réseaux sociaux, les messageries instantanées, les mails, les newsletter ont joué un rôle déterminant dans la manière dont la société s'est appropriée le message des autorités politiques et sanitaires, s'est réorganisée en un temps record, a bâti en un instant des solidarités locales, des canaux d'information, d'éducation, et a fait émerger une culture du confinement soutenable.
A n'en pas douter, le numérique est un puissant facteur de résilience, d'intelligence collective et de solidarité.

Mais en même temps il faut bien le reconnaître, les réseaux sont aussi le terreau fertile des théories complotistes, des suggestions farfelues, des rumeurs de tous ordres. Ce bruit est largement spontané mais résulte aussi, il faut en être conscient, de manipulations orchestrées par certains pays, certains groupes politiques et sans doute par certains intérêts économiques.
Difficile de s'informer quand les télévisions passent en boucle les images sensationnelles, inquiétantes, souvent anecdotiques, et quand les réseaux deviennent un maëlstrom ininterrompu où le meilleur côtoie le pire. Difficile de comprendre l'événement en marche à partir de millions d'expériences subjectives. Fabrice à Waterloo fait de la bonne littérature, mais pas de la bonne Histoire...

Plus que jamais, nous avons besoin d'une presse libre, sereine, capable de prendre du recul, de proposer des synthèses, d'expliquer et de nourrir le débat public.

Or, cette crise du Coronavirus est aussi une crise de la presse, et sans un soutien fort des pouvoirs publics, pourrait être fatale à nombre de titres.
Dans de nombreux pays, Reporter sans frontières le signale, la crise a justifié un regain de censure étatique et de désinformation officielle.
Dans nos pays, c'est la catastrophe économique qui menace. L'effondrement des ventes papier conjugué à l'évaporation des recettes publicitaires porte un coup majeur à un secteur qui n'était déjà pas toujours très florissant. Les premiers appels à l'aide sont inquiétants.
Le gouvernement travaille à des mesures de relance post-crise, mais nous pouvons tous, facilement, participer à la défense de l'information indépendante, libre et de qualité. Et au passage, améliorer notre propre période de confinement.
La presse française, la plus institutionnelle comme la plus marginale, poursuit courageusement sa mission. La plupart des journaux proposent désormais une formule d'abonnement.
Abonnons-nous !

S'abonner aujourd'hui est un moyen de prendre un peu de recul par rapport au déluge informationnel, de faire un pas de côté par rapport à nos rassurantes bulles de filtre ou des gens comme nous nous confortent dans nos préjugés... et de soutenir la pérennité et l'indépendance de la presse.
On ne le dira jamais assez. Le meilleur moyen de lutter contre les fake news et aux manipulations de l'information, ce n'est pas le filtrage ou la censure. Le meilleur moyen de lutter contre la bêtise et la manipulation c'est de s'assurer de l'existence d'une information de qualité. C'est de s'assurer que nous aurons encore demain des journalistes, payés, faisant un véritable travail d'enquête, de vérification de l'info, de rédaction, d'éditorialisation...Cela nécessite de l'argent, un argent indépendant, mu par la seule certitude que l'information de qualité et indépendante nous permettra une analyse et des décisions intelligentes.
C'est pour cela que la France a fortement soutenu l'initiative de Reporter Sans Frontière de Partenariat pour l'information et la démocratie. Mais en ces temps de crise, où nombre d'entre nous scrutent leurs écrans des dizaines de fois par jour pour savoir ce qui se passe, pour comprendre ce que nous vivons, chacun d'entre nous peut contribuer facilement à cette ambition.

 Nous devrions tous profiter de ce confinement pour s'abonner à deux trois titres de presse.

#Jemabonne devrait rejoindre les grands hashtags de cette crise, aux côtés de #jerestechezmoi et de #solidarité

Ce serait un bon pas en avant pour préparer ce fameux #mondedaprès


2 commentaires:

  1. Mr l'Ambassadeur,
    Merci pour votre message.

    J'ai ben aimé votre point que le numérique est un puissant facteur de résilience, d'intelligence collective et de solidarité.
    Ca et que "le meilleur moyen de lutter contre la bêtise et la manipulation c'est de s'assurer de l'existence d'une information de qualité".

    Dommage (et bizarre?) que la Belgique ne fait pas parti du partenariat information et démocratie.

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  2. Merci. Et aussi crise de la donnée personnelle ? Et on est #PostCovid19 déjà, et le monde d'après est maintenant ;-) Bcp de communautés se préparaient, mais pas assez d'entre elles sont en lien avec le gov. car elles veulent pas. Next challenge : pouvoir dialoguer ? Car là il y a un grand trou entre des media dominants et les activists et un peu rien entre les deux.. Je crois. Si les think tank sont des conseillers du gov. ils ne sont pas sur le terrain, et encore moins dedans ;-) Just saying. @+

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