mardi, mars 19, 2013

Non, les données ne sont pas du pétrole...

Il ne se passe plus une semaine sans un dossier spécial titrant sur "les data, pétrole du XXIe Siècle", "data is the new oil", "les données, le nouvel or noir", "vos données personnelles valent 315 milliards d'euros", "profitez des opportunités des big data", voire même un "trésor caché" et j'en passe.

On comprend bien la métaphore : les données personnelles, les données publiques, les données de l'internet des objets seraient comme le pétrole : une ressource naturelle, fluide, susceptibles de toutes sortes de transformations, et porteuses d'un énorme potentiel de valeur. Plus encore, elles seraient le ferment d'une nouvelle révolution industrielle, appelées à plier l'économie mondiale à leur puissant potentiel industriel.

On comprend la métaphore, mais elle n'en n'est pas moins lassante. C'est en passe de devenir l'un de ces memes qu'affectionne Internet, comme son prédécesseur, le fameux "content is king". Elle désigne un aspect du réel mais, par sa force de suggestion, en dissimule d'autres et entraîne une cascade d'attitudes et de raisonnement, parfois fortement biaisés.  C'est surtout une pauvre métaphore, qui débouche sur une pauvre pensée. Car, comme toute métaphore, elle est partiellement fausse, elle contraint la pensée et lui fait prendre des chemins hasardeux. La donnée, c'est à la fois beaucoup plus compliqué, et, dans l'économie, c'est à la fois beaucoup moins, et beaucoup plus que du pétrole.