lundi, janvier 10, 2011

Le numérique est-il une contre-culture ?

John Markoff est journaliste, auteur notamment de What the Dormouse Said: How the 60s Counterculture Shaped the Personal Computer Industry.


Nous avons eu la chance de l'entendre au cours de la dernière session du Orange Institute, à laquelle je participais en novembre dernier.


La thèse de Markoff est tout entière résumée par le sous-titre de son livre : il soutient que c'est la contre-culture des années 1960-70, particulièrement intense à San-Francisco, qui a fait naître l'informatique personnelle, l'informatique média et donc l'Internet que nous avons connu dans les années 1980 -90


Dans le détail, son travail historique, très documenté est très probant, est plus subtil que cette première thèse. Il analyse plutôt l'affrontement d'une tradition industrielle proche des cercles militaires, fondée sur les développements impulsés par la Deuxième Guerre mondiale et d'une contre-culture libertaire, culture du développement personnel, de l'exploration de la perception, saturée de débats politiques et idéologiques, dans un écosystème dense et bouillonnant. Un écosystème à la fois hanté par la recherche du "Big Score", du profit, du succès et par une passion pour le partage et la gratuité de l'information. Un écosystème rassemblant toutes les nationalités, toutes les expérimentations, toutes les opinions mais avec une très forte culture technologique et un goût de l'innovation.