lundi, novembre 30, 2009

Le devenir média des objets communicants

Jeudi et vendredi, Cap Digital, l’IRI (centre Pompidou) et l’ENSCI-Les Ateliers ont organisé la troisième édition des Entretiens du nouveau monde industriel.

J’aime beaucoup cet événement. Faire échanger sur nos sujets des philosophes de renommée mondiale, des designers, des chercheurs, des PME et des grandes entreprises, devant un public nombreux, attentif et mélangé est assez unique. Et vraiment stimulant.

J’aime que nous réussissions tous ensemble à montrer aux philosophes qu’il y a aussi de l’intelligence dans nos entreprises, aux entreprises qu’il y a de la valeur dans la pensée, et à tout le monde que le design peut incarner des relations, des valeurs, du désir dans des objets quotidiens.

Après une première édition consacrée à l’innovation ouverte, et une seconde consacrée au web social, nous abordions cette année les objets communicants.

Bernard Stiegler m’avait proposé d’intervenir, en essayant d’examiner les conséquences stratégiques pour le secteur des médias de cette nouvelle révolution. Question complexe, que j’ai seulement commencé à aborder dans cette intervention.



Je pense qu’il y a deux idées fortes à retenir :

1- Les medias vont muter à nouveau dans cette révolution de l’Internet des objets. Parce que les médias, contrairement à ce qu’ils pensent parfois eux-mêmes, ce n’est pas seulement de l’information ou du divertissement. C’est même plutôt autre chose. Les médias, c’est du lien social, de l’influence, de la production de consensus sur les sujets importants. Les médias, c’est aussi de la distinction, de l’ordre social, voire du contrôle social. C’est comme ça depuis le début. C’est même en cela qu’ils sont médias : c’est une glu entre les gens qui fait que nous sommes une société.

Et c’est ça qui change le plus, finalement. Avec l’avènement des réseaux sociaux, puis l’interfaçage du web et du monde grâce aux objets communicants, c’est le mode d’être ensemble qui évolue le plus vite. On peut se assurer en se disant qu’on aura toujours besoin d’informations : c’est vrai. Mais ce sont les autres fonctions des médias qui ont changé. Et ça, c’est irréversible. Que m’importe l’opinion d’une intelligentzia quand je connais celle de mon monde social personnel ? Que m’importe la communication institutionnelle quand je peux contribuer à une création collective de savoir ?

2- Cette mutation n’est pas un simple prolongement de la mutation Internet. Elle part dans une autre direction. Les questions industrielles, les points hauts dans la chaîne de valeur, les infrastructures stratégiques sont différentes.

Le monde des médias n’a pas encore digéré la révolution Internet, mais il devrait déjà se préparer à en affronter une autre, différente ?



Certains y verront un coup de massue. D’autres l’occasion de faire un lipfrog, un saut de grenouille, et de franchir une étape.

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