vendredi, janvier 01, 2010

Sigmund Freud entre dans le domaine public !



Le droit de la propriété intellectuelle reconnaît à l'auteur, puis à ses ayant-droits une propriété complète (y compris le fameux "droit moral") jusqu'à soixante-dix ans après la mort de l'auteur (les années de guerre étant retranchées de ce calcul).
Passé ce délai, les oeuvres entrent dans le "domaine public" et chacun peut les utiliser comme bon lui semble.

Dans de nombreux pays, l'entrée dans le domaine public se fait, par convention, le 1 janvier de l'année concernée. C'est-à-dire aujourd'hui.

Pour célébrer ces nouveaux auteurs qui nous appartiennent désormais à tous, Communia, le réseau européen thématique du domaine public a créé un portail : Public Domain Day, qui recense chaque année les nouveaux auteurs ainsi "libérés".

Dans la promotion 2010, parmi des centaines d'auteurs et de créateurs dûment référencés, rien moins que Sigmund Freud et William Butler Yeats... Bienvenue à eux.

Ce qui est assez stimulant, c'est la flamme avec laquelle Communia célèbre le pouvoir libérateur de cette entrée dans le domaine public :

"Such works can also become a building block for new creations: people can transform a poem into song lyrics, or make a movie based on a public domain novel (check your local movie theaters to see how often that happens!). Literary works can be published on personal website and/or printed for friends or school distribution. Of course, you can also decide, for instance, to professionally print a beautiful hardcover leather-bound edition of a public domain book and sell it for a profit, while the book content will remain available for anyone to use freely. And the same goes for images, art works and other kinds of creative works entering the public domain under the same term expiration rule."


C'est stimulant, car cette question n'est qu'une infime partie de la question des données publiques en général. Nous sommes nombreux à partager la conviction que les oeuvres, mais aussi les informations publiques, les systèmes d'informations, les bases de données, les données elles-mêmes sont désormais au coeur de la dynamique de croissance, et notamment des services et usages de l'économie numérique.


En libérant ces données, après avoir naturellement garanti la protection des droits des auteurs, interprètes et ayant-droit et le respect de la vie privée des citoyens, on ouvre une mine d'or pour la culture et l'économie. On offre en effet aux créateurs à la fois la matière première, l'infrastructure et le carburant de la création.


Nous n'avons pas fini de travailler cette question.


Mais en attendant les progrès que nous réaliserons en 2010, une fois encore, bienvenue docteur Freud !


11 commentaires:

  1. Freud, mais pas ses traductions, bien sûr, qui sont elles-mêmes soumises à droit d'auteur !

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  2. Bien sûr. En attendant ça peut être complexe le droit d'auteur. Par exemple l'excellent éditeur parisien de jeux Pastagames a découvert, en développant son "Maestro! Jump in music", qu'une gymnopédie d'Erik Satie était toujours soumise à droits d'auteur malgré la date de décès du compositeur (1925) car d'autres compositeurs s'étaient occupés de l'orchestration. Pour le cinéma ça doit être un sacré casse-tête, aussi, d'autant qu'il est possible de soumettre à droit d'auteur l'intervention des restaurateurs : Gaumont a par exemple "reconstruit" des films de Vigo ou de Feuillade et, en passant, en réactive le copyright (ou plutôt, soumet des oeuvres anciennes à un nouveau copyright) puisque le montage et les éventuelles mises en couleur ou en musique ne sont pas d'origine.

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  3. Depuis plusieurs mois je fais une recherche sur les possibilités offertes par le développement des réseaux d'ordinateurs pour permettre des thérapie en ligne.

    Au départ, c'est suite à ma pratique de psychologue, qui me conduisait à parcourir parfois 200km par jour en voiture pour pratiquer des psychothérapies avec des enfants en
    difficulté que j'ai essayé de développer le concept de "cybertherapie".

    La question de la gestion de l'intelligence collective est centrale dans le développement de ce concept. Il ne s'agit pas avant tout d' une médecine du corps, mais bien de la prise en charge du psychisme à partir des modèles développés par la psychanalyse et en
    utilisant l'outil informatique que constitue des ordinateurs distants branchés en réseau.

    La cyberthérapie est avant tout une recherche dans le domaine de la sociothérapie, dans la mesure où l' appareil psychique est appréhendé dans les rapports d'inter subjectivité et non comme une production organique, comme le conçoit le modèle médical.

    A partir de là, la déficience de l'un doit être comprise comme un dysfonctionnement de l'ensemble. C' est donc par essence que la cyberthérapie touche la sphère du politique,
    car les normes comportementales et l'appréciation de l'efficience intellectuelle sont avant tout du domaine idéologique, c'est à dire du domaine de la subjectivité collective
    et non du domaine de l' objectivité de l' observation scientifique, qui est longue dans le temps, laborieuse et rigoureuse dans le laboratoire des interactions sociales et
    historiques.

    C'est donc dans les années 90, alors que j' étais psychologue clinicien formé à l'analyse depuis une dizaine d'années, que le développement d'internet m' interpela, au moment où j' intervenait dans le cadre du traitement de la déficience intellectuelle.

    Le développement de machines intelligentes touchait alors moins de 5% des membres de la société, à l'autre bout mon travail portait aussi sur moins de 5% de la société, des jeunes dont la déficiences reste une énigme même pour les plus intelligents !

    Était-il possible d'améliorer l'efficience intellectuelle chez des individus limités dans leurs capacités logiques, mémorielles, gestuelles, motrices, linguistique ... ?

    Des machines électroniques semblaient pouvoir apporter des réponses, mais un autre obstacle se dressa alors devant moi : Une société qui a déjà du mal à intégrer des personnes "normalement intelligente" désirait-elle faire l'effort pour permettre les progrès et par là
    l' intégration des plus déficitaires ?

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  4. Merci de nous rappeller l'utilité du domaine public. La durée actuelle du droit d'auteur est totalement absurde !

    Comme disait Victor Hugo au sujet de la "propriété littéraire", à une époque où l'internet n'existait même pas en rêve (1878) : "Le livre, comme livre, appartient à l’auteur, mais comme pensée, il appartient — le mot n’est pas trop vaste — au genre humain. Toutes les intelligences y ont droit. Si l’un des deux droits, le droit de l’écrivain et le droit de l’esprit humain, devait être sacrifié, ce serait, certes, le droit de l’écrivain, car l’intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous."

    Il est grand temps de dépoussiérer le droit d'auteur et de le ramener à une durée raisonnable...

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  5. @Olivier : la tendance a plutôt l'air d'être d'allonger le copyright de société et de proposer des arrangements bizarres, comme des forfaits versés à des associations d'ayant-droits - qui ne reversent rien ou quasi ( Lire par ex http://www.betapolitique.fr/La-farce-du-droit-d-auteur-44673.html )

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  6. Il serait intéressant de créer un libellé "psychanalyse" dans ce blog. Il paraît que c'est l'apport fodamental de S. Freud à l'humanité?

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  7. Certes. Mais ce post ne parle pas vraiment de psychanalyse...

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  8. Pour information, et pour compléter cet article, dans les pays anglo saxons les oeuvres publiées avant 1923 sont dans le domaine public, celles publiées après sont protégées pendant 95 ans.

    Donc une dizaine d'oeuvre de Freud étaient déjà dans le domaine public depuis longtemps (en anglais), et les autres sont encore protégées. Aucune traduction francaise de qualité n'est encore dans le domaine public, car sont principal traducteur en français était Jankelevitch, mort en 1951 (domaine public en 2021). Ce sujet du droit d'auteur pourrait déboucher sur des discussions presque infinies. Car le droit moral par exemple ne s'arrête "jamais". Si les héritiers de Freud estiment qu'une réédition n'est pas conforme à ce qu'ils pensent qu'elle doit être, ils sont fondés pour entamer une action judiciaire (cf affaire de l'arrière petit fils de Jules Verne, ou encore l'auteur qui a voulu donner une suite aux Misérables).

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  9. @Anonyme : oui, le droit moral est perpétuel, imprescriptible et inaliénable. Mais les héritiers Hugo ont finalement été déboutés :D

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  10. Laurent MARTIN : tu crains !
    Avez-vous déjà lu Freud ? L'une des fondations de la technique psychanalytique est ce que l'on appelle le transfert-contre transfert qui, comme son nom ne l'indique pas forcément pour les novices, implique l'humanité d'une relation intersubjective imposant par là même comme pivot essentiel du cadre psychanalytique, la présence de l'analyste.

    D'autre part, la psychanalyse ne nie absolument pas les substrats biologiques inhérents et singuliers à toute psyché (dois-je vous rappeler que Freud était neurologue ?) mais propose une phénoménologie de l'inconscience (si je puis me permettre cette sorte de para-concept sartro-hursselien ^^) et s'intéresse ainsi au méta-psychologique, non pas pour établir le protocole mythique d’une guérison magique (comme le laissent espérer les techniques comportementalistes, certains courants des neurosciences ou de la psychiatrie chimique et autres méthodes), évitant ainsi de sombrer dans une illusion naïve, dangereuse et prétentieuse.

    Sophia D.

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