lundi, octobre 21, 2013

Data Revolution : le troisième acte de la révolution numérique


La révolution numérique n'est pas linéaire. Elles procède par vagues, qui se chevauchent et se dépassent les unes les autres.

Les trois révolutions numériques

Il y a quarante ans, le numérique, c’était l’informatique, c'était surtout de la puissance de calcul et le rêve d'approcher les fonctions cognitives supérieures de l'Homme... Ca allait déjà changer le monde : des ingénieurs aventureux, qui découvraient ce monde nouveau avec émerveillement, bricolaient des Apple, inventaient des codes courts (Microsoft), ou, en France, calculaient la voilure du Concorde ou la trajectoire de la fusée Ariane. 
L'imaginaire de cette première vague de la Révolution numérique, c'était 2011, l'Odysséee de l'espace, et IBM développait tranquillement ce qui allait devenir de Deep Blue, l'ordinateur qui allait, finalement, battre Gary Kasparov aux échecs, en 1996.

Il y a vingt ans, nous entrions sans trop nous en rendre compte dans la deuxième étape de la Révolution numérique. Internet commençait à conquérir le grand public. Les ordinateurs, puis les humains, puis tous les objets entraient dans ce grand système d'interconnexion. On préparait tranquillement l’avènement du Docteur Watson d'IBM, qui conjuguerait non seulement la puissance d'un Deep Blue de troisième génération, mais aussi de puissantes capacités sémantiques lui permettant de rechercher sur Internet toutes les réponses imaginables et de gagner le jeu télévisé Jeopardy, en 2011. 
Avec l'émergence de la mobilité, avec les outils du web 2.0, avec la vague des objets communicants, l'informatique devenait pervasive, omniprésente, transformatrice, ouvrant sur de nouvelles vagues de cette Révolution numérique : les big data, l'âge de la Multitude, etc.
Cette "révolution numérique" n'était pas la révolution informatique. Les acteurs n'en furent pas les mêmes. De nouveaux géants prirent des positions clés, et, en Europe notamment, la plupart des géants de la première révolution furent durement éprouvés.

vendredi, octobre 11, 2013

Commission Lauvergeon : lancer la course au large...

La Commission Innovation 2030, présidée par Anne Lauvergeon, a remis aujourd'hui ses conclusions au Président de la République.

Le rapport complet est disponible ici.  Installée le 19 avril dernier, la commission rassemblait 20 personnalités de trajectoires et d'horizons différents. J'ai eu l'honneur et le plaisir d'être l'un d'entre eux. Elle a travaillé depuis lors autour d'une feuille de route assez claire : conquérir des positions de forces sur les marchés stratégiques de 2030.

Très vite, nous nous sommes accordés sur la nécessité, au delà de la question des thématiques porteuses, d'infléchir les politiques d'innovation elles-mêmes. En effet, même en identifiant les sujets les plus prometteurs, il nous semble difficile d'être ambitieux sans faire évoluer l'environnement lui-même (ce que nous appelions "le PH de l'aquarium" pour nous souvenir que même les plus beaux poissons succombent s'ils ne sont pas placés dans l'environnement adéquat), et sans infléchir les politiques d'innovation elles-mêmes...

Sept ambitions françaises

Il s'agissait tout d'abord proposer une stratégie concentrée sur un nombre limité de thématiques. La stratégie, c'est bien souvent savoir hiérarchiser ses priorités, et dans notre bon vieux pays, la dilution des bonnes intensions commence à ressembler à un fléau national. Pour identifier des objectifs cibles, nous avons croisé plusieurs critères, pour rechercher :
  • des marchés porteurs, au vu des tendances lourdes (environnement, démographie, économie, évolutions sociétales...) ;
  • des marchés où l’innovation scientifique, technique et industrielle peut faire la différence ;
  • des secteurs où les atouts actuels de la France rendent nos ambitions légitimes ;
  • des secteurs où l'intervention publique peut apporter une accélération ;
  • des secteurs susceptibles de créer de l'emploi et de la puissance industrielle.
Au terme de ces analyses, et en assumant la responsabilité d'avoir été selectifs, nous avons identifié sept ambitions qui nous semblent particulièrement prometteuses :

Le stockage de l’énergie
Le développement des énergies renouvelables, pour la plupart intermittentes, l’optimisation de la production électrique et le développement de la portabilité nécessitent des innovations de rupture  indispensables à la réussite de toute transition énergétique.
Le recyclage des matières
La raréfaction et le renchérissement des métaux mais aussi la protection de l’environnement rendront indispensables le recyclage, en particulier des métaux rares.
La valorisation des richesses marines : métaux et dessalement de l’eau de mer
La valorisation des métaux présents au fond de la mer et un dessalement moins énergivore de l’eau de mer apporteront des ressources indispensables à une population en croissance. 
Les protéines végétales et la chimie du végétal
De nouveaux produits alimentaires reposant sur des protéines végétales devront être conçus pour répondre à la croissance de la demande alimentaire mondiale que le secteur de l’élevage ne pourra seul satisfaire.
La médecine individualisée
Le développement des sciences « omiques » (génomique, protéinomique, etc.), les liens croissants entre dispositifs médicaux et thérapies ainsi que le développement du numérique vont faire émerger une médecine de plus en plus personnalisée, porteuse d’une plus grande efficacité collective et individuelle, avec des traitements adaptés. 
La « silver economy », l’innovation au service de la longévité
D’ici 15 ans, 1,2 milliard d’habitants auront plus de 60 ans dans le monde. Les seniors assureront la majorité des dépenses en France. Une économie nouvelle se développera répondant entre autres à la perte d’autonomie.
La valorisation de données massives (Big Data)
La multiplication des données créées par les particuliers, les entreprises et les pouvoirs publics sera porteuse de nouveaux usages et de gains de productivité. La mise à disposition par l’Etat et par ses opérateurs des données publiques constituera une opportunité pour favoriser l’essor de nouvelles start-up. 

mercredi, octobre 02, 2013

Quelle mesure pour les données publiques ? (Shannon, McLuhan et les BigData)

Le Premier ministre a récemment adressé au gouvernement, par voie de circulaire, un Vademecum de l'ouverture et du partage des données publiques, afin de faciliter l'appropriation de cette démarche en en rappelant les fondements et les enjeux, et en répondant aux questions que se posent bien des administrations confrontées à une démarche concrète d'ouverture...

Autant qu'on puisse en juger, la démarche a été bien accueillie, et le document circule, y compris par des voies imprévues, et diffuse auprès des administrations et des collectivités locales.

Tout naturellement, certains commentateurs se sont demandés, devant ce rappel des fondamentaux, ce qui s'était passé depuis la mise en place de la nouvelle organisation.

Et c'est là que l'on a vu fleurir, ici ou là, l'argument selon lequel l'ouverture se ralentirait, puisque Etalab  n'aurait "libéré" que 50.000 nouveaux fichiers en un an, contre 300.000 fichiers les deux années précédentes. Cet article de l'IFRAP, par exemple, est particulièrement éloquent.

La valeur des séries complètes

Alors certes, il nous faudra expliquer que le nombre de fichiers est un bien pauvre paramètre pour décrire l'impact d'une politique d'open data. Il nous faudra dire, par exemple, que sur les 300.000 fichiers recensés par www.data.gouv.fr en décembre 2012, presque 290.000 provenaient du découpage par communes (et intercommunalités) de 6 fichiers de l'INSEE (recensement de la population, etc.).

Il nous faudra expliquer que dans les nouveaux fichiers se cachent des documents extrêmement importants : réserve parlementaire, attributaires de marchés publics, aides à la presse, population carcérale, et d'autres, plus ésotériques, mais très importants pour les professionnels, comme ceux de France Agrimer ou de l'ARCEP, ou de l'ATIH, et d'autres enfin, qui marquent de nouvelles manières d'envisager l'action publique, comme les données ayant servi de base aux travaux de la mission Queyranne Desmaël Jürgensen  [J'espère que personne ne se sentira lésé de n'être pas mentionné : je ne prends ces exemples que pour les besoins de la démonstration...].