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mercredi, novembre 02, 2016

Pourquoi Le.Taxi, c'est important

Au début du mois dernier, Alain Vidalies, Secrétaire d'Etat aux transports a officiellement inauguré la plateforme Le.Taxi en commandant un taxi qui est arrivé en deux minutes.

Le.Taxi, c'est la plateforme que prévoyait la loi taxis du 1 octobre 2014 en instaurant un registre national de géolocalisation des taxis ("Il est institué un registre national recensant les informations relatives à l'identification, à la disponibilité et à la géolocalisation des taxis. Ce registre, dénommé : “registre de disponibilité des taxis”, a pour finalité d'améliorer l'accès aux taxis par leurs clients en favorisant le développement de services innovants. Il est soumis à la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.")
Développé en mode "startup d'Etat" par une petite équipe agile coachée par l'incubateur de services numériques de la DINSIC, Le.taxi c'est désormais une plateforme sur laquelle s'inscrivent librement les taxis qui acceptent d'être géolocalisés, de recevoir des courses et d'être évalués par leurs utilisateurs (plusieurs milliers de chauffeurs volontaires à l'issue de la phase de tests). C'est ensuite une API de consultation de ces données réservée aux opérateurs agréés c'est-à-dire à tous ceux qui peuvent justifier d'un apport d'affaires aux taxis. Et ce sont surtout déjà une trentaine d'applications disponibles sur le web ou dans les AppStores Google ou Androïd.
Un projet rapidement mené grâce à l'opiniâtreté du coach Pierre Pezziardi, à l'obstination du "Product Owner" André Dorso et des deux développeurs, Vincent Bataille et Vincent Lara.
L'ensemble est un projet léger (250.000 euros d'investissement incluant les salaires des développeurs, 500.000 euros de dépenses annuelles prévues en fonctionnement stabilisé) et extrêmement prometteur. Il ouvre en effet un cycle d'innovation qui concernera, à court termes, de nombreuses entreprises du secteur du transport ou de l'hotellerie, mais pourquoi pas aussi de nombreux services web, du mobilier urbain, et tant d'autres innovations que nous ne connaissons pas encore.

C'est une expérimentation, et j'espère une étape, extrêmement importante de la construction de l'Etat plateforme, qui mérite quelques commentaires supplémentaires.

lundi, septembre 01, 2014

Open data and democracy

This post is the translation of my blogpost "L'open data est-il soluble dans la big society ?" by André Confiado of Five by Five

An article entitled "Is open data a political illusion ?" appeared beginning of July on the journal MyScienceWork, then reprinted in La gazette des Communes, and then by Rue89.

This interview by Evelyne Ruppert, a British sociologist and notably the writer of the blog Big data and society, is inspired by her work on transparency in Britain which she appears to know well, but adapter to the French approach, of which she appears to know a little less.

Evelyne Ruppert formulates an analysis which can be summarized as:
absolute transparency is an illusion, since governments always choose what they want to communicate, and never share the most important information ;
- transparency does not build confidence, but rather mistrust, since it can never be complete ;
- the steps for transparent limits citizens to data that we’d like to transmet to them ;
- Open Data promises a more direct rapport with power, but in fact creates a new technocracy, that of those that can understand data ;
- thus, close attention has to be paid to documenting the data itself (who created it, when, why, etc.) in order to allow citizens to criticize the data that is given to them.

Double mistrust

A number of friends ask me what I think of this paper. It’s embarrassing: I more or less agree with everything that it says, but I don't  really concerned.

Fundamentally, I think Evelyne Ruppert reasons from an implicit idea that I would qualify as a "model of double mistrust."

Her implicit reading of the Open Data movement is the following: as a response to the increasing mistrust of citizens, governments decided to release certain information allowing citizens to control them better, hoping to restore this confidence.

I do not know if this reasoning exists elsewhere. One feels that this is related to the British context where open data is hard to separate from the Big Society project. However, what I know is that this is not the context of the French government, and that it is not the spirit in which Etalab works.

In France, the opening and sharing of public data is not seen as an end by itself, but rather levers that can serve three objectives:
- a more complete democracy;
- innovation and growth;
- and a more efficient public action.

lundi, août 11, 2014

L'open data est-il soluble dans la "big society" ?


Début juillet paraissait dans la revue MyScienceWork un article, repris ensuite par La gazette des Communes, puis par Rue89 / Nouvel Observateur, intitulé “L’Open data est-il un leurre politique ?”.

Cette interview d’Evelyne Ruppert, une sociologue britannique, notamment à l’origine du blog “Big data et society”, s'inspire de ses travaux sur la transparence britannique, qu’elle semble bien connaître, mais porte sur la démarche française, qu’elle semble moins connaître. Evelyne Ruppert y développe une analyse que l’on pourrait résumer comme suit :
- la transparence absolue est un leurre, car les gouvernements choisissent toujours ce qu’ils communiquent, et ne partagent jamais les informations les plus importantes ;
- la transparence, parce qu’elle ne peut jamais être complète, ne crée pas la confiance mais au contraire la défiance ;
- la démarche de transparence enferme les citoyens dans les données qu’on veut bien leur transmettre ;
- l'open data promet un rapport plus direct au pouvoir, mais crée en fait une nouvelle technocratie, celle de ceux qui maîtrisent les données ;
- il faudrait donc porter la plus extrême attention à documenter les données elles-mêmes (qui les a produites, quand, pourquoi, etc.), afin de permettre l'exercice par les citoyens d'une critique des données qui leurs sont transmises.

De nombreux amis me demandent ce que je pense ce ce papier. C'est embarassant : je suis à peu près d’accord avec tout ce qui s’y dit, sans me sentir pour autant réellement concerné.

Au fond, je crois qu'Evelyne Ruppert raisonne à partir d’un implicite que je qualifierais de “modèle de la double défiance”. Sa lecture implicite du mouvement open data est la suivante : en réponse à la défiance croissante des citoyens, les gouvernements se résoudraient à lâcher certaines informations permettant aux citoyens de mieux les contrôler, dans l’espoir de restaurer cette confiance. 

Je ne sais si ce raisonnement existe quelque part. On sent bien qu'il est lié à un contexte britannique où l'open data est difficilement séparable du projet de Big Society. Mais ce que je sais, c’est que ce n’est pas celui du gouvernement français, et que ce n’est pas l’esprit dans lequel travaille la mission Etalab. En France, l’ouverture et le partage des données publiques ne sont pas vues comme des fins en soi, mais comme des leviers qui peuvent être mis au service de trois objectifs : une démocratie plus aboutie, l’innovation et la croissance, et une meilleure efficacité de l’action publique.


jeudi, juin 26, 2014

L'Etat peut-il être un innovateur radical ?

La simplification, la modernisation et l'efficacité de l'Etat intéressent de plus en plus de monde, et sont désormais portées au plus haut niveau de l'Etat. C'est une bonne chose. La question de ce ce que doit être la puissance publique du XXIe Siècle, et de savoir comment elle doit s'organiser, est sans doute l'une des plus importantes questions politiques du moment.

Comme les autres révolutions industrielles, la révolution numérique appelle une révolution politique, qui n'est pas jouée, mais qui redéfinira à terme le rôle, les missions et les stratégies de l'Etat. Edwy Plenel a magnifiquement parlé de cette question au cours de l'installation de la Commission de réflexion et de propositions sur le droit et les libertés à l’âge numérique. Regardez la vidéo si vous en avez le temps...

Dans cette révolution politique, la stratégie digitale de l'Etat joue un rôle fondamental. C'est elle qui peut permettre à l'Etat de s'approprier les gains de productivité et d'efficacité apportés par le numérique. C'est elle peut lui permettre d'atteindre la créativité, la puissance d'innovation et la réactivité des "disrupteurs numériques". C'est elle qui peut lui permettre de s'harmoniser avec une société d'innovation permanente, et donc d'en accompagner intelligemment la transformation économique et sociale. C'est elle qui peut fonder la puissance et la souveraineté nécessaires à la préservation de l'intérêt général, dans un monde où les pouvoirs se redistribuent rapidement, entre Etats, sociétés civiles et nouveaux acteurs économiques. C'est elle, enfin, qui peut nous permettre de répondre aux nouveaux défis de la modernité : la crise démocratique, la crise économique et industrielle, le besoin de garantir des nouvelles libertés et d'accompagner de nouvelles solidarités.

mardi, avril 22, 2014

Conférence de Paris sur l'open data et l'open gov : c'est maintenant



Cette semaine, à Paris, la mission Etalab et le Conseil national du numérique organisent la Conférence de Paris sur l'Open data et le gouvernement ouvert. Le programme détaillé est accessible sur le blog d'Etalab, et sur le site www.laconferencedeparis.fr.

Nous avons travaillé cette rencontre pour en faire un moment important dans la jeune histoire du mouvement français de l'open data et du gouvernement ouvert.

Un moment important, d'abord, parce que seront rassemblés, sur deux jours, et sur trois sites, des ministres, des hauts fonctionnaires, des magistrats, des savants, des entrepreneurs, des associations et des citoyens engagés, des représentants et acteurs de l'open data venant, pour certains de fort loin  (Mexique, Etats-Unis, Tunisie, Angleterre, Irlande), qui vont échanger, partager, et s'enrichir mutuellement autour de toutes les transformations qu'apportent la révolution de la donnée, la modernisation de l'action publique, les nouvelles stratégies d'action collective à l'âge de la multitude... Parce que nous parlerons aussi bien de la transparence des institutions que des nouveaux pouvoirs de la société civile ou des usages des big data.

Un moment important parce que la France va commencer à mêler sa voix à la conversation mondiale sur les nouvelles pratiques de gouvernement et que l'on va voir que notre propre tradition existe, qu'elle a son histoire, avec ses succès et ses reculs, et qu'elle mérite l'intérêt de nos partenaires internationaux autant que nous nous passionnons pour les leurs.

Un moment important, peut-être, pour certaines des annonces qui y seront faites.

Un moment important, nous l'espérons, grâce aux interventions de grands responsables publics, de figures mondiales de l'open data et des datasciences, comme Michaël Flowers, ou Gavin Starcks, Rufus Pollock... Grâce aux "datastories" qui montreront la valeur insoupçonnable que prennent aujourd'hui ces données, mais aussi créativité et la vitalité de nos écosystèmes. Grâce à la demi-journée d'ateliers de de tables rondes, très ouverte, du 25 avril, nous allons pouvoir travailler collégialement (plus de 350 inscrits ce soir) des aspects centraux du futur de nos politques de la donnée.

Mais un moment important, surtout, parce que pour la première fois en France, nous allons essayer, tous ensemble, de poser la question de la circulation des données publiques, de ce qui se passe quand on travaille à la fluidité, à la maniabilité, au partage de ces données, au point où elle doit se poser : celui d'une transformation globale des rapports économiques, politiques et sociaux.

lundi, février 10, 2014

L'open data, c'est (aussi) de l'efficacité stratégique

La dimension démocratique de l'open data, ainsi que son potentiel d'innovation économique et sociale me semble désormais bien compris de tous.

Mais on parle moins son potentiel de transformation des institutions elles-mêmes, à l'heure où la simplification, la modernisation de l'action publique et la maîtrise de la dépenses deviennent essentiels. C'est pourtant l'un des objectifs importants de cette démarche.

L'open data, on le sait, consiste, pour le gouvernement, à partager les données produites ou détenues par les administrations ou les établissements publics à l'occasion de leur mission de service public, gratuitement, dans des formats ouverts, et en autorisant toutes les réutilisations.

Cet engagement est une liberté fondamentale qui n'est limitée que par le secret des délibérations du gouvernement, la protection de la vie privée, la sécurité nationale, et quelques autres secrets légaux (comme le secret fiscal, par exemple).  Malgré ces différents secrets, l'Etat dispose de vastes réserves de savoir disponible, qui ne demandent qu'à être partagées. L'open data ne vise pas seulement à rendre des comptes (même si c'est l'une des dimensions importantes de cette politique), mais aussi à libérer tout le potentiel possible des données utilisées par l'Etat. D'où, par exemple, l'importance des formats ouverts. Il s'agit de rendre les données les plus disponibles possibles, les plus vivantes possibles, les plus appropriables possibles, d'en susciter le plus de réutilisations possibles et de les partager avec le plus grand nombre.

Pourquoi ? A cette question, Gavin Stark, le directeur de l'ODI, répondait ainsi :
Au début des années 90, bien des gens se demandaient "pourquoi avoir un site Internet ?". aujourd'hui ils se demandent "pourquoi je devrais faire de l'open data ?". les réponses à cette question sont tout aussi difficiles à énumérer, et ne sont pas moins profondes. 

mercredi, octobre 02, 2013

Quelle mesure pour les données publiques ? (Shannon, McLuhan et les BigData)

Le Premier ministre a récemment adressé au gouvernement, par voie de circulaire, un Vademecum de l'ouverture et du partage des données publiques, afin de faciliter l'appropriation de cette démarche en en rappelant les fondements et les enjeux, et en répondant aux questions que se posent bien des administrations confrontées à une démarche concrète d'ouverture...

Autant qu'on puisse en juger, la démarche a été bien accueillie, et le document circule, y compris par des voies imprévues, et diffuse auprès des administrations et des collectivités locales.

Tout naturellement, certains commentateurs se sont demandés, devant ce rappel des fondamentaux, ce qui s'était passé depuis la mise en place de la nouvelle organisation.

Et c'est là que l'on a vu fleurir, ici ou là, l'argument selon lequel l'ouverture se ralentirait, puisque Etalab  n'aurait "libéré" que 50.000 nouveaux fichiers en un an, contre 300.000 fichiers les deux années précédentes. Cet article de l'IFRAP, par exemple, est particulièrement éloquent.

La valeur des séries complètes

Alors certes, il nous faudra expliquer que le nombre de fichiers est un bien pauvre paramètre pour décrire l'impact d'une politique d'open data. Il nous faudra dire, par exemple, que sur les 300.000 fichiers recensés par www.data.gouv.fr en décembre 2012, presque 290.000 provenaient du découpage par communes (et intercommunalités) de 6 fichiers de l'INSEE (recensement de la population, etc.).

Il nous faudra expliquer que dans les nouveaux fichiers se cachent des documents extrêmement importants : réserve parlementaire, attributaires de marchés publics, aides à la presse, population carcérale, et d'autres, plus ésotériques, mais très importants pour les professionnels, comme ceux de France Agrimer ou de l'ARCEP, ou de l'ATIH, et d'autres enfin, qui marquent de nouvelles manières d'envisager l'action publique, comme les données ayant servi de base aux travaux de la mission Queyranne Desmaël Jürgensen  [J'espère que personne ne se sentira lésé de n'être pas mentionné : je ne prends ces exemples que pour les besoins de la démonstration...].

dimanche, mai 12, 2013

La Maison Blanche lance la deuxième étape de sa politique d'open data

Jeudi 9 mai, la Maison Blanche a lancé la deuxième phase de sa politique d'open data.


A l'occasion de la visite d'un incubateur d'entreprises à Austin, le Président Barack Obama, convaincu que "les données sont une ressource dont la valeur croît d'autant plus qu'elle est aisément accessible par le public" a annoncé un ensemble de mesures destinées à accélérer la politique d'open data. On se rappelle que le Mémorandum sur la transparence et l'open gouvernement avait été la première décision signée par Obama après sa prise de fonctions en 2009...

Ces annonces nouvelles s'inscrivent dans une triple ambition : "Le gouvernement ouvert renforce notre démocratie, favorise le développement de meilleurs services au public et contribue à la croissance économique". La montée en puissance des deux thématiques de la modernisation de l'action publique et du soutien à la recherche et à la croissance économique, qui étaient peu présentes dans le mémorandum sur la transparence et l'open gouvernement de janvier 2009, est intéressante. Elle caractérisait déjà la feuille de route du gouvernement français, publiée le 28 février dernier. Elle préfigure une réflexion sur les conditions permettant à l'ouverture des données d'avoir leur plein impact. La transparence, à elle seule, ne suffit pas...

Au coeur des annonces de la Maison blanche, un "ordre exécutif" d'une page intitulé "L'information publique devra être, par défaut, ouverte et lisible à la machine" (difficile de traduire littérairement et littéralement "Making Open and Machine Readable the New Default for Government Information"...)


jeudi, mai 02, 2013

Questions et calculs sur les dettes publiques et la démographie en Europe

Je discutais récemment avec mon ami Maurice Ronai (dont je vous conseille l'excellent blog, Travaux Publics) quand nous avons commencé à nous interroger sur le sens des comparaisons entre les dettes européennes. On sait en effet que certains pays, comme l'Espagne ou l'Allemagne, ont connu une terrible chute de la fécondité, alors que d'autres, comme la France ou l'Angleterre, ont des taux de fécondité autour de deux enfants par femme.

La question n'est pas sans intérêt. Et pas seulement parce que nous savons, au moins depuis Alfred Sauvy, que les liens entre l'économie et la démographie sont nombreux et complexes. Elle est intéressante parce que la politique familiale française, dont nous nous enorgueillissons à juste titre représente chaque année un investissement de l'ordre de 100 milliards d'euros, un ordre de grandeur qui n'est pas si éloigné du montant annuel du déficit public (137 milliards en 2010, 98 milliards en 2012).

mardi, mars 19, 2013

Non, les données ne sont pas du pétrole...

Il ne se passe plus une semaine sans un dossier spécial titrant sur "les data, pétrole du XXIe Siècle", "data is the new oil", "les données, le nouvel or noir", "vos données personnelles valent 315 milliards d'euros", "profitez des opportunités des big data", voire même un "trésor caché" et j'en passe.

On comprend bien la métaphore : les données personnelles, les données publiques, les données de l'internet des objets seraient comme le pétrole : une ressource naturelle, fluide, susceptibles de toutes sortes de transformations, et porteuses d'un énorme potentiel de valeur. Plus encore, elles seraient le ferment d'une nouvelle révolution industrielle, appelées à plier l'économie mondiale à leur puissant potentiel industriel.

On comprend la métaphore, mais elle n'en n'est pas moins lassante. C'est en passe de devenir l'un de ces memes qu'affectionne Internet, comme son prédécesseur, le fameux "content is king". Elle désigne un aspect du réel mais, par sa force de suggestion, en dissimule d'autres et entraîne une cascade d'attitudes et de raisonnement, parfois fortement biaisés.  C'est surtout une pauvre métaphore, qui débouche sur une pauvre pensée. Car, comme toute métaphore, elle est partiellement fausse, elle contraint la pensée et lui fait prendre des chemins hasardeux. La donnée, c'est à la fois beaucoup plus compliqué, et, dans l'économie, c'est à la fois beaucoup moins, et beaucoup plus que du pétrole.

samedi, décembre 08, 2012

Direction Etalab


Le Premier ministre a annoncé jeudi qu’il me confiait la direction d’Etalab, le service en charge de l’ouverture des données publiques, responsable notamment du portail Data.gouv.fr. J'y travaillerai auprès de Jérôme Filippini, le Secrétaire général pour la modernisation de l’action publique. Nous travaillerons en particulier étroitement avec Marylise Lebranchu, Ministre de la réforme de l'Etat, de la décentralisation et de la fonction publique, et avec  Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie numérique, 
J’ai accepté avec fierté cette belle mission. Je crois profondément que l’open data et le « gouvernement comme une plateforme » sont aujourd’hui les meilleurs moyens pour améliorer l’efficacité de l’Etat, renforcer la démocratie, mais aussi pour soutenir l’innovation et la croissance économique dans notre pays. Je crois aussi qu'à l'Age de la multitude, le contrôle de l'ouverture de ses propres données fait partie intégrante d'une stratégie de souveraineté.

jeudi, octobre 04, 2012

De l'Open Data à l'Open government : les percées de l'administration Obama


C’est Tim O’Reilly qui a lancé l’expression.
En 2009, cinq ans après avoir forgé et popularisé l’expression « web 2.0 », il organisa à Washington le « Gov 2.0 summi», série de conférences traitant de questions aussi diverses que : la manière dont l’État pourrait s’approprier le cloud computing ; les stratégies de création de plateformes ; le concept de nation digitale ; l’usage des données massives pour améliorer le système de santé et en réduire les coûts ou plus généralement la conduite du changement. Bref, il lançait l'agenda de l'Open government.

Au cours de cette rencontre, qui fut reconduite en 2010, émergeait une forte conviction : les technologies, les méthodes et plus encore les valeurs de la révolution numérique fournissent d’infinies ressources pour améliorer l’efficacité et la transparence de l’action publique.
Dans un article sur Techcrunch, Tim O’Reilly résumait ainsi le fond de son analyse : «Le véritable secret de l’État 2.0 est de penser l’État comme une plateforme. S’il est une chose que nous avons apprise des industries technologiques, c’est que tous les grands gagnants ont été des entrepreneurs de plateformes : des personnes dont le succès en a soutenu d’autres, qui se sont construits sur leur travail et en ont multiplié l’impact»
Il y a, comme toujours avec Tim O’Reilly, une composante de storytelling. Mais il est intéressant de le prendre au mot, et de chercher si nous pouvons observer, concrètement, de véritables inflexions des politiques publiques. Après tout, la révolution numérique a transformé bien des pratiques individuelles et collectives. Elle a bouleversé sous nos yeux bien des organisations. Pourquoi ne ferait-elle pas évoluer l’État lui-même ?
Et c'est là que nous devons reconnaître le caractère innovant de l'administration Obama.

lundi, novembre 07, 2011

Open Data, Open Government, Croissance économique

J'ai été convié par le Centre d'analyse stratégique et Etalab à intervenir au colloque "Nouveaux usages d'Internet, nouvelle gouvernance pour l'Etat", colloque centré sur les Open data, qui s'est tenu ce lundi à la Cité des Sciences et de l'Industrie, pour la table ronde Quels sont les leviers stratégiques de l'Etat pour encourager l'innovation et l'économie numérique ? 
Une vidéo intégrale de la table ronde a été mise en ligne ici.


Très intéressant colloque, au passage, avec de belles interventions sur l'économie, l'efficacité administrative et la géostratégie...


Que peut faire l'Etat pour le numérique ?


Bien que largement né d'initiatives publiques, y compris françaises, Internet, profondément marqué par son origine libertaire et Californienne, a longtemps été une énigme, voire un problème, pour les gouvernements.
Ses principes fondamentaux, son architecture end to end, la vitesse avec laquelle les entreprises et les particuliers s'en sont emparés, la manière dont il crée de la valeur (économique et sociale) tout en déstabilisant profondément les positions acquises, le mélange inédit des sphères privée et publique, marchande et non-marchande, son caractère transfontalier... tout concourt à faire du réseau un objet bien difficile à appréhender pour les politiques publiques classiques.

Même si de réels progrès ont été effectués ces dernières années, ce n'est donc faire injure à personne que de dire que, si le numérique Français ne se porte pas trop mal, tant dans ses succès que dans son impact économique global, ces succès se sont, pour l'essentiel, bâtis en dehors de l'intervention publique.

Il faut donc rappeler quand même que, si la politique d'Open data est susceptible d'apporter beaucoup aux entreprises innovantes et aux utilisateurs, elle ne résoudra pas tout. Et avant de parler de ce nouvel or noir, il est bon de se rappeler que nombre des problèmes du secteur restent inchangés : les insuffisances de la politique d'aide à la création d'entreprises, l'instabilité juridique et fiscale dont elles pâtissent, le manque de capitaux investis, le plafond de verre - largement culturel - qui pénalise la croissance de ces jeunes entreprises, les difficultés qu'elles rencontrent  à contracter avec les grands groupes industriels, la faiblesse de l'investissement public sur ces secteurs, les difficultés à reconnaître l'innovation par les usages, et tant d'autres points qui restent à améliorer.
(...)

dimanche, mai 22, 2011

Vers un libéralisme des données ?


Mercredi dernier, j’ai été invité par les organisateurs de I-Expo à une table ronde animée par  Bernard Benhamou, un vieil ami.
Intervenaient également deux autres amis : Stéphane Distinguin et Axel Adida (un entrepreneur confirmé et un entrepreneur dont on entendra bientôt parler). Nous étions donc globalement assez d’accord entre nous.
Nous parlions de l’immense bascule qui s’est produite en quelques années : les produits et services grand public sont désormais si performants que la puissance de calcul, la puissance de communication et la puissance de création à l’extérieur des entreprises sont supérieures à ce que l’on trouve à l’intérieur des organisations.
Nous évoquions les changements énormes que cela apporte dans l’organisation du travail, dans les stratégies d’innovation, dans la conception des services. Inutile de préciser que nous étions plutôt d’accord entre nous sur notre socle de conviction : open innovation, open data, importance des startups, de l’innovation de services, de la mobilité, etc.

Mais une question du public nous a conduit sur un problème beaucoup plus ardu, qui a légèrement troublé notre bel unanimisme.
La question est au fond de savoir si l’ouverture des données, privées et publiques, ne risque pas de favoriser leur prise de contrôle par les grands acteurs américains que sont Google, Apple, et peut-être Facebook. 

Captation de valeur par les nouveaux monopoles ? Les termes du débat sont assez simples.

lundi, février 07, 2011

Open data, numérique, startups : l'administration Obama accélère

Est-ce un retour aux fondamentaux après la claque des Mid-terms ? Une stratégie d'alliance avec le monde numérique en préparation de 2012 ? Ou tout simplement une stratégie de relance économique pour accélérer la sortie de crise ? Une tentative de riposte à la puissance montante de la Chine ? Toujours est-il que depuis ce Discours sur l'état de l'Union et son fameux "This is our generation's Sputnik Moment ", l'administration Obama semble avoir enclenché deux ou trois vitesses supérieures en matière de recherche, d'innovation et d'entrepreneuriat.

Le "Sputnik Moment", c'est ce moment où l'Amérique de Kennedy, traumatisée par le premier succès spatial soviétique, décida de lancer à son tour un vaste programme spatial, qui allait culminer avec le conquête de la Lune, mais allait aussi inaugurer un cycle d'innovation sans précédent - à l'origine, entre autres, du développement accéléré de la Silicon Valley. Ce fut aussi un investissement inouï dans l'enseignement des sciences, visant à la fois la restauration des filières scientifiques et la pédagogie, qui allait notamment assurer le succès des méthodes Hands on que nous avons retrouvées en France avec La Main à la pâte.

Bref, en quelques semaines, nous venons d'assister à l'explosion d'une ambition sidérante en matière d'innovation : éducation, encouragements fiscaux, allègements de charge, assouplissement des visas de travail, politique d'opendata... Rien ne semble négligé. On retrouve le souffle perdu du Stimulus package qui devait marquer le mandat d'Obama et répondre à la crise.

Cette détermination semble ancrée dans un constat répété à l'envie depuis quelques semaines. Les startups ont créé quarante millions d'emplois aux Etats-Unis ces trente dernières années. Comme le dit Obama dans le discours de l'Etat de l'Union :

      The first step in winning the future is encouraging American innovation.  None of us can predict with certainty what the next big industry will be or where the new jobs will come from.  Thirty years ago, we couldn’t know that something called the Internet would lead to an economic revolution.  What we can do -- what America does better than anyone else -- is spark the creativity and imagination of our people.  We’re the nation that put cars in driveways and computers in offices; the nation of Edison and the Wright brothers; of Google and Facebook.  In America, innovation doesn’t just change our lives.  It is how we make our living.  (Applause.)
      Our free enterprise system is what drives innovation.  But because it’s not always profitable for companies to invest in basic research, throughout our history, our government has provided cutting-edge scientists and inventors with the support that they need.  That’s what planted the seeds for the Internet.  That’s what helped make possible things like computer chips and GPS.  Just think of all the good jobs -- from manufacturing to retail -- that have come from these breakthroughs.

jeudi, juillet 08, 2010

Quelques remarques sur les données publiques (#opendata)

J'ai profité cette nuit du du vol vers Séoul pour essayer de mettre au clair quelques idées sur les données publiques.

J’ai en effet été invité récemment à une conférence organisée par l’APIE, ou j’ai présenté quelques idées qui me semblaient de bon sens... Cependant, les réactions du public, et quelques tentatives de twittclash, m’ont montré que, finalement, tout le monde n’était pas sur la même longueur d’ondes.