lundi, novembre 19, 2018

De la transformation de l'Etat à la diplomatie digitale

La semaine dernière, j'ai quitté mes fonctions à la tête de la DINSIC pour devenir ambassadeur pour le numérique, auprès du ministre des Affaires étrangères.
Après avoir piloté la transformation numérique de l'Etat français, je vais donc me consacrer à la dimension géopolitique de la révolution numérique. Celle d’un cyberespace où se dessinent de nouvelles libertés, où naissent de nouvelles menaces, où s’affrontent et coopèrent de nombreuses puissances, étatiques ou non.
La France mène une ambitieuse politique étrangère en la matière. Elle a noué un dialogue stratégique important avec les autres Etats, avec les grands acteurs économiques et avec la société civile. Il traite de questions essentielles comme la cybersécurité, la neutralité d’internet, la protection des données personnelles, la lutte contre les fake news ou les discours de haine, le multilatéralisme, la souveraineté européenne du numérique. La"Paris Digital Week" de la semaine dernière  en témoigne. Je suis honoré et reconnaissant de rejoindre la mission qui m'est confiée.

Pour autant, je quitte avec regrets l’équipe exceptionnelle que nous avions constituée à Etalab puis à la DINSIC. Une équipe talentueuse, compétente, engagée. Ensemble, nous avons amorcé une transformation profonde et indispensable de l'action publique, qui dépasse largement l'outil informatique. Ce changement - dont nous avons posé des bases solides - nécessite un effort continu et persistant pour s'enraciner durablement.

mardi, juin 26, 2018

Pour une administration libérée

Il y aura bientôt 5 ans que je travaille à la transformation numérique de l'Etat, dont bientôt trois ans à la tête de la DINSIC. Au cours de ces quelques années, grâce à d'innombrables rencontres et de multiples projets, nous avons soutenu la diffusion dans l'Etat de pratiques innovantes : stratégies ouvertes (open data, open government, contribution au logiciel libre), stratégies de plateforme (France Connect, API.gouv), recours aux datasciences, recours aux communs numériques (comme la BAN ou Open Fisca), meilleure prise en compte de l'expérience utilisateur, innovation ouverte (programme des entrepreneurs d'intérêt général), et bien sûr les méthodes agiles avec plus de 55 Startups d'Etat.
Plus discrètement, mais avec autant d'impact, nous avons soutenu une évolution qui commence à porter ses fruits, dans la conduite des grands projets, le travail sur le socle informatique de l'Etat, ou l'échange de données entre administrations (qui épargne chaque année des millions d'envois de pièces justificatives).
Des milliers d'agents publics ont commencé à s'approprier cette révolution numérique, et des millions de citoyens utilisent chaque jour les produits nés dans l'incubateur beta.gouv.fr, se connectent avec France Connect ou utilisent, parfois sans le savoir, les données libérées par l'open data.

Au fur et à mesure de cette expérience, de ces rencontres et de ces coopérations, je me suis pourtant convaincu que le véritable enjeu est ailleurs. La transformation numérique de l'Etat, pour faire advenir l'Etat de notre civilisation numérique, l'Etat qu'exige notre époque, appelle d'abord et avant tout une transformation de l'Etat lui-même : une remise en cause des formes actuelles de la bureaucratie.

mardi, mai 15, 2018

Pour une contribution des acteurs publics aux logiciels libres


L'histoire des relations entre la révolution numérique et le logiciel libre est longue, riche et complexe. L'histoire des relations entre l'action publique et le logiciel libre ne l'est pas moins.

Ce n'est pas seulement parce que ces logiciels représentent une fraction importante de l'infrastructure d'Internet et que nous serions bien en peines d'imaginer le fonctionnement de ce réseau neutre et ouvert sans GNU/Linux, Apache et tant d'autres.
Ce n'est pas seulement parce que de nombreux logiciels libres permettent de construire des applications modifiables, de mieux vérifier les éventuelles failles de sécurité, voire de baisser les coûts informatiques pour peu que l'on sache encore programmer.
Ce n'est pas non plus parce que, comme le suggère la loi pour une République numérique, les logiciels libres sont l'un des meilleurs moyens pour assurer les obligations rappelées à tous les responsables de SI, d'assurer " la maîtrise, la pérennité et l'indépendance de leurs systèmes d'information".