La Commission Innovation 2030, présidée par Anne Lauvergeon, a remis aujourd'hui ses conclusions au Président de la République.
Le rapport complet est disponible ici. Installée le 19 avril dernier, la commission rassemblait 20 personnalités de trajectoires et d'horizons différents. J'ai eu l'honneur et le plaisir d'être l'un d'entre eux. Elle a travaillé depuis lors autour d'une feuille de route assez claire : conquérir
des positions de forces sur les marchés stratégiques de 2030.
Très vite, nous nous sommes accordés sur la nécessité, au delà de la question des thématiques porteuses, d'infléchir les politiques d'innovation elles-mêmes. En effet, même en identifiant les sujets les plus prometteurs, il nous semble difficile d'être ambitieux sans faire évoluer l'environnement lui-même (ce que nous appelions "le PH de l'aquarium" pour nous souvenir que même les plus beaux poissons succombent s'ils ne sont pas placés dans l'environnement adéquat), et sans infléchir les politiques d'innovation elles-mêmes...
Sept ambitions françaises
Il s'agissait tout d'abord proposer une stratégie concentrée sur un nombre limité de thématiques. La stratégie, c'est bien souvent savoir hiérarchiser ses priorités, et dans notre bon vieux pays, la dilution des bonnes intensions commence à ressembler à un fléau national. Pour identifier des objectifs cibles, nous avons croisé plusieurs critères, pour rechercher :
- des marchés porteurs, au vu des tendances lourdes (environnement, démographie, économie, évolutions sociétales...) ;
- des marchés où l’innovation scientifique, technique et industrielle peut faire la différence ;
- des secteurs où les atouts actuels de la France rendent nos ambitions légitimes ;
- des secteurs où l'intervention publique peut apporter une accélération ;
- des secteurs susceptibles de créer de l'emploi et de la puissance industrielle.
Le stockage de l’énergie
Le développement des énergies renouvelables, pour la plupart
intermittentes, l’optimisation de la production électrique et le développement
de la portabilité nécessitent des innovations de rupture indispensables à la réussite de toute transition
énergétique.
Le recyclage des matières
La raréfaction et le renchérissement des métaux
mais aussi la protection de l’environnement rendront indispensables le
recyclage, en particulier des métaux rares.
La valorisation des richesses marines :
métaux et dessalement de l’eau de mer
La valorisation des métaux présents au fond de la mer et un dessalement
moins énergivore de l’eau de mer apporteront des ressources indispensables à
une population en croissance.
Les protéines végétales et la
chimie du végétal
De nouveaux produits alimentaires reposant sur des
protéines végétales devront être conçus pour répondre à la croissance de la
demande alimentaire mondiale que le secteur de l’élevage ne pourra seul satisfaire.
La médecine individualisée
Le développement des sciences
« omiques » (génomique, protéinomique, etc.), les liens croissants
entre dispositifs médicaux et thérapies ainsi que le développement du numérique
vont faire émerger une médecine de plus en plus personnalisée, porteuse d’une
plus grande efficacité collective et individuelle, avec des traitements
adaptés.
La « silver economy », l’innovation au service de la
longévité
D’ici 15 ans, 1,2 milliard d’habitants auront plus
de 60 ans dans le monde. Les seniors assureront la majorité des dépenses en
France. Une économie nouvelle se développera répondant
entre autres à la perte d’autonomie.
La valorisation de données
massives (Big Data)
La multiplication des données créées par les
particuliers, les entreprises et les pouvoirs publics sera porteuse de nouveaux
usages et de gains de productivité. La mise à disposition par l’Etat et par ses
opérateurs des données publiques constituera une opportunité pour favoriser
l’essor de nouvelles start-up.