S'interroger sur les lieux cibles des attentats du mois de novembre, c'est prendre conscience de la richesse et de la puissance de ces commerces qui permettent la rencontre, la mixité et le brassage des singularités dans un même espace-temps. A l'heure où se vident églises et partis , les bars, les cafés, les restaurants, les artisans, les "petits" commerces restent les endroits où chacun peut entrer et sortir, et au détour d'un achat ou d'une question, nouer un dialogue.
Alors pourquoi cette économie de proximité, quasiment cette "écologie de la proximité", visiblement repérée par ceux qui haïssent notre société, est-elle un angle mort de la pensée politique? Pourquoi ne voit-on pas qu'elle forge le ciment de nos sociétés, qu'elle est source d'emplois, certes, mais aussi de bien être, de santé, de sécurité et qu'elle permet au fil du temps de tisser des liens comme nulle part ailleurs? C'est d'ailleurs bien l'interdiction de commercer dans les Townships qu'avait en tout premier lieu instaurée le régime de l'Apartheid, démontrant ainsi parfaitement que ces échoppes locales menaçaient leur projet de rejeter une population entière du corps social.
Se pencher sur cette nouvelle économie de proximité, à la rencontre du commerce traditionnel et des outils digitaux, constitue pourtant une réponse possible aux fameuses questions d'identité. Après tout, dis-moi ce que tu manges, dis-moi ce que tu lis, dis-moi ou tu flânes, et je te dirai qui tu es.
Nous accueillons à bras ouverts les grandes enseignes, de restauration, d'ameublement ou d'habillement, sans voir que ces enseignes captent la valeur d'un territoire (l'attractivité d'une avenue parisienne, le pouvoir d'achat d'une petite ville), au prétexte qu'elles créeraient de l'emploi. C'est une vision de très court terme. S'ils sont créés, ce qui reste à vérifier, ce sont des emplois le plus souvent peu gratifiants, mécanisés, dans lesquels personne ne rêve de s'investir ou de rester. Alors qu'être boucher ou libraire, maker ou restaurateur, c'est partager un savoir où un savoir-faire, c'est savoir accueillir, recommander et conseiller.
Nous accueillons à bras ouverts les grandes enseignes, de restauration, d'ameublement ou d'habillement, sans voir que ces enseignes captent la valeur d'un territoire (l'attractivité d'une avenue parisienne, le pouvoir d'achat d'une petite ville), au prétexte qu'elles créeraient de l'emploi. C'est une vision de très court terme. S'ils sont créés, ce qui reste à vérifier, ce sont des emplois le plus souvent peu gratifiants, mécanisés, dans lesquels personne ne rêve de s'investir ou de rester. Alors qu'être boucher ou libraire, maker ou restaurateur, c'est partager un savoir où un savoir-faire, c'est savoir accueillir, recommander et conseiller.