Techcrunch propose aujourd'hui un petit article intitulé : We All Live In Public Now. Get Used To It.
C'est une idée qui me travaille depuis un bon moment. Depuis en fait que j'ai vu un passage de Toni Negri disant que le révolutionnaire ne peut plus se comporter comme la taupe, chère à Marx (qui creuse et sort là où on ne l'attend pas), et doit désormais apprendre à se comporter comme le serpent et à agir "dans un monde qui n'est fait que de surfaces".
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jeudi, décembre 31, 2009
mardi, décembre 29, 2009
Education nationale : pas de numérique sans nouvelle donne
Je voudrais poursuivre la réflexion engagée l’autre jour sur les évolutions de l’éducation à la faveur des nouvelles opportunités offertes par le numérique et vous proposer de partager un cadre de lecture.
Comme je le disais dans mon précédent billet, je crois qu’on ne comprend pas grand chose à la question éducative si on ne remonte pas aux choix sociaux globaux et à l'organisation macro du système.
Comme je le disais dans mon précédent billet, je crois qu’on ne comprend pas grand chose à la question éducative si on ne remonte pas aux choix sociaux globaux et à l'organisation macro du système.
dimanche, décembre 27, 2009
Immanence du message
Au commencement, le messager était un Malakh, ce que nous appellerions aujourd'hui un ange. Dans la littérature rabbinique ou kabbaliste, ce messager est une quasi émanation de Dieu, l'incarnation d'une parole ou d'une idée, une colonne mystique et matérielle à la fois qui relie l'insondable et le monde des hommes.
Dans la mythologie grecque, le messager des dieux et dieu des messagers est Hermès, dieu des voleurs, dieu du commerce, gardien des routes et des carrefours, des voyageurs, des voleurs, de la chance, conducteur des âmes aux Enfers. On a perdu la splendeur du monothéisme et sa profondeur ontologique pour atteindre les rives de l'ambiguïté, de la polysémie, de la pluralité des sens.
samedi, décembre 19, 2009
Un Guerre et Paix par semaine
J'étais aujourd'hui l'invité de Place de la Toile, sur France Culture, pour parler de la place du numérique dans le Grand emprunt.
En introduction, Xavier Delaporte a cité une étonnante étude de l'Université de San Diego, citée par un excellent blog que je ne connaissais pas encore (The Internet, d'Astrid Girardeau). Selon Astrid Girardeau, je cite : En 2008, les Américains auraient consommé 1,3 billions d’heures d’information, soit une moyenne de 12 heures par jour par individu selon un rapport « d’estimations » publié mercredi dernier par des chercheurs de l’Université de Californie (Etats-Unis). Par information, ils entendent tous les flux de donnés englouties, parfois simultanément, sur Internet (via un ordinateur ou un téléphone portable), à la radio, dans le journal, etc. En quantité, cela représenterait un total de 3.6 zettabytes et de 10,845 billions de mots. En moyenne, par jour, et par américain, on obtient donc : 100.500 mots et 34 gigabits. « Par comparaison, Guerre et Paix de Tolstoï contient environ 460.000 mots » souligne le NYTimes.
En introduction, Xavier Delaporte a cité une étonnante étude de l'Université de San Diego, citée par un excellent blog que je ne connaissais pas encore (The Internet, d'Astrid Girardeau). Selon Astrid Girardeau, je cite : En 2008, les Américains auraient consommé 1,3 billions d’heures d’information, soit une moyenne de 12 heures par jour par individu selon un rapport « d’estimations » publié mercredi dernier par des chercheurs de l’Université de Californie (Etats-Unis). Par information, ils entendent tous les flux de donnés englouties, parfois simultanément, sur Internet (via un ordinateur ou un téléphone portable), à la radio, dans le journal, etc. En quantité, cela représenterait un total de 3.6 zettabytes et de 10,845 billions de mots. En moyenne, par jour, et par américain, on obtient donc : 100.500 mots et 34 gigabits. « Par comparaison, Guerre et Paix de Tolstoï contient environ 460.000 mots » souligne le NYTimes.
vendredi, décembre 18, 2009
Education et numérique : une nouvelle alliance est-elle possible ?
L'informatique éducative est quasiment née avec l'informatique. Cela fait au moins 45 ans qu'existe une association internationale. Et cela fait au moins 25 ans qu'en France, des éditeurs précurseurs se mobilisent pour promouvoir ce levier de la réforme des pratiques d'éducation. Et pourtant...
Pourtant, malgré quelques très beaux succès, il est patent que les pratiques d'éducation n'ont pas tellement changé en France (ou dans le monde occidental). Un professeur de 1913 qui arriverait dans une classe d'aujourd'hui serait peut-être déconcerté un instant par les tenues des élèves et le tableau blanc interactif, mais il ne tarderait pas à retrouver ses repères. Le groupe classe, le programme officiel, la posture magistrale et solitaire, l'examen de sortie lui seraient bien familiers.
Pourtant, malgré quelques très beaux succès, il est patent que les pratiques d'éducation n'ont pas tellement changé en France (ou dans le monde occidental). Un professeur de 1913 qui arriverait dans une classe d'aujourd'hui serait peut-être déconcerté un instant par les tenues des élèves et le tableau blanc interactif, mais il ne tarderait pas à retrouver ses repères. Le groupe classe, le programme officiel, la posture magistrale et solitaire, l'examen de sortie lui seraient bien familiers.
jeudi, décembre 17, 2009
Industries culturelles : ni "tuyaux" ni "contenus" !
Ce fut sans doute un progrès quand les ingénieurs systèmes et les opérateurs de réseaux commencèrent à s'intéresser aux "contenus", c'est-à-dire aux informations qui passaient dans leurs systèmes et aux usages qui en étaient faits.
Sans doute.
Mais ce n'était qu'une métaphore et aujourd'hui, elle est complètement dépassée. Elle nuit même à la réflexion stratégique.
Sans doute.
Mais ce n'était qu'une métaphore et aujourd'hui, elle est complètement dépassée. Elle nuit même à la réflexion stratégique.
mercredi, décembre 16, 2009
Les réseaux sociaux du futur : avatars multiples et espaces discrets
Nicolas Gaume a tout compris !
En marge du Web09, Nicolas Gaume, qui a créé, après quelques récents avatars, la société Mimesis-Republic et préside le SNJV, m'a présenté son prochain projet, Black Mamba Nation.
J'ai la plus grande admiration pour Nicolas. Entrepreneur talentueux (pour les plus jeunes : il fut le fondateur de Kalisto), véritable intellectuel, concepteur visionnaire... Et un type hyper sympa, par dessus le marché.
En marge du Web09, Nicolas Gaume, qui a créé, après quelques récents avatars, la société Mimesis-Republic et préside le SNJV, m'a présenté son prochain projet, Black Mamba Nation.
J'ai la plus grande admiration pour Nicolas. Entrepreneur talentueux (pour les plus jeunes : il fut le fondateur de Kalisto), véritable intellectuel, concepteur visionnaire... Et un type hyper sympa, par dessus le marché.
mardi, décembre 15, 2009
Grand emprunt : le numérique est pris au sérieux. Est-il compris ?
Le président de la République a aujourd'hui rendu public ses arbitrages concernant le Grand emprunt.
Sur un sujet sur lequel nous avons été largement consultés, et apparemment entendus, on ne va pas faire les difficiles : ces arbitrages, très fidèles à l'esprit du rapport de la Commission, vont plutôt dans le bon sens.
Sans me prononcer sur l'opportunité d'un emprunt, je trouve heureux qu'on investisse sur l'enseignement et la recherche, qu'on soutienne les PME de croissance, qu'on encourage la transformation industrielle, qu'on s'applique à faire advenir un développement durable. Je me réjouis surtout que l'on consacre un effort exceptionnel au numérique : 4,5 milliards pour les réseaux, les contenus et les usages. C'est sans précédent dans notre pays.
Sur un sujet sur lequel nous avons été largement consultés, et apparemment entendus, on ne va pas faire les difficiles : ces arbitrages, très fidèles à l'esprit du rapport de la Commission, vont plutôt dans le bon sens.
Sans me prononcer sur l'opportunité d'un emprunt, je trouve heureux qu'on investisse sur l'enseignement et la recherche, qu'on soutienne les PME de croissance, qu'on encourage la transformation industrielle, qu'on s'applique à faire advenir un développement durable. Je me réjouis surtout que l'on consacre un effort exceptionnel au numérique : 4,5 milliards pour les réseaux, les contenus et les usages. C'est sans précédent dans notre pays.
lundi, décembre 14, 2009
Ca va bien, Internet ?
Je viens de découvrir (grâce à Twitter), deux sites assez marrants. Qui prouvent qu'on n'a pas encore exploré tout le potentiel d'Internet, même dans sa forme 1.0.
dimanche, décembre 13, 2009
LeWeb doit se tenir (vraiment) à Paris
Depuis 2003, Loïc et Géraldine Le Meur résussissent chaque année à rassembler à Paris plus de 2000 passionnés du monde entier, à leur conférence Leweb, et à y faire intervenir les patrons et "gourous" de la Silicon Valley. Plus de 400 journalistes et blogueurs viennent suivre l'événement. Cette année, par exemple, pas moins que Jack Dorsey, CEO et cofondateur de Twitter, venu présenter Square son nouveau service de micropaiement, Marisa Mayer, de Google, et tant d'autres...
samedi, décembre 12, 2009
Comment la crise a rattrapé le jeu vidéo
J'ai déjeuné aujourd'hui avec Antoine Vilette, le patron de Darkworks et administrateur de Cap Digital.
Notre conversation a abordé les difficultés que semble traverser aujourd'hui le secteur du jeu vidéo. Je m'en suis étonné, car il y a quelques mois encore, on ne sentait pas ces difficultés, et tout montre que le grand public n'a que fort peu baissé sa consommation.
Que se passe-t-il donc ?
Notre conversation a abordé les difficultés que semble traverser aujourd'hui le secteur du jeu vidéo. Je m'en suis étonné, car il y a quelques mois encore, on ne sentait pas ces difficultés, et tout montre que le grand public n'a que fort peu baissé sa consommation.
Que se passe-t-il donc ?
jeudi, décembre 10, 2009
Soutenons "Point-Paris"
Ce soir, en marge du Web, nous avons été accueillis par la ville de Paris pour une petite fête rassemblant les participants au Web, des membres de Cap Digital et plein d'acteurs de la vie numérique parisienne à l'occasion du lancement officiel de la campagne de demande à l'ICANN de la création d'un nom de domaine en .paris.
mercredi, décembre 09, 2009
Combien de temps, les banques ?
J'ai appris aujourd'hui un truc impressionnant : plus de la moitié des échanges monétaires dans le monde se font sans banque.
Et on observe, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, des montages d'une sophistication incroyable. Des tontines, par exemple, à règles de remboursement variable. Si un villageois a besoin de 2000 euros pour créer sa boulangerie, les villageois mettent au pot, en fonction de leurs moyens : de trois euros à 200 euros par exemple. Tout le monde veille à ce que l'affaire réussisse.
Et on observe, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, des montages d'une sophistication incroyable. Des tontines, par exemple, à règles de remboursement variable. Si un villageois a besoin de 2000 euros pour créer sa boulangerie, les villageois mettent au pot, en fonction de leurs moyens : de trois euros à 200 euros par exemple. Tout le monde veille à ce que l'affaire réussisse.
mardi, décembre 08, 2009
L'innovation sociale comme avant garde
Vraiment emballé par un entrepreneur rencontré aujourd'hui.
Eric Chatry est le fondateur de Re-Connect, une association qui donnera peut-être naissance à une entreprise sociale.
Eric Chatry est le fondateur de Re-Connect, une association qui donnera peut-être naissance à une entreprise sociale.
vendredi, décembre 04, 2009
"Le développement durable fera entrer le numérique dans son ère gothique"
On m’a demandé de dire quelques mots sur l’innovation dans le numérique et le développement durable, au cours de la remise du Prix de la croissance verte numérique.
Ca m'a permis de marquer mon étonnement devant la facilité avec laquelle le monde a accepté l’idée selon laquelle les technologies vertes permettront la sortie de crise et la relance économique. Je suis convaincu de la nécessité de protéger notre environnement, et je suis convaincu aussi que le numérique y jouera un rôle pivot. Mais ça ne m'empêche pas d'être étonné de la manière dont on a lié la question de la crise économique et celle de la croissance verte. Le plan de relance d'Obama n'y est sans doute pas pour rien.
Ca m'a permis de marquer mon étonnement devant la facilité avec laquelle le monde a accepté l’idée selon laquelle les technologies vertes permettront la sortie de crise et la relance économique. Je suis convaincu de la nécessité de protéger notre environnement, et je suis convaincu aussi que le numérique y jouera un rôle pivot. Mais ça ne m'empêche pas d'être étonné de la manière dont on a lié la question de la crise économique et celle de la croissance verte. Le plan de relance d'Obama n'y est sans doute pas pour rien.
Le Palmarès du prix de la croissance verte numérique
J'ai participé aujourd'hui à la remise des prix de la croissance verte numérique, qui a permis de récompenser 5 initiatives très intéressantes, émanant de PME, de Grands groupes ou d’établissements publics de top niveau.
Le lauréat "Coup de coeur", Greenext, propose des outils nouveaux et sophistiqués pour que le consommateur puisse comparer facilement l'empreinte écologique réelle de différentes décisions d'achat. Ca m'a rappelé l'époque où nous élaborions la méthodologie française des analyses de cycle de vie, avec Ecobilan, sauf que je me rappelais qu'à l'époque, nous nous inquiétons de plusieurs problèmes écologiques, et pas seulement de l'effet de serre.
J’ai vraiment été frappé par la maturité du projet d’une start-up, Watteco, qui utilise la capacité du réseau électrique à véhiculer, aussi, de l’information, et qui a développé de petits capteurs permettant de mesurer la consommation instantanée de chaque appareil, ampoule ou installation de la maison. Une première application concrète, le barowat, petite interface qui permet de mesurer à chaque instant la consommation de la maison et de comprendre la contribution de chaque appareil à cette consommation globale.
Ont également été primés : Alcatel Lucent, pour un projet de stations mobiles alimentées par différentes sources d'énergies renouvelables, Bouygues Immobilier, pour des datacenters de nouvelle génération, et l'Ecole des Mines de Nantes, pour un projet d'étudiants.
Le lauréat "Coup de coeur", Greenext, propose des outils nouveaux et sophistiqués pour que le consommateur puisse comparer facilement l'empreinte écologique réelle de différentes décisions d'achat. Ca m'a rappelé l'époque où nous élaborions la méthodologie française des analyses de cycle de vie, avec Ecobilan, sauf que je me rappelais qu'à l'époque, nous nous inquiétons de plusieurs problèmes écologiques, et pas seulement de l'effet de serre.
J’ai vraiment été frappé par la maturité du projet d’une start-up, Watteco, qui utilise la capacité du réseau électrique à véhiculer, aussi, de l’information, et qui a développé de petits capteurs permettant de mesurer la consommation instantanée de chaque appareil, ampoule ou installation de la maison. Une première application concrète, le barowat, petite interface qui permet de mesurer à chaque instant la consommation de la maison et de comprendre la contribution de chaque appareil à cette consommation globale.
Ont également été primés : Alcatel Lucent, pour un projet de stations mobiles alimentées par différentes sources d'énergies renouvelables, Bouygues Immobilier, pour des datacenters de nouvelle génération, et l'Ecole des Mines de Nantes, pour un projet d'étudiants.
jeudi, décembre 03, 2009
Jeff Bezos pense que nous allons vivre une ère d'extinction massive
Bernard Benhamou m'a passé cet intéressant article de Fastcompany, dans lequel le fondateur d'Amazon, Jeff Bezos, compare sa stratégie de Kindle avec celle du IPod / Iphone.
http://www.fastcompany.com/magazine/137/the-evolution-of-amazon.html
http://www.fastcompany.com/magazine/137/the-evolution-of-amazon.html
mercredi, décembre 02, 2009
100 millions de nouveaux étudiants en 15 ans
J'étais invité à intervenir à un intéressant colloque organisé par le Club Réforme et Modernité, d'Hervé Mariton, ce soir, à l'Assemblée nationale.
L'un des intervenants, Pierre Tapie, directeur de l'Essec, a présenté les chiffres suivants :
- il y avait 100 millions d'étudiants dans le monde en 2000
- il y en aura 200 millions en 2015.
- sur les 100 millions de nouveaux étudiants, il y aura 70 millions d'asiatiques dont 55 millions de Chinois et d'Indiens. L'Inde et la Chine construisent deux universités de 20 000 étudiants chacune chaque semaine.
La France fait 1 % de la population mondiale. Elle a environ 270 000 étudiants étrangers. Si elle veut augmenter son nombre d'étudiants à proportion de 0,3 % de l'augmentation du nombre d'étudiants mondiaux, il lui faudrait accueillir 300 000 étudiants étrangers supplémentaires.
Beaucoup d'autres interventions intéressantes mériteraient un billet : Antoine Frérot, directeur exécutif de Véolia environnement, Arnold Migus, directeur général du CNRS (qui a cité une brochette de Prix Nobel qui avaient engagé leurs recherches en désobéissant à leur hiérarchie). Gilles Carrez, rapporteur général de la commission des Finances à l'Assemblée nationale a expliqué son inquiétude devant l'accroissement de la dette publique en rappelant ce chiffre : les dépenses d'investissement représentaient 20 % du budget de l'Etat en 1980, elles sont de 5 % aujourd'hui : la dette, c'est aussi le renoncement à d'autres dépenses. Il se mobilisera donc pour que le Grand emprunt n'alourdisse pas la dette publique et soutiendra des dépenses d'investissement à retour rapide et chiffrable (et donc le financements d'actifs au bilan de l'Etat), ce qui en revanche n'est pas une très bonne nouvelle pour les dépenses de recherche et d'innovation.
L'un des intervenants, Pierre Tapie, directeur de l'Essec, a présenté les chiffres suivants :
- il y avait 100 millions d'étudiants dans le monde en 2000
- il y en aura 200 millions en 2015.
- sur les 100 millions de nouveaux étudiants, il y aura 70 millions d'asiatiques dont 55 millions de Chinois et d'Indiens. L'Inde et la Chine construisent deux universités de 20 000 étudiants chacune chaque semaine.
La France fait 1 % de la population mondiale. Elle a environ 270 000 étudiants étrangers. Si elle veut augmenter son nombre d'étudiants à proportion de 0,3 % de l'augmentation du nombre d'étudiants mondiaux, il lui faudrait accueillir 300 000 étudiants étrangers supplémentaires.
Beaucoup d'autres interventions intéressantes mériteraient un billet : Antoine Frérot, directeur exécutif de Véolia environnement, Arnold Migus, directeur général du CNRS (qui a cité une brochette de Prix Nobel qui avaient engagé leurs recherches en désobéissant à leur hiérarchie). Gilles Carrez, rapporteur général de la commission des Finances à l'Assemblée nationale a expliqué son inquiétude devant l'accroissement de la dette publique en rappelant ce chiffre : les dépenses d'investissement représentaient 20 % du budget de l'Etat en 1980, elles sont de 5 % aujourd'hui : la dette, c'est aussi le renoncement à d'autres dépenses. Il se mobilisera donc pour que le Grand emprunt n'alourdisse pas la dette publique et soutiendra des dépenses d'investissement à retour rapide et chiffrable (et donc le financements d'actifs au bilan de l'Etat), ce qui en revanche n'est pas une très bonne nouvelle pour les dépenses de recherche et d'innovation.
mardi, décembre 01, 2009
Les villes digitales
Les sept pôles de compétitivité en charge du Paris Region Innovation Tour (le PRIT) ont décidé cette année d’organiser une table ronde des présidents de pôle consacrée à la ville et au développement durable. C’est un sujet que creusons pas mal à Cap Digital.
J’ai pu constater en revanche que nous avions une manière assez singulière d’envisager la question, sans doute liée aux particularités de notre écosystème, très orienté vers le public.
J’ai pu constater en revanche que nous avions une manière assez singulière d’envisager la question, sans doute liée aux particularités de notre écosystème, très orienté vers le public.
lundi, novembre 30, 2009
Le devenir média des objets communicants
Jeudi et vendredi, Cap Digital, l’IRI (centre Pompidou) et l’ENSCI-Les Ateliers ont organisé la troisième édition des Entretiens du nouveau monde industriel.
J’aime beaucoup cet événement. Faire échanger sur nos sujets des philosophes de renommée mondiale, des designers, des chercheurs, des PME et des grandes entreprises, devant un public nombreux, attentif et mélangé est assez unique. Et vraiment stimulant.
J’aime que nous réussissions tous ensemble à montrer aux philosophes qu’il y a aussi de l’intelligence dans nos entreprises, aux entreprises qu’il y a de la valeur dans la pensée, et à tout le monde que le design peut incarner des relations, des valeurs, du désir dans des objets quotidiens.
Après une première édition consacrée à l’innovation ouverte, et une seconde consacrée au web social, nous abordions cette année les objets communicants.
Bernard Stiegler m’avait proposé d’intervenir, en essayant d’examiner les conséquences stratégiques pour le secteur des médias de cette nouvelle révolution. Question complexe, que j’ai seulement commencé à aborder dans cette intervention.
Je pense qu’il y a deux idées fortes à retenir :
1- Les medias vont muter à nouveau dans cette révolution de l’Internet des objets. Parce que les médias, contrairement à ce qu’ils pensent parfois eux-mêmes, ce n’est pas seulement de l’information ou du divertissement. C’est même plutôt autre chose. Les médias, c’est du lien social, de l’influence, de la production de consensus sur les sujets importants. Les médias, c’est aussi de la distinction, de l’ordre social, voire du contrôle social. C’est comme ça depuis le début. C’est même en cela qu’ils sont médias : c’est une glu entre les gens qui fait que nous sommes une société.
Et c’est ça qui change le plus, finalement. Avec l’avènement des réseaux sociaux, puis l’interfaçage du web et du monde grâce aux objets communicants, c’est le mode d’être ensemble qui évolue le plus vite. On peut se assurer en se disant qu’on aura toujours besoin d’informations : c’est vrai. Mais ce sont les autres fonctions des médias qui ont changé. Et ça, c’est irréversible. Que m’importe l’opinion d’une intelligentzia quand je connais celle de mon monde social personnel ? Que m’importe la communication institutionnelle quand je peux contribuer à une création collective de savoir ?
2- Cette mutation n’est pas un simple prolongement de la mutation Internet. Elle part dans une autre direction. Les questions industrielles, les points hauts dans la chaîne de valeur, les infrastructures stratégiques sont différentes.
Le monde des médias n’a pas encore digéré la révolution Internet, mais il devrait déjà se préparer à en affronter une autre, différente ?
Certains y verront un coup de massue. D’autres l’occasion de faire un lipfrog, un saut de grenouille, et de franchir une étape.
J’aime beaucoup cet événement. Faire échanger sur nos sujets des philosophes de renommée mondiale, des designers, des chercheurs, des PME et des grandes entreprises, devant un public nombreux, attentif et mélangé est assez unique. Et vraiment stimulant.
J’aime que nous réussissions tous ensemble à montrer aux philosophes qu’il y a aussi de l’intelligence dans nos entreprises, aux entreprises qu’il y a de la valeur dans la pensée, et à tout le monde que le design peut incarner des relations, des valeurs, du désir dans des objets quotidiens.
Après une première édition consacrée à l’innovation ouverte, et une seconde consacrée au web social, nous abordions cette année les objets communicants.
Bernard Stiegler m’avait proposé d’intervenir, en essayant d’examiner les conséquences stratégiques pour le secteur des médias de cette nouvelle révolution. Question complexe, que j’ai seulement commencé à aborder dans cette intervention.
Je pense qu’il y a deux idées fortes à retenir :
1- Les medias vont muter à nouveau dans cette révolution de l’Internet des objets. Parce que les médias, contrairement à ce qu’ils pensent parfois eux-mêmes, ce n’est pas seulement de l’information ou du divertissement. C’est même plutôt autre chose. Les médias, c’est du lien social, de l’influence, de la production de consensus sur les sujets importants. Les médias, c’est aussi de la distinction, de l’ordre social, voire du contrôle social. C’est comme ça depuis le début. C’est même en cela qu’ils sont médias : c’est une glu entre les gens qui fait que nous sommes une société.
Et c’est ça qui change le plus, finalement. Avec l’avènement des réseaux sociaux, puis l’interfaçage du web et du monde grâce aux objets communicants, c’est le mode d’être ensemble qui évolue le plus vite. On peut se assurer en se disant qu’on aura toujours besoin d’informations : c’est vrai. Mais ce sont les autres fonctions des médias qui ont changé. Et ça, c’est irréversible. Que m’importe l’opinion d’une intelligentzia quand je connais celle de mon monde social personnel ? Que m’importe la communication institutionnelle quand je peux contribuer à une création collective de savoir ?
2- Cette mutation n’est pas un simple prolongement de la mutation Internet. Elle part dans une autre direction. Les questions industrielles, les points hauts dans la chaîne de valeur, les infrastructures stratégiques sont différentes.
Le monde des médias n’a pas encore digéré la révolution Internet, mais il devrait déjà se préparer à en affronter une autre, différente ?
Certains y verront un coup de massue. D’autres l’occasion de faire un lipfrog, un saut de grenouille, et de franchir une étape.
vendredi, novembre 20, 2009
Les pôles de compétitivité ont surtout besoin de constance
(Interview à l'AEF, 19 novembre 2009)
Les pôles de compétitivité ont « surtout besoin d'une politique qui fasse preuve de constance »
Henri Verdier, président de Cap Digital.
D.R.
« Il ne me paraît pas nécessaire de vouloir trop normaliser les pôles », déclare Henri Verdier, directeur de la prospective de l'Institut Télécom et président du pôle de compétitivité francilien Cap Digital, spécialisé dans les contenus numériques. « Ce dont ils ont surtout besoin désormais, c'est d'une politique qui fasse preuve de constance. » Dans une interview accordée à AEF, Henri Verdier fait état des messages que le club des pôles mondiaux a transmis à la commission chargée de définir les priorités à retenir pour le grand emprunt lancé par le président de la République (AEF n°118585). Il plaide notamment pour « libérer les données publiques » afin de pouvoir créer de nouveaux services à valeur ajoutée comme vient de le faire la ville de San Francisco aux États-Unis. Le président de Cap Digital revient également sur les spécificités de l' « écosystème » de son pôle de compétitivité, dont l'ambition est de faire de l'Île-de-France « un lieu de recherche et de création industrielle aussi dynamique et aussi prospère que les meilleurs au monde ».
AEF : Quel regard portez-vous sur la manière dont est menée la politique en faveur des pôles de compétitivité ?
Henri Verdier : Je précise tout d'abord que les pôles de compétitivité mettent en oeuvre une politique publique. C'est la décision d'aborder le développement économique à travers la recherche-développement collaborative, et avec des outils de "community management", au sein de clusters thématiques qui ont la masse critique, la densité, la diversité et le dynamisme permettant d'atteindre l'excellence internationale. Et cette politique est menée avec les acteurs même de ces écosystèmes. Nous ne pouvons que nous en réjouir.
Si l'on pense à la suite, il sera nécessaire, à mon sens, de ne pas trop normaliser les pôles. Chaque pôle doit pouvoir évoluer pour continuer à incarner l'esprit de sa propre communauté. Les évaluations, par exemple, qui sont indispensables pour continuer à progresser, pourraient prendre la forme de « visiting committee », c’est-à-dire une délégation d’experts qui vient sur place plusieurs jours, puis rend un rapport très complet comprenant des critères objectifs, mais aussi par exemple un rapport d’étonnement ou des conseils pratiques.
Il me paraît important, aussi, que l’on ne réduise pas la quête de la compétitivité à la seule R&D : la compétitivité de nos entreprises exige aussi des capitaux, notamment aux deux phases cruciales de leur existence que sont la création puis la forte montée en puissance.
Au fond, même si nos équipes sont toutes saturées et pourraient être étoffées, les pôles de compétitivité ne demandent pas beaucoup plus ni beaucoup mieux que ce qui se fait déjà. Ce dont ils ont surtout besoin désormais, c’est d’une politique qui fasse preuve de constance pour permettre le déploiement de ces communautés.
AEF : Quel message le club des pôles mondiaux, dont Cap Digital fait partie, adresse-t-il à la commission du grand emprunt national ?
Henri Verdier : Le club des pôles mondiaux est un organe de concertation des dix-sept pôles mondiaux. En prévision du grand emprunt, ses membres ont été très sollicités, séparément ou collectivement. Nous nous réjouissons de cette écoute : un emprunt national n'a de sens que s'il oriente durablement l'économie vers une croissance soutenue. Or les pôles de compétitivité se consacrent entièrement à cet objectif. Il serait terriblement regrettable d'utiliser les fonds du grand emprunt pour tenter de soulager ou de sauvegarder provisoirement des modèles déclinants. La France peut légitimement prétendre au leadership dans de nombreux secteurs, notamment numériques. Nous espérons que le grand emprunt nous rapprochera de cet objectif.
AEF : Et en termes de propositions concrètes ?
Henri Verdier : Concrètement, il nous semble que le grand emprunt doit se fixer plusieurs objectifs. La recherche, l'éducation et la formation sont la base même de la société de la connaissance qui se dessine. Tous les investissements qui y seront consacrés ne pourront qu'être bénéfiques, surtout s'ils soutiennent au passage des évolutions urgentes : diffusion des outils et des pratiques numériques dans l'éducation, internationalisation des cursus des étudiants, etc. Nous devons aussi renforcer la logique d'écosystèmes d'excellence et de croissance qu'incarnent les pôles de compétitivité. Dans l'économie moderne, nul n'est une île. Ce sont des « clusters », rassemblant grandes entreprises et PME, recherche et finance, État et collectivités, qui s'affrontent. Même les entreprises les plus internationales veillent à s'implanter dans de tels clusters.
Au sein de ces écosystèmes, nous devons soutenir la croissance des PME qui explorent les nouveaux marchés à très fort potentiel de croissance. Soutenir ces PME ne signifie pas seulement aider leur implication dans la R&D. C'est aussi les capitaliser, par exemple sous la forme de prêts participatifs. Et c'est favoriser leur insertion dans un écosystème où elles interagissent de manière fructueuse avec les grands groupes et la recherche, publique comme privée.
AEF : Le pôle de compétitivité Cap Digital se focalise sur l'économie et la société numériques. Comment le grand emprunt pourrait-il aider à bien positionner la France dans ce domaine ?
Henri Verdier : Il faut soutenir la transformation industrielle en finançant de grandes plateformes d'innovation et de co-création. Les cinq pôles de compétitivité impliqués dans les TIC (technologies de l'information et de la communication) travaillent actuellement à la définition de dix plateformes de ce type qui pourraient permettre de prendre des positions structurantes sur des sujets comme le « cloud computing » [mise en commun des ressources et services informatiques à travers les réseaux], la sécurité des réseaux, la ville durable, etc. Mais le grand emprunt doit surtout permettre à la société et à l'économie françaises de jouer selon les règles du jeu de cette nouvelle économie. Aujourd'hui, les normes et standards, l'interopérabilité des systèmes, les « think-tanks » et fondations capables de produire du sens, les formats des bases de données ou l'ouverture des données publiques représentent des infrastructures aussi essentielles que les infrastructures publiques.
J'insiste particulièrement sur cette question des données publiques : les cartes, le cadastre, les données statistiques démographiques, de pollution, de santé, etc., sont une véritable mine d'or pour la société de la connaissance. Il faut libérer ces données – ce qui ne veut pas nécessairement dire les donner – et les rendre interopérables pour que les entreprises puissent en créer de nouveaux services à valeur ajoutée. La ville de San Francisco vient de le faire à travers le site DataSF. Des dizaines de start-up inventent déjà de nouveaux services à partir de ces données. On pourrait d'ailleurs s'intéresser aussi aux archives des entreprises – notamment des médias – dont on pourrait, de la même manière, se servir pour offrir des services nouveaux plutôt que de les laisser dormir.
AEF : En quoi le développement du numérique peut-il aider l'industrie française ?
Henri Verdier : Le numérique n'est pas un secteur industriel. C'est le moteur d'une transformation globale qui fonctionne comme une culture nouvelle, avec ses opportunités et ses menaces. Il menace notamment les systèmes fondés sur le maintien artificiel de la rareté. Mais il s'avère aussi être un excellent relais de compétitivité pour les grands groupes industriels qui l'utilisent pour renouveler leurs modes de production, leur stratégie commerciale voire leur offre même. Ce n'est pas un hasard si les États-Unis ont récemment décidé de consacrer 17 milliards de dollars aux « smart grids » [réseaux intelligents pour la distribution d'électricité] et 17 autres milliards de dollars à l'interopérabilité des systèmes d'information de la santé. Je pense que la France a tout intérêt à doper de tels sujets. Il me semble aussi que la question du « cloud computing » est fondamentale à la fois pour la compétitivité mais aussi l'indépendance de notre pays.
AEF : Qu'est-ce qui, selon vous, fait la particularité de Cap Digital par rapport aux autres pôles de compétitivité ?
Henri Verdier : Comme chaque pôle, Cap Digital incarne les spécificités de son propre secteur. Les contenus et services numériques, par exemple, se déploient dans un univers économique et technologique qui évolue ultra-rapidement. Nous sommes particulièrement attentifs à la Silicon Valley qui est quand même notre partenaire et adversaire préféré, même si nous regardons aussi d'autres clusters comme Montréal, Séoul, Los Angeles ou Boston.
Par ailleurs, Cap Digital ne s'est pas bâti à partir d'une filière industrielle préexistante. Il rassemble des communautés distinctes d'entreprises franciliennes qui interviennent dans des domaines a priori très atomisés : l'image, les jeux vidéo, le design numérique, les objets communicants, le logiciel libre… La force du pôle est d'avoir permis à plus de 500 entreprises – essentiellement des PME et des TPE – de se regrouper pour mieux travailler ensemble, et ainsi de faire émerger le numérique francilien comme un secteur industriel à part entière. Je suis convaincu que cet acquis perdurera indépendamment même du destin du pôle.
AEF : Comment arrive-t-on à organiser et animer une communauté aussi hétérogène ?
Henri Verdier : C'est d'abord la communauté qui utilise Cap Digital pour s'organiser. Nous sommes une association. Nous élaborons collectivement notre stratégie et nous élisons nos représentants. Un pôle qui fonctionne bien est l'organe de représentation et d'action collective d'un écosystème. Par ailleurs, le numérique fonctionne vraiment comme une nouvelle culture. Malgré notre diversité, nous nous sommes rencontrés et nous nous sommes compris beaucoup plus facilement qu'on aurait pu l'imaginer. Mais c'est aussi beaucoup de travail. Le pôle est animé par une équipe d'une douzaine de personnes qui se démènent pour fluidifier ce réseau et en faire émerger les projets de R&D.
AEF : A contrario, qu'est-ce qui vous rapproche des autres pôles de compétitivité ?
Henri Verdier : D'une manière générale, je crois que nous partageons tous les mêmes convictions : l'importance de la « coopétition », de la R&D collaborative, des rencontres du privé et du public, la confiance envers le potentiel d'innovation des PME et la conscience de l'importance des grands groupes dans ces écosystèmes. Je crois aussi que les attentes des adhérents aux pôles de compétitivité sont à peu près toujours les mêmes : les PME espèrent bénéficier d'introductions auprès des grands groupes, les TPE cherchent des financements et des clients, les PME de croissance veulent participer aux programmes de R&D aux côtés des grands groupes, les grands groupes sont en quête de nouvelles filières à développer et de sociétés performantes à racheter, et les collectivités territoriales sont ravies de déléguer l'analyse et l'expertise des projets. Les pôles de compétitivité sont en définitive à la fois le terreau et le ciment de tout cet écosystème de croissance.
AEF : Quelles sont vos priorités pour Cap Digital ?
Henri Verdier : Nous voulons réussir collectivement à faire en sorte que, en matière de contenus et de services numériques, la région Île-de-France soit véritablement un lieu de recherche et de création industrielle aussi dynamique et aussi prospère que les meilleurs au monde. Nos chercheurs et nos ingénieurs sont déjà du meilleur niveau mondial. Ceux qui partent dans la Silicon Valley y occupent les meilleures places. La question est de faire en sorte qu'il en aille ainsi des entreprises. Cap Digital ne le fera pas à la place des entreprises. Mais nous pouvons y contribuer, en renforçant les infrastructures et les coopérations, ou en valorisant la reconnaissance internationale de notre communauté.
Les pôles de compétitivité ont « surtout besoin d'une politique qui fasse preuve de constance »
Henri Verdier, président de Cap Digital.
D.R.
« Il ne me paraît pas nécessaire de vouloir trop normaliser les pôles », déclare Henri Verdier, directeur de la prospective de l'Institut Télécom et président du pôle de compétitivité francilien Cap Digital, spécialisé dans les contenus numériques. « Ce dont ils ont surtout besoin désormais, c'est d'une politique qui fasse preuve de constance. » Dans une interview accordée à AEF, Henri Verdier fait état des messages que le club des pôles mondiaux a transmis à la commission chargée de définir les priorités à retenir pour le grand emprunt lancé par le président de la République (AEF n°118585). Il plaide notamment pour « libérer les données publiques » afin de pouvoir créer de nouveaux services à valeur ajoutée comme vient de le faire la ville de San Francisco aux États-Unis. Le président de Cap Digital revient également sur les spécificités de l' « écosystème » de son pôle de compétitivité, dont l'ambition est de faire de l'Île-de-France « un lieu de recherche et de création industrielle aussi dynamique et aussi prospère que les meilleurs au monde ».
AEF : Quel regard portez-vous sur la manière dont est menée la politique en faveur des pôles de compétitivité ?
Henri Verdier : Je précise tout d'abord que les pôles de compétitivité mettent en oeuvre une politique publique. C'est la décision d'aborder le développement économique à travers la recherche-développement collaborative, et avec des outils de "community management", au sein de clusters thématiques qui ont la masse critique, la densité, la diversité et le dynamisme permettant d'atteindre l'excellence internationale. Et cette politique est menée avec les acteurs même de ces écosystèmes. Nous ne pouvons que nous en réjouir.
Si l'on pense à la suite, il sera nécessaire, à mon sens, de ne pas trop normaliser les pôles. Chaque pôle doit pouvoir évoluer pour continuer à incarner l'esprit de sa propre communauté. Les évaluations, par exemple, qui sont indispensables pour continuer à progresser, pourraient prendre la forme de « visiting committee », c’est-à-dire une délégation d’experts qui vient sur place plusieurs jours, puis rend un rapport très complet comprenant des critères objectifs, mais aussi par exemple un rapport d’étonnement ou des conseils pratiques.
Il me paraît important, aussi, que l’on ne réduise pas la quête de la compétitivité à la seule R&D : la compétitivité de nos entreprises exige aussi des capitaux, notamment aux deux phases cruciales de leur existence que sont la création puis la forte montée en puissance.
Au fond, même si nos équipes sont toutes saturées et pourraient être étoffées, les pôles de compétitivité ne demandent pas beaucoup plus ni beaucoup mieux que ce qui se fait déjà. Ce dont ils ont surtout besoin désormais, c’est d’une politique qui fasse preuve de constance pour permettre le déploiement de ces communautés.
AEF : Quel message le club des pôles mondiaux, dont Cap Digital fait partie, adresse-t-il à la commission du grand emprunt national ?
Henri Verdier : Le club des pôles mondiaux est un organe de concertation des dix-sept pôles mondiaux. En prévision du grand emprunt, ses membres ont été très sollicités, séparément ou collectivement. Nous nous réjouissons de cette écoute : un emprunt national n'a de sens que s'il oriente durablement l'économie vers une croissance soutenue. Or les pôles de compétitivité se consacrent entièrement à cet objectif. Il serait terriblement regrettable d'utiliser les fonds du grand emprunt pour tenter de soulager ou de sauvegarder provisoirement des modèles déclinants. La France peut légitimement prétendre au leadership dans de nombreux secteurs, notamment numériques. Nous espérons que le grand emprunt nous rapprochera de cet objectif.
AEF : Et en termes de propositions concrètes ?
Henri Verdier : Concrètement, il nous semble que le grand emprunt doit se fixer plusieurs objectifs. La recherche, l'éducation et la formation sont la base même de la société de la connaissance qui se dessine. Tous les investissements qui y seront consacrés ne pourront qu'être bénéfiques, surtout s'ils soutiennent au passage des évolutions urgentes : diffusion des outils et des pratiques numériques dans l'éducation, internationalisation des cursus des étudiants, etc. Nous devons aussi renforcer la logique d'écosystèmes d'excellence et de croissance qu'incarnent les pôles de compétitivité. Dans l'économie moderne, nul n'est une île. Ce sont des « clusters », rassemblant grandes entreprises et PME, recherche et finance, État et collectivités, qui s'affrontent. Même les entreprises les plus internationales veillent à s'implanter dans de tels clusters.
Au sein de ces écosystèmes, nous devons soutenir la croissance des PME qui explorent les nouveaux marchés à très fort potentiel de croissance. Soutenir ces PME ne signifie pas seulement aider leur implication dans la R&D. C'est aussi les capitaliser, par exemple sous la forme de prêts participatifs. Et c'est favoriser leur insertion dans un écosystème où elles interagissent de manière fructueuse avec les grands groupes et la recherche, publique comme privée.
AEF : Le pôle de compétitivité Cap Digital se focalise sur l'économie et la société numériques. Comment le grand emprunt pourrait-il aider à bien positionner la France dans ce domaine ?
Henri Verdier : Il faut soutenir la transformation industrielle en finançant de grandes plateformes d'innovation et de co-création. Les cinq pôles de compétitivité impliqués dans les TIC (technologies de l'information et de la communication) travaillent actuellement à la définition de dix plateformes de ce type qui pourraient permettre de prendre des positions structurantes sur des sujets comme le « cloud computing » [mise en commun des ressources et services informatiques à travers les réseaux], la sécurité des réseaux, la ville durable, etc. Mais le grand emprunt doit surtout permettre à la société et à l'économie françaises de jouer selon les règles du jeu de cette nouvelle économie. Aujourd'hui, les normes et standards, l'interopérabilité des systèmes, les « think-tanks » et fondations capables de produire du sens, les formats des bases de données ou l'ouverture des données publiques représentent des infrastructures aussi essentielles que les infrastructures publiques.
J'insiste particulièrement sur cette question des données publiques : les cartes, le cadastre, les données statistiques démographiques, de pollution, de santé, etc., sont une véritable mine d'or pour la société de la connaissance. Il faut libérer ces données – ce qui ne veut pas nécessairement dire les donner – et les rendre interopérables pour que les entreprises puissent en créer de nouveaux services à valeur ajoutée. La ville de San Francisco vient de le faire à travers le site DataSF. Des dizaines de start-up inventent déjà de nouveaux services à partir de ces données. On pourrait d'ailleurs s'intéresser aussi aux archives des entreprises – notamment des médias – dont on pourrait, de la même manière, se servir pour offrir des services nouveaux plutôt que de les laisser dormir.
AEF : En quoi le développement du numérique peut-il aider l'industrie française ?
Henri Verdier : Le numérique n'est pas un secteur industriel. C'est le moteur d'une transformation globale qui fonctionne comme une culture nouvelle, avec ses opportunités et ses menaces. Il menace notamment les systèmes fondés sur le maintien artificiel de la rareté. Mais il s'avère aussi être un excellent relais de compétitivité pour les grands groupes industriels qui l'utilisent pour renouveler leurs modes de production, leur stratégie commerciale voire leur offre même. Ce n'est pas un hasard si les États-Unis ont récemment décidé de consacrer 17 milliards de dollars aux « smart grids » [réseaux intelligents pour la distribution d'électricité] et 17 autres milliards de dollars à l'interopérabilité des systèmes d'information de la santé. Je pense que la France a tout intérêt à doper de tels sujets. Il me semble aussi que la question du « cloud computing » est fondamentale à la fois pour la compétitivité mais aussi l'indépendance de notre pays.
AEF : Qu'est-ce qui, selon vous, fait la particularité de Cap Digital par rapport aux autres pôles de compétitivité ?
Henri Verdier : Comme chaque pôle, Cap Digital incarne les spécificités de son propre secteur. Les contenus et services numériques, par exemple, se déploient dans un univers économique et technologique qui évolue ultra-rapidement. Nous sommes particulièrement attentifs à la Silicon Valley qui est quand même notre partenaire et adversaire préféré, même si nous regardons aussi d'autres clusters comme Montréal, Séoul, Los Angeles ou Boston.
Par ailleurs, Cap Digital ne s'est pas bâti à partir d'une filière industrielle préexistante. Il rassemble des communautés distinctes d'entreprises franciliennes qui interviennent dans des domaines a priori très atomisés : l'image, les jeux vidéo, le design numérique, les objets communicants, le logiciel libre… La force du pôle est d'avoir permis à plus de 500 entreprises – essentiellement des PME et des TPE – de se regrouper pour mieux travailler ensemble, et ainsi de faire émerger le numérique francilien comme un secteur industriel à part entière. Je suis convaincu que cet acquis perdurera indépendamment même du destin du pôle.
AEF : Comment arrive-t-on à organiser et animer une communauté aussi hétérogène ?
Henri Verdier : C'est d'abord la communauté qui utilise Cap Digital pour s'organiser. Nous sommes une association. Nous élaborons collectivement notre stratégie et nous élisons nos représentants. Un pôle qui fonctionne bien est l'organe de représentation et d'action collective d'un écosystème. Par ailleurs, le numérique fonctionne vraiment comme une nouvelle culture. Malgré notre diversité, nous nous sommes rencontrés et nous nous sommes compris beaucoup plus facilement qu'on aurait pu l'imaginer. Mais c'est aussi beaucoup de travail. Le pôle est animé par une équipe d'une douzaine de personnes qui se démènent pour fluidifier ce réseau et en faire émerger les projets de R&D.
AEF : A contrario, qu'est-ce qui vous rapproche des autres pôles de compétitivité ?
Henri Verdier : D'une manière générale, je crois que nous partageons tous les mêmes convictions : l'importance de la « coopétition », de la R&D collaborative, des rencontres du privé et du public, la confiance envers le potentiel d'innovation des PME et la conscience de l'importance des grands groupes dans ces écosystèmes. Je crois aussi que les attentes des adhérents aux pôles de compétitivité sont à peu près toujours les mêmes : les PME espèrent bénéficier d'introductions auprès des grands groupes, les TPE cherchent des financements et des clients, les PME de croissance veulent participer aux programmes de R&D aux côtés des grands groupes, les grands groupes sont en quête de nouvelles filières à développer et de sociétés performantes à racheter, et les collectivités territoriales sont ravies de déléguer l'analyse et l'expertise des projets. Les pôles de compétitivité sont en définitive à la fois le terreau et le ciment de tout cet écosystème de croissance.
AEF : Quelles sont vos priorités pour Cap Digital ?
Henri Verdier : Nous voulons réussir collectivement à faire en sorte que, en matière de contenus et de services numériques, la région Île-de-France soit véritablement un lieu de recherche et de création industrielle aussi dynamique et aussi prospère que les meilleurs au monde. Nos chercheurs et nos ingénieurs sont déjà du meilleur niveau mondial. Ceux qui partent dans la Silicon Valley y occupent les meilleures places. La question est de faire en sorte qu'il en aille ainsi des entreprises. Cap Digital ne le fera pas à la place des entreprises. Mais nous pouvons y contribuer, en renforçant les infrastructures et les coopérations, ou en valorisant la reconnaissance internationale de notre communauté.
jeudi, octobre 08, 2009
Le Grand emprunt doit faire entrer la France dans la société de la connaissance
Intervention devant la commission pour l'emprunt national
Crise financière et mutations économiques
La crise financière a frappé un monde économique en pleine mutation : mondialisation, dématérialisation, décentralisation, évolutions du travail, redéfinition des chaînes de valeur, communication ubiquitaire, accélération des échanges, technologies de l’intelligence ont créé, avant même la crise, un environnement en évolution très rapide, saturé d’opportunités et de menaces.
Le numérique est au centre de ces mutations :
· Profondes mutations du secteur des médias (délinéarisation, fragmentation, chaînes de valeur, UGC…) ;
· Redéfinition des secteurs de la distribution (personnalisation, simulation, désintermédiation) ;
· Nouvelle efficacité des approches d"open innovation" « low cost », rendues possibles par les modèles de développement basés sur l’open source, le mash up et les APIs ouvertes (Ce mouvement rend à la fois de nouvelles offres possibles mais en même temps la définition de business model rentable toujours plus difficile en mettant la pression sur les marges) ;
· Mutations de secteurs industriels renouvelés par l’informatique et les télécommunications (transport, énergie, urbanisme, santé…) ;
· Emergence de nouveaux marchés : industries de la connaissance, services personnalisés, etc.
Pour de nombreux analystes, ces transformations économiques sont en outre corrélées à de profondes transformations sociales (incluant de nouvelles aspirations : environnement, développement durable, transparence, participation…) qui, en particulier, affaiblissent durablement les modes de production, de commercialisation et de consommation qui ont caractérisé les sociétés industrielles du XXe Siècle. C’est ainsi que la chute spectaculaire de General Motors marque pour beaucoup la fin d’un certain modèle industriel bien plus qu’une simple conséquence de la crise des subprimes.
C’est pourquoi le « grand emprunt » ne doit pas seulement relancer l’économie, il doit surtout permettre de renouveler les politiques industrielles classiques et d’investir sur la fondation de cette nouvelle donne économique et sociale pour fonder les bases de la prospérité française dans une économie de la connaissance ouverte.
Il doit en particulier s’attacher à trois objectifs :
- Fonder, durablement, une « société de la connaissance »
- Renforcer la compétitivité des secteurs industriels en soutenant leur mutation numérique ;
- Soutenir les secteurs d’hypercroissance pour augmenter durablement la croissance globale ;
1- Faire entrer la France dans la « société de la connaissance »
L’économie de la connaissance n’est pas qu’un slogan. Production, stockage, distribution et chaînes de valeur sont bouleversés dans de nombreux secteurs, en un mouvement qui concerne le corps social dans son ensemble.
Les investissements issus du grand emprunt ne doivent donc pas seulement lancer des chantiers d’avenir : ils doivent contribuer à transformer notre économie pour l’adapter à cette nouvelle donne.
C’est ainsi que nous avons besoin d’investissements permettant de :
- renforcer l’ambition, l’attractivité et le rayonnement des centres de recherche, universités, écoles d’ingénieurs et de faire bénéficier le tissu économique de cette excellence ;
- continuer à soutenir la diffusion du numérique, mais aussi de ses méthodes et de ses valeurs (créativité, travail collaboratif, recherche personnelle, ouverture et interopérabilité) dans l’ensemble du système éducatif ;
- moderniser et numériser l’administration, notamment dans ses rapports avec l’entreprise, non seulement pour accroître la vitesse et l’efficacité de ces services, mais aussi pour leur valeur d’exemplarité.
Tous les investissements qui renforceront la qualité de la recherche et de l’enseignement supérieur, la diffusion des pratiques numériques dans l’Education nationale et l’optimisation des relations avec l’administration seront porteurs de relance, non seulement du fait de leur efficacité directe, mais aussi par leur valeur d’exemplarité.
L’économie de la connaissance se déploie, à bien des égards, comme une culture nouvelle avec des valeurs, des principes et des méthodes qui lui sont propres. Cette culture est riche de potentialités, mais aussi de menaces pour les sociétés et les citoyens. Or, à bien des égards, la source de cette culture est encore américaine. La France, qui avait pourtant joué un rôle pionnier avec des institutions comme la CNIL ou le CCNE semble aujourd’hui absente de ces débats internationaux. Il est essentiel de soutenir l’émergence de débats public et d’élaborations conceptuelles portant sur des thématiques aussi essentielles que l’identité numérique, le statut des données personnelles, les nouvelles formes de valeur économiques, la sécurité et la confiance dans l’économie numérique, etc.
Un soutien au financement de Fondations et Think Tank permettant d’élaborer puis de promouvoir des positions françaises sur les questions centrales à la société de la connaissance semble déterminant.
L’un des principaux aspects de la transformation numérique tient au fait qu’il existe désormais, à côté des infrastructures matérielles, des infrastructures immatérielles, voire « logiques », aussi déterminantes pour la prospérité économique que les infrastructures anciennes : normes, standards, formats de données, bases de données…
Il semble à cet égard essentiel de voire figurer dans ce plan d’investissement :
· L’interopérabilité et l’ouverture des données publiques. La question de la libération des données publiques est devenue essentielle pour les chercheurs et les start-ups : les systèmes d’information (santé, urbanisme, pollution, météo…) représentent aujourd’hui une matière première exceptionnelle pour de très nombreuses entreprises .
· Un effort significatif sur l’implication française dans les débats internationaux de normalisation, standardisation et gouvernance du net, et sur l’établissement de consensus nationaux sous-tendant cette participation .
2- Utiliser le levier numérique pour renforcer la compétitivité
Le numérique, souvent perçu comme un facteur de risque, est un important levier de compétitivité industrielle.
Le plan de relance américain fait ainsi appel au numérique pour passer, avec la même infrastructure physique, d’un réseau énergétique obsolète à un réseau électrique intelligent, auto-organisé, bidirectionnel et hyper-performant (20 Milliards de $ sur le smart grid). De même, il recourt au numérique pour bâtir un système d’information de santé permettant non seulement la mise en place d’une sécurité sociale universelle, mais aussi la création de nombreuses activités à très forte valeur ajoutée (17 milliards).
En France, même si nos infrastructures sont meilleures, un tel projet aurait un impact significatif sur la consommation énergétique globale et sur le déploiement des énergies renouvelables. De plus, nous pouvons rechercher ce type de projets structurants, intégrateurs d’innovations et disruptifs, dans des secteurs où nous avons un réel potentiel de prise de positions de leadership :
· Ecosystème des industries de création et notamment image 3D, jeu vidéo, cinéma, e-learning, serious game ;
· Nouveaux modes collaboratifs d’interaction et de création, télétravail, murs d’écrans
· Maison digitale (économie d’énergie, nouvelles formes de communication, services et médias, lien social),
· Villes intelligentes, posant de manière renouvelée les questions d’urbanisme, de transport, d’énergie, de communications, de mobilisation et de participation citoyenne.
· Services pour la santé (télémédecine, DMP, Medecine 2.0) et plus généralement services à la personne : il est possible, non seulement d’optimiser l’efficacité et la productivité du système de santé, mais encore de créer d’innombrables services à très haute valeur ajoutée sur un marché déjà existant ;
· Transports, route intelligente, véhicule électrique (les TIC joueront un rôle clé dans la gestion de l’infrastructure de recharge/échange de batteries)
· Internet des objets, qui sera une technologie structurante avec des applications dans de nombreux secteurs industriels , commerciaux et pour la maison intelligente , la ville durable
· Internet mobile, avec notamment les services géolocalisés de proximité
· La communication généralisée (mobile, en consommation de média, en parallèle avec toutes les autres applications
· technologies vertes, dans lesquelles capteurs, senseurs et logiciels d’optimisation auront un rôle central.
· Cloud Computing et virtualisation des infrastructures ;
Le grand emprunt devrait, sur plusieurs de ces chantiers essentiels, financer de grands projets de recherche/développement porteurs de ruptures, intégrateurs et structurants, allant jusqu’au déploiement de plate-formes d’innovation et d’infrastructures pérennes.
Ce financement peut prendre la forme de grands projets à objectif ambitieux et intégrateur (infrastructure de cloud computing de premier rang mondial, par exemple), ou de plate-formes de recherche dans l’esprit de certains projets actuellement soutenus par le FUI.
Le financement de ces programmes à travers les fondations pour la recherche semble une excellente option, susceptible de draîner des financements privés au côté de l’investissement public.
Sans préjudice d’autres programmes concernant d’autres secteurs économiques, Cap Digital soutiendrait en particulier le lancement de programmes de recherche collaborative ambitieux sur les secteurs suivant :
- Contenus intelligents, filière image, animation 3D et mediacomputing, avec un effort considérable de formation, en considération du rang de la France dans ces industries et de leur potentiel d’hypercroissance dans les années à venir ;
- Maison digitale, parce que le domicile est aujourd’hui la cellule de base de la société numérique, et qu’un tel chantier intégrerait, autour d’objectifs concrets et porteurs de croissance, les réflexions sur l’information, le très haut débit, l’énergie, le développement soutenable et la communication / citoyenneté ;
- Cité intelligente et durable, parce que seul le numérique permettra d’intégrer, avec une efficacité accrue, les besoins de transport intelligent, d’économies d’énergie, de participation citoyenne, de services géolocalisés et personnalisés qui fonderont demain les « smart cities »
- TIC et santé, parce que le potentiel d’amélioration de la qualité des soins, d’optimisation des dépenses est majeur, parce que le marché est déjà présent et parce que la France va affronter, plus tôt que d’autres pays, la question de la longue vie, mais sera ensuite en position d’exporter nombre de services et de solutions dans le monde entier.
- Internet des objets : parce que cette nouvelle révolution porte un potentiel quasiment infini de services à très haute valeur ajoutée et qu’il n’existe à ce jour aucune position de leadership mondial.
Sur certains projets porteurs d’innovation sociale, il sera important de soutenir la création de plateformes d’intégration des services & usages, pour les tester, les valider et entrer dans une phase de co-innovation avec les usagers. On souhaiterait que le grand emprunt, en dehors d’augmenter des fonds de financement des projets collaboratifs sur le modèle actuel, permette aussi de financer (au sein d’un organisme public pour des questions d’investissement) des plateformes qui ensuite seraient mises à disposition aux partenaires. On peut aussi imaginer des tests en grandeur réelle et plus structurants ( « smart cities »).
Tous ces projets structurants ne pourront se déployer qu’en s’appuyant sur le déploiement effectif et généralisé d’une infrastructure à haut puis très haut débit. Mais il serait regrettable que le grand emprunt se focalise excessivement sur cette question: l'infra structure haut débit existante permet de répondre à un prix très compétitif aux besoins des nouveaux services émergents.
3- Soutenir l’hypercroissance
Au delà de cet indispensable soutien aux secteurs industriels en voie de transformation rapide, il est indispensable, pour atteindre une croissance durable, de positionner une fraction significative des activités de la France sur des secteurs en forte croissance.
Or, les secteurs d’hypercroissance sont rares, et généralement hautement technologiques : énergies renouvelables, environnement, et, naturellement, numérique.
Le secteur numérique est l’un de ces secteurs. Il dépasse largement le cadre de l’Internet. A la rencontre des industries de l’informatique et des télécommunications et des industries de l’information, éducation et divertissement , ilenglobe les contenus digitaux (images, jeux vidéos, services mobiles), le traitement des signaux, de l’information et de la connaissance, la téléphonie mobile et l’ensemble des applications à très forte valeur ajoutée qui se développent autour des capteurs et senseurs, de la géolocalisation et des communications sans contact.
Avec l’augmentation continue de la puissance des puces, l’« informatique » pénètre tous les objets de la vie quotidienne . Quant aux télécommunications, elles concernent désormais toutes sortes de services (personnalisés, géolocalisés, machine to machine) où le numérique ouvre un potentiel de création quasi infini. A la rencontre de ces deux secteurs, les contenus et services numériques représentent 60% des investissements et ont une croissance annuelle de 20 % . D’autres secteurs émergent aujourd’hui, avec un potentiel extraordinaire : internet mobile, services mobiles, internet des objets, robotique, serious game…
C’est pourquoi au Japon, un tiers du plan de relance est consacré à l’industrie des contenus prise au sens global : musique, cinéma, télévision, jeu vidéo, télécoms. De nombreuses initiatives sont mises en œuvre pour pousser les industriels japonais à se regrouper en mettant l’accent sur la double finalité économique et culturelle de cette industrie.
Or, la France a de nombreux atouts dans cette économie : infrastructures, éducation, grandes entreprises très internationalisées, entrepreneurs, fiscalité de l’innovation. Sur de nombreux secteurs, elle a conservé de très bonnes positions dans les télécommunications, le logiciel (notamment le logiciel libre), l’image 3D et les effets spéciaux, les jeux vidéos ou les services mobiles, secteurs qui sont désormais situés sur la ligne de front de la guerre économique.
La région Ile de France est, d’après la Commission européenne, la région d’Europe la plus dense en emplois sur les secteurs numériques, avec plus de 100 000 emplois dans le secteur de l’audiovisuel (soit ½ Hollywood) et plus de 400 000 emplois supplémentaires dans les technologies de l’information et de la communication.
La France a tout le potentiel pour installer durablement des industries solides sur ces secteurs d’hypercroissance.
Les acteurs de la transformation sont généralement les PME, flexibles, mobiles et adaptables. Elles ont besoin, pour réussir, de s’insérer dans un écosystème de croissance, riche en grandes entreprises et en recherche publique et privée, capable de financer leur développement et donc offrant en particulier des possibilités de sortie aux investisseurs.
En structurant ces écosystèmes les pôles de compétitivité sont une première réponse à cette problématique. Il faut maintenant étendre ces méthodes et passer à la vitesse supérieure.
De nouvelles mesures, plus spécifiquement dédiées aux PME de croissance, accélèreraient ce développement :
· Créer des fonds de préamorçage avant de permettre la maturation des projets de création d’entreprise, flécher les exonérations d’ISF prévues par la loi TEPA sur les secteurs technologiques et de croissance ;
· Soutenir les PME de croissance qui ont plus de mal à trouver leurs fonds propres, par exemple grâce à des prêts participatifs à taux préférentiel ;.
· Accélérer la mise sur le marché des innovations des PME, notamment par la commande publique ;
· Poursuivre la structuration des écosystèmes de croissance : faciliter l’accès des PME aux grands comptes et à la commande publique, combler le fossé croissant entre PME et grands groupes et continuer à susciter l’implication de la recherche privée de ces grands groupes, de la recherche publique et des financeurs dans ces écosystèmes. Et avant tout soutenir l’ambition internationale de ces écosystèmes.
Crise financière et mutations économiques
La crise financière a frappé un monde économique en pleine mutation : mondialisation, dématérialisation, décentralisation, évolutions du travail, redéfinition des chaînes de valeur, communication ubiquitaire, accélération des échanges, technologies de l’intelligence ont créé, avant même la crise, un environnement en évolution très rapide, saturé d’opportunités et de menaces.
Le numérique est au centre de ces mutations :
· Profondes mutations du secteur des médias (délinéarisation, fragmentation, chaînes de valeur, UGC…) ;
· Redéfinition des secteurs de la distribution (personnalisation, simulation, désintermédiation) ;
· Nouvelle efficacité des approches d"open innovation" « low cost », rendues possibles par les modèles de développement basés sur l’open source, le mash up et les APIs ouvertes (Ce mouvement rend à la fois de nouvelles offres possibles mais en même temps la définition de business model rentable toujours plus difficile en mettant la pression sur les marges) ;
· Mutations de secteurs industriels renouvelés par l’informatique et les télécommunications (transport, énergie, urbanisme, santé…) ;
· Emergence de nouveaux marchés : industries de la connaissance, services personnalisés, etc.
Pour de nombreux analystes, ces transformations économiques sont en outre corrélées à de profondes transformations sociales (incluant de nouvelles aspirations : environnement, développement durable, transparence, participation…) qui, en particulier, affaiblissent durablement les modes de production, de commercialisation et de consommation qui ont caractérisé les sociétés industrielles du XXe Siècle. C’est ainsi que la chute spectaculaire de General Motors marque pour beaucoup la fin d’un certain modèle industriel bien plus qu’une simple conséquence de la crise des subprimes.
C’est pourquoi le « grand emprunt » ne doit pas seulement relancer l’économie, il doit surtout permettre de renouveler les politiques industrielles classiques et d’investir sur la fondation de cette nouvelle donne économique et sociale pour fonder les bases de la prospérité française dans une économie de la connaissance ouverte.
Il doit en particulier s’attacher à trois objectifs :
- Fonder, durablement, une « société de la connaissance »
- Renforcer la compétitivité des secteurs industriels en soutenant leur mutation numérique ;
- Soutenir les secteurs d’hypercroissance pour augmenter durablement la croissance globale ;
1- Faire entrer la France dans la « société de la connaissance »
L’économie de la connaissance n’est pas qu’un slogan. Production, stockage, distribution et chaînes de valeur sont bouleversés dans de nombreux secteurs, en un mouvement qui concerne le corps social dans son ensemble.
Les investissements issus du grand emprunt ne doivent donc pas seulement lancer des chantiers d’avenir : ils doivent contribuer à transformer notre économie pour l’adapter à cette nouvelle donne.
C’est ainsi que nous avons besoin d’investissements permettant de :
- renforcer l’ambition, l’attractivité et le rayonnement des centres de recherche, universités, écoles d’ingénieurs et de faire bénéficier le tissu économique de cette excellence ;
- continuer à soutenir la diffusion du numérique, mais aussi de ses méthodes et de ses valeurs (créativité, travail collaboratif, recherche personnelle, ouverture et interopérabilité) dans l’ensemble du système éducatif ;
- moderniser et numériser l’administration, notamment dans ses rapports avec l’entreprise, non seulement pour accroître la vitesse et l’efficacité de ces services, mais aussi pour leur valeur d’exemplarité.
Tous les investissements qui renforceront la qualité de la recherche et de l’enseignement supérieur, la diffusion des pratiques numériques dans l’Education nationale et l’optimisation des relations avec l’administration seront porteurs de relance, non seulement du fait de leur efficacité directe, mais aussi par leur valeur d’exemplarité.
L’économie de la connaissance se déploie, à bien des égards, comme une culture nouvelle avec des valeurs, des principes et des méthodes qui lui sont propres. Cette culture est riche de potentialités, mais aussi de menaces pour les sociétés et les citoyens. Or, à bien des égards, la source de cette culture est encore américaine. La France, qui avait pourtant joué un rôle pionnier avec des institutions comme la CNIL ou le CCNE semble aujourd’hui absente de ces débats internationaux. Il est essentiel de soutenir l’émergence de débats public et d’élaborations conceptuelles portant sur des thématiques aussi essentielles que l’identité numérique, le statut des données personnelles, les nouvelles formes de valeur économiques, la sécurité et la confiance dans l’économie numérique, etc.
Un soutien au financement de Fondations et Think Tank permettant d’élaborer puis de promouvoir des positions françaises sur les questions centrales à la société de la connaissance semble déterminant.
L’un des principaux aspects de la transformation numérique tient au fait qu’il existe désormais, à côté des infrastructures matérielles, des infrastructures immatérielles, voire « logiques », aussi déterminantes pour la prospérité économique que les infrastructures anciennes : normes, standards, formats de données, bases de données…
Il semble à cet égard essentiel de voire figurer dans ce plan d’investissement :
· L’interopérabilité et l’ouverture des données publiques. La question de la libération des données publiques est devenue essentielle pour les chercheurs et les start-ups : les systèmes d’information (santé, urbanisme, pollution, météo…) représentent aujourd’hui une matière première exceptionnelle pour de très nombreuses entreprises .
· Un effort significatif sur l’implication française dans les débats internationaux de normalisation, standardisation et gouvernance du net, et sur l’établissement de consensus nationaux sous-tendant cette participation .
2- Utiliser le levier numérique pour renforcer la compétitivité
Le numérique, souvent perçu comme un facteur de risque, est un important levier de compétitivité industrielle.
Le plan de relance américain fait ainsi appel au numérique pour passer, avec la même infrastructure physique, d’un réseau énergétique obsolète à un réseau électrique intelligent, auto-organisé, bidirectionnel et hyper-performant (20 Milliards de $ sur le smart grid). De même, il recourt au numérique pour bâtir un système d’information de santé permettant non seulement la mise en place d’une sécurité sociale universelle, mais aussi la création de nombreuses activités à très forte valeur ajoutée (17 milliards).
En France, même si nos infrastructures sont meilleures, un tel projet aurait un impact significatif sur la consommation énergétique globale et sur le déploiement des énergies renouvelables. De plus, nous pouvons rechercher ce type de projets structurants, intégrateurs d’innovations et disruptifs, dans des secteurs où nous avons un réel potentiel de prise de positions de leadership :
· Ecosystème des industries de création et notamment image 3D, jeu vidéo, cinéma, e-learning, serious game ;
· Nouveaux modes collaboratifs d’interaction et de création, télétravail, murs d’écrans
· Maison digitale (économie d’énergie, nouvelles formes de communication, services et médias, lien social),
· Villes intelligentes, posant de manière renouvelée les questions d’urbanisme, de transport, d’énergie, de communications, de mobilisation et de participation citoyenne.
· Services pour la santé (télémédecine, DMP, Medecine 2.0) et plus généralement services à la personne : il est possible, non seulement d’optimiser l’efficacité et la productivité du système de santé, mais encore de créer d’innombrables services à très haute valeur ajoutée sur un marché déjà existant ;
· Transports, route intelligente, véhicule électrique (les TIC joueront un rôle clé dans la gestion de l’infrastructure de recharge/échange de batteries)
· Internet des objets, qui sera une technologie structurante avec des applications dans de nombreux secteurs industriels , commerciaux et pour la maison intelligente , la ville durable
· Internet mobile, avec notamment les services géolocalisés de proximité
· La communication généralisée (mobile, en consommation de média, en parallèle avec toutes les autres applications
· technologies vertes, dans lesquelles capteurs, senseurs et logiciels d’optimisation auront un rôle central.
· Cloud Computing et virtualisation des infrastructures ;
Le grand emprunt devrait, sur plusieurs de ces chantiers essentiels, financer de grands projets de recherche/développement porteurs de ruptures, intégrateurs et structurants, allant jusqu’au déploiement de plate-formes d’innovation et d’infrastructures pérennes.
Ce financement peut prendre la forme de grands projets à objectif ambitieux et intégrateur (infrastructure de cloud computing de premier rang mondial, par exemple), ou de plate-formes de recherche dans l’esprit de certains projets actuellement soutenus par le FUI.
Le financement de ces programmes à travers les fondations pour la recherche semble une excellente option, susceptible de draîner des financements privés au côté de l’investissement public.
Sans préjudice d’autres programmes concernant d’autres secteurs économiques, Cap Digital soutiendrait en particulier le lancement de programmes de recherche collaborative ambitieux sur les secteurs suivant :
- Contenus intelligents, filière image, animation 3D et mediacomputing, avec un effort considérable de formation, en considération du rang de la France dans ces industries et de leur potentiel d’hypercroissance dans les années à venir ;
- Maison digitale, parce que le domicile est aujourd’hui la cellule de base de la société numérique, et qu’un tel chantier intégrerait, autour d’objectifs concrets et porteurs de croissance, les réflexions sur l’information, le très haut débit, l’énergie, le développement soutenable et la communication / citoyenneté ;
- Cité intelligente et durable, parce que seul le numérique permettra d’intégrer, avec une efficacité accrue, les besoins de transport intelligent, d’économies d’énergie, de participation citoyenne, de services géolocalisés et personnalisés qui fonderont demain les « smart cities »
- TIC et santé, parce que le potentiel d’amélioration de la qualité des soins, d’optimisation des dépenses est majeur, parce que le marché est déjà présent et parce que la France va affronter, plus tôt que d’autres pays, la question de la longue vie, mais sera ensuite en position d’exporter nombre de services et de solutions dans le monde entier.
- Internet des objets : parce que cette nouvelle révolution porte un potentiel quasiment infini de services à très haute valeur ajoutée et qu’il n’existe à ce jour aucune position de leadership mondial.
Sur certains projets porteurs d’innovation sociale, il sera important de soutenir la création de plateformes d’intégration des services & usages, pour les tester, les valider et entrer dans une phase de co-innovation avec les usagers. On souhaiterait que le grand emprunt, en dehors d’augmenter des fonds de financement des projets collaboratifs sur le modèle actuel, permette aussi de financer (au sein d’un organisme public pour des questions d’investissement) des plateformes qui ensuite seraient mises à disposition aux partenaires. On peut aussi imaginer des tests en grandeur réelle et plus structurants ( « smart cities »).
Tous ces projets structurants ne pourront se déployer qu’en s’appuyant sur le déploiement effectif et généralisé d’une infrastructure à haut puis très haut débit. Mais il serait regrettable que le grand emprunt se focalise excessivement sur cette question: l'infra structure haut débit existante permet de répondre à un prix très compétitif aux besoins des nouveaux services émergents.
3- Soutenir l’hypercroissance
Au delà de cet indispensable soutien aux secteurs industriels en voie de transformation rapide, il est indispensable, pour atteindre une croissance durable, de positionner une fraction significative des activités de la France sur des secteurs en forte croissance.
Or, les secteurs d’hypercroissance sont rares, et généralement hautement technologiques : énergies renouvelables, environnement, et, naturellement, numérique.
Le secteur numérique est l’un de ces secteurs. Il dépasse largement le cadre de l’Internet. A la rencontre des industries de l’informatique et des télécommunications et des industries de l’information, éducation et divertissement , ilenglobe les contenus digitaux (images, jeux vidéos, services mobiles), le traitement des signaux, de l’information et de la connaissance, la téléphonie mobile et l’ensemble des applications à très forte valeur ajoutée qui se développent autour des capteurs et senseurs, de la géolocalisation et des communications sans contact.
Avec l’augmentation continue de la puissance des puces, l’« informatique » pénètre tous les objets de la vie quotidienne . Quant aux télécommunications, elles concernent désormais toutes sortes de services (personnalisés, géolocalisés, machine to machine) où le numérique ouvre un potentiel de création quasi infini. A la rencontre de ces deux secteurs, les contenus et services numériques représentent 60% des investissements et ont une croissance annuelle de 20 % . D’autres secteurs émergent aujourd’hui, avec un potentiel extraordinaire : internet mobile, services mobiles, internet des objets, robotique, serious game…
C’est pourquoi au Japon, un tiers du plan de relance est consacré à l’industrie des contenus prise au sens global : musique, cinéma, télévision, jeu vidéo, télécoms. De nombreuses initiatives sont mises en œuvre pour pousser les industriels japonais à se regrouper en mettant l’accent sur la double finalité économique et culturelle de cette industrie.
Or, la France a de nombreux atouts dans cette économie : infrastructures, éducation, grandes entreprises très internationalisées, entrepreneurs, fiscalité de l’innovation. Sur de nombreux secteurs, elle a conservé de très bonnes positions dans les télécommunications, le logiciel (notamment le logiciel libre), l’image 3D et les effets spéciaux, les jeux vidéos ou les services mobiles, secteurs qui sont désormais situés sur la ligne de front de la guerre économique.
La région Ile de France est, d’après la Commission européenne, la région d’Europe la plus dense en emplois sur les secteurs numériques, avec plus de 100 000 emplois dans le secteur de l’audiovisuel (soit ½ Hollywood) et plus de 400 000 emplois supplémentaires dans les technologies de l’information et de la communication.
La France a tout le potentiel pour installer durablement des industries solides sur ces secteurs d’hypercroissance.
Les acteurs de la transformation sont généralement les PME, flexibles, mobiles et adaptables. Elles ont besoin, pour réussir, de s’insérer dans un écosystème de croissance, riche en grandes entreprises et en recherche publique et privée, capable de financer leur développement et donc offrant en particulier des possibilités de sortie aux investisseurs.
En structurant ces écosystèmes les pôles de compétitivité sont une première réponse à cette problématique. Il faut maintenant étendre ces méthodes et passer à la vitesse supérieure.
De nouvelles mesures, plus spécifiquement dédiées aux PME de croissance, accélèreraient ce développement :
· Créer des fonds de préamorçage avant de permettre la maturation des projets de création d’entreprise, flécher les exonérations d’ISF prévues par la loi TEPA sur les secteurs technologiques et de croissance ;
· Soutenir les PME de croissance qui ont plus de mal à trouver leurs fonds propres, par exemple grâce à des prêts participatifs à taux préférentiel ;.
· Accélérer la mise sur le marché des innovations des PME, notamment par la commande publique ;
· Poursuivre la structuration des écosystèmes de croissance : faciliter l’accès des PME aux grands comptes et à la commande publique, combler le fossé croissant entre PME et grands groupes et continuer à susciter l’implication de la recherche privée de ces grands groupes, de la recherche publique et des financeurs dans ces écosystèmes. Et avant tout soutenir l’ambition internationale de ces écosystèmes.
mardi, septembre 29, 2009
Qu'est-ce qu'une politique d'innovation ?
Petite intervention ce jour à l'invitation de Marc Giget à une journée consacrée à l'innovation à l'Echangeur.
jeudi, juillet 16, 2009
Préparer la société numérique
Plus de 10 millions de chercheurs dans le monde publient plus de 5 millions d’articles et près d’un million de brevets par an. Dans quelques années, les murs d’images, les services géolocalisés, le web réellement sémantique, les objets intelligents, les nanotechnologies, ou les dialogues entre avatars intelligents seront d’usage quotidien.
Internet, moteur de ce mouvement, sort du réseau et des ordinateurs et devient un réseau global, une « infosphère », conjuguant de nombreux moyens de télécommunication, d’immenses archives, d’innombrables objets connectés, des milliards de capteurs et de senseurs et rassemblant bientôt plus de deux milliards d’humains.
Internet, moteur de ce mouvement, sort du réseau et des ordinateurs et devient un réseau global, une « infosphère », conjuguant de nombreux moyens de télécommunication, d’immenses archives, d’innombrables objets connectés, des milliards de capteurs et de senseurs et rassemblant bientôt plus de deux milliards d’humains.
vendredi, juin 05, 2009
Ce Monde que nous allons bâtir
(Interview au Figaro du 5 juin 2009)
Nous n'avons encore rien vu.
Les technologies de l'intelligence se répandent, quittent les écrans, relient des dizaines d'objets non électroniques, se personnalisent, se géolocalisent. Bientôt, elles quitteront les objets eux-mêmes pour investir le monde entier. L'écran va disparaître pour faire place au tridimensionnel, à l'interaction de machine à machine comme dans les moteurs de recherche, ou d'humain à humain comme dans les réseaux sociaux.
TRIBUNE - Henri Verdier est le président du Conseil d'administration de Cap Digital, le pôle de compétitivité des contenus et services numériques. Il présente Futur en Seine, une nouvelle manifestation qui a vocation à devenir une «biennale du numérique».
Nous n'avons encore rien vu.
Les technologies de l'intelligence se répandent, quittent les écrans, relient des dizaines d'objets non électroniques, se personnalisent, se géolocalisent. Bientôt, elles quitteront les objets eux-mêmes pour investir le monde entier. L'écran va disparaître pour faire place au tridimensionnel, à l'interaction de machine à machine comme dans les moteurs de recherche, ou d'humain à humain comme dans les réseaux sociaux.
jeudi, avril 30, 2009
Rapport moral à l'Assemblée générale de Cap Digital pour l'exercice 2008
J'ai le plaisir de vous présenter le rapport moral présenté ce jour à l'Assemblée générale de Cap Digital :
Mesdames et messieurs les adhérents,
Il me revient de vous rendre compte aujourd'hui du troisième exercice de notre association, au vu des missions que nous nous sommes données lors de la création de notre association, et que nous avons précisées dans le cadre de notre plan stratégique 2009-2012.
Ayant été élu à la présidence du Conseil d’administration de Cap Digital en septembre dernier, et donc vers la fin de cet exercice 2008, je peux vous dire que je trouve ce bilan remarquable, et souligner que c’est en très large part le bilan de Jean-Pierre Cottet, le premier président de Cap Digital.
Jean-Pierre a souhaité passer le témoin à l’issue de cette phase de création du pôle et d’une évaluation nationale très favorable. C’est lui qui a réussi à créer un véritable esprit collectif et chaleureux à ce qui était initialement un regroupement de professionnels parfois enfermés dans leurs secteurs, souvent rudement concurrents. C’est lui aussi qui a permis à notre secteur des industries de la création numérique de devenir un interlocuteur aussi crédible que les secteurs industriels plus anciens ou plus « matériels ».
Nous l’en remercions, et nous réjouirons de le retrouver dans de prochaines collaborations.
Je voudrais dire aussi combien nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur une équipe talentueuse, qui ne ménage pas sa peine, et qui n’oublie jamais que sa mission est avant tout de se mettre au service des projets des membres : entreprises et établissements publics de recherche.
L’objectif de Cap Digital est clair : soutenir nos entreprises et nos laboratoires afin que Paris et sa Région soient l'un des centres mondiaux significatifs en matière d'industries de la création numérique. C’est en regard de cet objectif que je souhaite vous présenter les principaux éléments de notre bilan 2009.
Vie de l'association
o Réorganisation de l’association, pour dynamiser à la fois le processus projets et l’animation des communautés thématiques, en créant trois commissions techniques en charge de la labellisation ( contenus, services et connaissances) et neuf communautés de domaine (Jeu vidéo, Design numérique, Patrimoine numérique, Image Son et Interactivité, Robotique et objets communicants, Éducation et Formation numérique, Services et usages, Ingénierie des connaissances, Logiciel libre, coopération et nouveaux modèles.)
o Préparation intensive du lancement du plan filière, qui nous permet de dynamiser les services de soutien à la croissance des entreprises autres que le financement de la R&D – formations, rencontres, voyages, think tank). Préparation du projet Futur en Seine qui va nous permettre, dans un mois, de monter en Ile de France un grand événement populaire et festif centré sur les technologies, la prospective et les savoir-faire de nos entreprises et de nos laboratoires.
Voici les résultats de Cap Digital, tous appels confondus, sur les deux dernières années :
Nb de projets reçus Nb de projets labellisés Nb de projets financés Montant financements (Meuros)
Notre association a donc réussi la première étape de son projet. Une communauté francilienne des industries et laboratoires de la création numérique se met en place. Elle stimule l’effort de R&D et bénéficie d’un soutien sans faille des pouvoirs publics, Etat et Région. Nous pouvons nous en féliciter, mais nous devons également préparer la deuxième étape.
Sans commencer aujourd’hui un pré-rapport 2009, je voudrais dire ce matin que la confiance de nos adhérents et de nos financeurs nous donne aujourd’hui un devoir d’excellence.
La crise mondiale vulnérabilise les entreprises qui dépendent de la publicité, ralentit certains de ceux qui travaillent en B to B et pourrait toucher un jour les producteurs de contenus grand public.
La reprise, sera, à l’évidence, marquée par un rapide bond en avant des industries de la création numérique, mais aussi, très probablement, par une fécondation d’autres secteurs industriels (Santé, services à la personne, transport, énergie) par nos outils et nos métiers.
Internet des objets, géolocalisation, cloud computing, rendering, interfaces in real life… De nombreux sujets nous concernent aujourd’hui qui n’étaient que des questions prospectives il y a quatre ans. Ce seront les moteurs de la nouvelle croissance.
Nous devons donc faire preuve de solidarité pendant cette période – autant entre les membres de Cap Digital qu’entre Cap Digital et les institutions importantes pour notre communauté -, pour maintenir la qualité de notre écosystème. Nous devons être prêts à saisir les prochaines vagues. Nous devons donc concevoir des projets de recherche exigeants qui nous placent réellement dans les meilleurs au niveau mondial.
Nous devons travailler ensemble à l’analyse prospective et stratégique.
Nous devons soutenir la création de communautés de domaine fortes et capables de rayonnement international.
Conclusion
Je voudrais donc conclure en rappelant nos quatre défis pour cette année 2009 :
Je vous remercie.
Henri Verdier
Mesdames et messieurs les adhérents,
Il me revient de vous rendre compte aujourd'hui du troisième exercice de notre association, au vu des missions que nous nous sommes données lors de la création de notre association, et que nous avons précisées dans le cadre de notre plan stratégique 2009-2012.
Ayant été élu à la présidence du Conseil d’administration de Cap Digital en septembre dernier, et donc vers la fin de cet exercice 2008, je peux vous dire que je trouve ce bilan remarquable, et souligner que c’est en très large part le bilan de Jean-Pierre Cottet, le premier président de Cap Digital.
Jean-Pierre a souhaité passer le témoin à l’issue de cette phase de création du pôle et d’une évaluation nationale très favorable. C’est lui qui a réussi à créer un véritable esprit collectif et chaleureux à ce qui était initialement un regroupement de professionnels parfois enfermés dans leurs secteurs, souvent rudement concurrents. C’est lui aussi qui a permis à notre secteur des industries de la création numérique de devenir un interlocuteur aussi crédible que les secteurs industriels plus anciens ou plus « matériels ».
Nous l’en remercions, et nous réjouirons de le retrouver dans de prochaines collaborations.
Je voudrais dire aussi combien nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur une équipe talentueuse, qui ne ménage pas sa peine, et qui n’oublie jamais que sa mission est avant tout de se mettre au service des projets des membres : entreprises et établissements publics de recherche.
L’objectif de Cap Digital est clair : soutenir nos entreprises et nos laboratoires afin que Paris et sa Région soient l'un des centres mondiaux significatifs en matière d'industries de la création numérique. C’est en regard de cet objectif que je souhaite vous présenter les principaux éléments de notre bilan 2009.
Vie de l'association
- L’audience de Cap Digital continue de croître. Le nombre d’adhérents à jour de cotisation est ainsi passé de 278 en 2006 (dont 215 PME), 286 en 2007, dont 213 PME, 318 en 2008, dont 246 PME.
- Plus intéressant, le taux de départ reste raisonnable : sur près de 380 inscrits, seules 14 entreprises ont notifié leur désir de quitter le pôle, une quarantaine ne sont pas à jour de cotisations.
- Les premiers éléments 2009 montrent que cette tendance devrait s’amplifier, puisque nous avons accueilli 50 nouveaux membres hier, près de 70 depuis la rentrée.
- Les membres de Cap Digital bénéficient des services du pôle, puisqu’en trois ans, plus de 225 membres ont obtenu au moins un label (et donc un soutien). Près de la moitié des membres de Cap Digital sont actuellement participants à au moins un projet, 3/4 des PME.
- Les relations de Cap Digital avec les pouvoirs publics et les décideurs politiques sont excellentes, comme en témoignent les soutiens affirmés de la Région, de la ville de Paris et des départements de l’Ile de France. Cette bonne relation, qui s’est marquée en 2008 par la visite de François Fillon à notre Assemblée générale de février (et en 2009 par la première visite officielle de Nathalie Koszuisko-Morizet), permet à Cap Digital de relayer efficacement les enjeux numériques auprès des décideurs, comme en témoigne la prise en compte de la contribution de Cap Digital au Contrat de plan Etat-Région.
- L’audit national des pôles, effectué à la demande du ministère de l’économie, des finances et de l’industrie, a classé Cap Digital dans les pôles ayant atteint leurs missions et nous a réservé des appréciations très élogieuses.
- Même si ces premiers éléments sont encourageants, Cap Digital a poursuivi sa structuration :
o Réorganisation de l’association, pour dynamiser à la fois le processus projets et l’animation des communautés thématiques, en créant trois commissions techniques en charge de la labellisation ( contenus, services et connaissances) et neuf communautés de domaine (Jeu vidéo, Design numérique, Patrimoine numérique, Image Son et Interactivité, Robotique et objets communicants, Éducation et Formation numérique, Services et usages, Ingénierie des connaissances, Logiciel libre, coopération et nouveaux modèles.)
o Préparation intensive du lancement du plan filière, qui nous permet de dynamiser les services de soutien à la croissance des entreprises autres que le financement de la R&D – formations, rencontres, voyages, think tank). Préparation du projet Futur en Seine qui va nous permettre, dans un mois, de monter en Ile de France un grand événement populaire et festif centré sur les technologies, la prospective et les savoir-faire de nos entreprises et de nos laboratoires.
- Enfin, et c’est très important, l’exercice est caractérisé, comme les deux précédents, par la maîtrise des coûts, puisque les recettes se montent à 109 % du budget prévisionnel (1 927 360 euros), les charges à 102 % du budget prévisionnel (1 767 000 euros), ce qui permet à l’exercice de se traduire par un résultat net après impôts de 63 938 euros.
Voici les résultats de Cap Digital, tous appels confondus, sur les deux dernières années :
Nb de projets reçus Nb de projets labellisés Nb de projets financés Montant financements (Meuros)
- Cette augmentation, qui s’accentue en 2009, montre que nous avons dépassé les projets qui avaient justifié la création du pôle et bénéficions désormais d’un véritable processus de production récurrente de projets de qualité.
- C’est ainsi que, pour la deuxième année consécutive, Cap Digital se place au premier rang national pour le nombre de projets ANR, au quatrième rang pour le financement, nos projets étant généralement de taille plus modestes que ceux d’industries plus lourdes.
- De même, Cap Digital est le quatrième pôle en termes de financements issus du FUI, derrière trois filières très anciennes et très installées : Systematic sur le plateau de Saclay, Minalogic à Grenoble et Aerospace Valley.
- Je me réjouis de ce succès, non pas par esprit de compétition, mais parce que je me souviens de la difficultés que nous pouvions avoir, il y a quatre ans à peine, à installer l’idée que nous étions un secteur industriel à part entière. Il me semble que c’est aujourd’hui chose inconstestée.
- Cap Digital a également poursuivi ses actions événementielles, destinées à soutenir encore le dynamisme de notre communauté, sa créativité, les échanges entre les membres ou la présence internationale de nos entreprises.
- Je ne peux citer ici l’ensemble de ces événements, que vous retrouverez sur le rapport d’activité disponible sur le site. Je rappellerai simplement la présence de nos membres dans certains des plus grands salons mondiaux de nos secteurs (SIGGRAPH, BETT, Game Convention à Leipzig), le soutien à l’organisation Forum mondial du libre ou à l’organisation de la Game développeur convention de Paris, le soutien à la création de la Cantine ou les Entretiens du nouveau monde industriel.
- Enfin, puisque nous croyons fermement aux vertus de la « coopétition » au sein de notre communauté, nous appliquons ces mêmes principes à d’autres de nos partenaires compétiteurs. Je me réjouis donc de vous faire part de la montée en puissance des coopérations avec d’autres pôles de compétitivité franciliens (Systématic, Move’o, Advancity, tant en termes de colabellisation qu’en termes d’événementiel ou de réflexion stratégique).
- De même, grâce au programme REDICT, Cap Digital a noué une coopération forte avec des clusters cousins en Europe (Dublin, Copenhague, Amsterdam, Berlin et Bucarest) et bénéficie ainsi d’un appui logistique sur ces régions, et notamment de la capacité à aider nos adhérents à trouver des partenaires pour les projets européens.
- Dans le même esprit, Cap Digital a renforcé des relations suivies avec des clusters de San Francisco (avec qui nous menons le projet Sebastian dans le cadre du programme « digital sisters cities), Montréal (et Québec), Boston et Séoul. N’hésitez pas à solliciter notre équipe pour mieux travailler avec ces réservoirs de partenaires.
Notre association a donc réussi la première étape de son projet. Une communauté francilienne des industries et laboratoires de la création numérique se met en place. Elle stimule l’effort de R&D et bénéficie d’un soutien sans faille des pouvoirs publics, Etat et Région. Nous pouvons nous en féliciter, mais nous devons également préparer la deuxième étape.
Sans commencer aujourd’hui un pré-rapport 2009, je voudrais dire ce matin que la confiance de nos adhérents et de nos financeurs nous donne aujourd’hui un devoir d’excellence.
La crise mondiale vulnérabilise les entreprises qui dépendent de la publicité, ralentit certains de ceux qui travaillent en B to B et pourrait toucher un jour les producteurs de contenus grand public.
La reprise, sera, à l’évidence, marquée par un rapide bond en avant des industries de la création numérique, mais aussi, très probablement, par une fécondation d’autres secteurs industriels (Santé, services à la personne, transport, énergie) par nos outils et nos métiers.
Internet des objets, géolocalisation, cloud computing, rendering, interfaces in real life… De nombreux sujets nous concernent aujourd’hui qui n’étaient que des questions prospectives il y a quatre ans. Ce seront les moteurs de la nouvelle croissance.
Nous devons donc faire preuve de solidarité pendant cette période – autant entre les membres de Cap Digital qu’entre Cap Digital et les institutions importantes pour notre communauté -, pour maintenir la qualité de notre écosystème. Nous devons être prêts à saisir les prochaines vagues. Nous devons donc concevoir des projets de recherche exigeants qui nous placent réellement dans les meilleurs au niveau mondial.
Nous devons travailler ensemble à l’analyse prospective et stratégique.
Nous devons soutenir la création de communautés de domaine fortes et capables de rayonnement international.
Conclusion
Je voudrais donc conclure en rappelant nos quatre défis pour cette année 2009 :
- maintenir la qualité du programme de R&D, non seulement parce que nous croyons aux vertus de la création, de l’innovation et de la vitesse, mais aussi parce que lien singulier avec la recherche est la force des pôles de compétitivité, son « ADN » et ce qui les différencie d’une simple association professionnelle.
- Développer le programme de soutien à la croissance : aide au financement, à l’implantation, à la gestion des risques de l’hypercroissance, aide aux partenariats internationaux et à l’exportation de nos produits et solutions.
- Développer notre veille, notre prospective et notre qualité d’anticipation stratégique grâce au programme think tank
- Installer notre identité collective dans le territoire francilien, prendre conscience de nos forces et de notre créativité, nouer une relation unique avec notre public, renforcer notre attractivité grâce à Futur en Seine.
Je vous remercie.
Henri Verdier
lundi, mars 02, 2009
Le Monde ne se pilote pas comme une usine
Pour certains, l’"empire du management" commence à la Renaissance et explique en large part les succès de l’Occident, comme ses difficultés d’aujourd’hui. Pour la plupart, c’est simplement une réalité quotidienne, qui se durcit dans le monde de l’entreprise et gagne insensiblement d’autres sphères de la réalité sociale. Avec Tony Blair, il a acquis d’incroyables lettres de noblesses en matière de politiques publiques… On apprend ainsi dans ce livre que la privatisation des prisons américaines est encadrée par une liste de 464 standards, tous dûment notés par une agence… ce qui n’empêche pas de trouver dix fois plus de blessés dans les prisons privées… Partout, en effet, se développe ce "gouvernement par le consentement", c’est-à-dire, selon Maya Beauvallet, cette tentative "d’encourager les individus à adopter tel ou tel comportement, ou au contraire de les en dissuader, en jouant sur leur intérêt bien compris. Le mécanisme le plus élémentaire repose sur la récompense ou la pénalité : si vous faites ceci, vous gagnerez cela ; si vous ne faites pas ceci, vous n’aurez pas cela."Le point commun entre l’usine automobile, la crèche israélienne, l’hôpital new-yorkais, la charcuterie italienne, la privatisation des prisons ou la gouvernance de la recherche ? Tous sont pilotés par des indicateurs et des incitations qui ont tourné en fiascos, analysés dans ce réjouissant livre de Maya Beauvallet.
Cette pratique de gouvernance repose sur des présupposés qui méritent analyse. Elle a sa logique, qui s’écarte, par exemple, de la logique de l’honneur, et privilégie la représentation d’un acteur rationnel optimisant son intérêt… Mais surtout, bien souvent, elle ne fonctionne pas.
mardi, février 24, 2009
Stimulus package : les américains construisent une infrastructure cognitive
Le contenu du « stimulus package » promulgué mardi dernier par Barack Obama a encore peu été analysé. Pourtant, il recèle de précieuses indications sur la future politique industrielle américaine.
Au delà des considérations sur son ampleur (plus de 5% du PIB) ou sur les formes de relance qu’il retient, c’est au contenu concret des actions soutenues que nous devrions porter attention.
Au sein de ce plan de $ 787 milliards, qui comprend un gros tiers de baisses d’impôts ($ 288 milliards), on y trouve ainsi un vaste ensemble d’actions centrées sur les technologies de l’information et de la communication.
Au delà des considérations sur son ampleur (plus de 5% du PIB) ou sur les formes de relance qu’il retient, c’est au contenu concret des actions soutenues que nous devrions porter attention.
Au sein de ce plan de $ 787 milliards, qui comprend un gros tiers de baisses d’impôts ($ 288 milliards), on y trouve ainsi un vaste ensemble d’actions centrées sur les technologies de l’information et de la communication.
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