vendredi, octobre 21, 2011

Nicolas Colin : Internet est un jeu d'enfants (billet invité)



Je discutais l'autre jour avec mon ami Nicolas Colin, le fondateur de 1x1connect, quand il a commencé à m'expliquer pourquoi on améliorerait les chaînes de valeur si on apprenait à se demander ce que comprendrait un bébé de notre produit. L'idée était séduisante, et je lui ai donc demandé s'il accepterait de la partager avec nous. D'où ce beau billet invité dont je le remercie.


"Mais considères-tu que les internautes ont trois ans d'âge mental ?" me demande un ami. Je commence par lui répondre que ce n'est pas infamant d'avoir trois ans d'âge mental ! Des chercheurs en ont apporté la preuve : l'intelligence des enfants, bien que différente de la nôtre, est considérable. Un adulte sait planifier, anticiper, se concentrer. Un enfant, lui, excelle dans l'art d'imaginer, d'explorer, de détourner, d'improviser, de s'approprier les objets et les événements de la vie quotidienne. Un adulte sait mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour atteindre un but qu'il s'est fixé sous des contraintes d'efficience et d'efficacité – non sans rigidité. Un enfant, dans son apprentissage et sa découverte du monde, échappe plus facilement aux routines enfermantes et aux idées reçues – avec souplesse et agilité. En d'autres termes, un adulte est un bon exécutant, un enfant est un excellent innovateur.

Mais l'entrée dans l'âge adulte est-elle irréversible ? "La plus puissante des muses, c'est notre enfant intérieur" a un jour déclaré le musicien et improvisateur Stephen Nachmanovitch, rappelant cette idée commune : en chacun de nous sommeille un enfant, celui que nous avons été au début de notre vie, qui ne disparaît jamais tout à fait – et que nos expériences avec les services et produits du Web peuvent nous permettre d'éveiller à nouveau. Vous avez bien lu : les nourrissons et les petits enfants sont un excellent benchmark pour les professionnels du Web. Et c'est une contrainte vertueuse, pour les professionnels de la conception, du design et du marketing en ligne, que de se demander comment un enfant recevrait et s'approprierait leur proposition de valeur.

samedi, octobre 08, 2011

Steve Jobs au Panthéon ?


Hier soir, un ami, que je respecte énormément m’a envoyé la question suivante : 
« Que la mort d'un champion du marketing (Steve Jobs) soulève une telle émotion planétaire et des actes de dévotion (cf. les déclarations d'Obama, les comparaisons avec Martin Luther King, les manifestations jusqu'en France...), bien supérieurs à celle que provoquerait la mort de n'importe quel grand scientifique, penseur,  écrivain ou  politique, drôle de symbole du monde actuel, ne trouves tu pas ? Ca fait réfléchir...  ? »

Je ne partage pas du tout l’idée que Steve Jobs n’aurait été qu’un as du marketing. Et je ne trouve pas choquant qu’il accède au statut de "grand homme", à l’égal d’un grand chercheur ou d’un grand artiste.
Mais je trouve en même temps la question très légitime. Il est compréhensible qu’un esprit humaniste puisse prendre cette réaction unanime pour un symptôme supplémentaire de la marchandisation du monde. 
La question mérite d'être posée. Elle est d'ailleurs brillamment dans cet article de la Harvard Business Review qui nous rappelle que Ralph Steinman, l'un des trois lauréats du prix Nobel de médecine de lundi dernier est décédé la semaine dernière dans l'indifférence générale.

Je suis bien sûr ébahi et choqué par l’hystérie de certaines réactions. J’ai été estomaqué par les temples à Steve qui fleurissent devant les boutiques Apple, comme je l’ai vu tout à l’heure, à Londres. Et je pense comme l’a dit @loic qu’il n’aurait pas du tout aimé tout cela. 

Je ne suis pas non plus ignorant des graves questions que pose le pouvoir  croissant d’Apple : un système propriétaire, fermé, un contrôle drastique et unilatéral des contenus accessibles sur le AppStore, un quasi monopole sur la vente de musique en MP3 et surtout une stratégie dont j’ai parlé dans un autre article qui met Apple au rang de ces nouveaux géants barbares en position de s’imposer dans la course à la captation de l’initimité des clients et au monopole de la relation efficace. 
Apple, Google, Facebook sont tous trois en position de capter une part importante du web à leur profit, de le travailler dans le sens de leur seul intérêt. Ce n'est pas rassurant. Ce n’est pas le web que nous voulons.

Mais ces inquiétudes stratégiques, pas plus que ces débordements émotionnels, n'empêchent pas que Steve Jobs a été un « grand homme », un exemple pour beaucoup, qu’il a changé la vie des gens et que nous aurions beaucoup à apprendre de son oeuvre. L’honnête homme d’aujourd’hui ne doit plus seulement connaître les Vies de hommes illustres de Plutarque, il devrait aussi connaître et méditer la vie et l’oeuvre de créateurs de ce gabarit.

lundi, octobre 03, 2011

Presence : la réalité enrichie selon Facebook

Je parlais, dans mon dernier billet, de cet Internet qui sort désormais des écrans pour envahir la ville, et qui est en train de donner naissance à une nouvelle "vie numérique". Je pensais essentiellement à la réalité enrichie, aux prothèses, au corps enrichi, aux capteurs et senseurs disséminés dans la ville, au transport intelligent, à la géolocalisation, au design des objets et des interfaces, etc.

Mais j'aurais pu vous parler aussi des animations issues du projet Facebook Presence, qui, en marge des grandes keynotes, ont émaillé la dernière F8 conference de Facebook (le 22 septembre dernier, à San Francisco).

C'est Julien Nicault, le lead developer de Cinémur, représentant MFG-Labs à cette conférence (car nous étions mentionnés comme partenaires grâce à un beau travail réalisé autour de Cinémur et aux diligences de Julien Codorniou), qui a pu me les relater en détail et a aussi eu la gentillesse de me passer ses photos.

Je n'ai pas le sentiment que ces animations fondées sur Presence, certes un peu geek voire parfois un peu gadget, aient été relevées et relatées comme elles le méritent par la presse et la blogosphère.

Elles ont même été largement éclipsés par l'annonce de l'ouverture prochaine de la Facebook Timeline, et par celle des considérables extensions de l'Open Graph Protocol. Et il est vrai que ces deux annonces seront lourdes de conséquences, sur lesquelles nous reviendrons très prochainement. Pourtant, ils me semblent extrêmement intéressants, au minimum comme une indication de ce qu'est l'imaginaire de Facebook et de ses développeurs, et peut-être aussi comme indice de ce vers quoi tendent aujourd'hui la technologie et les usages.