"Mais considères-tu que les internautes ont trois ans d'âge mental ?" me demande un ami. Je commence par lui répondre que ce n'est pas infamant d'avoir trois ans d'âge mental ! Des chercheurs en ont apporté la preuve : l'intelligence des enfants, bien que différente de la nôtre, est considérable. Un adulte sait planifier, anticiper, se concentrer. Un enfant, lui, excelle dans l'art d'imaginer, d'explorer, de détourner, d'improviser, de s'approprier les objets et les événements de la vie quotidienne. Un adulte sait mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour atteindre un but qu'il s'est fixé sous des contraintes d'efficience et d'efficacité – non sans rigidité. Un enfant, dans son apprentissage et sa découverte du monde, échappe plus facilement aux routines enfermantes et aux idées reçues – avec souplesse et agilité. En d'autres termes, un adulte est un bon exécutant, un enfant est un excellent innovateur.
Mais l'entrée dans l'âge adulte est-elle irréversible ? "La plus puissante des muses, c'est notre enfant intérieur" a un jour déclaré le musicien et improvisateur Stephen Nachmanovitch, rappelant cette idée commune : en chacun de nous sommeille un enfant, celui que nous avons été au début de notre vie, qui ne disparaît jamais tout à fait – et que nos expériences avec les services et produits du Web peuvent nous permettre d'éveiller à nouveau. Vous avez bien lu : les nourrissons et les petits enfants sont un excellent benchmark pour les professionnels du Web. Et c'est une contrainte vertueuse, pour les professionnels de la conception, du design et du marketing en ligne, que de se demander comment un enfant recevrait et s'approprierait leur proposition de valeur.