samedi, juillet 30, 2011

Crise de la dette : le TweetClash Géant d'Obama

Il y a quelques jours encore, je déplorais devant quelques amis le fait que nous ne voyons émerger aucune innovation stratégique ou tactique dans la campagne 2012.

L'échec des créateurs des possibles, et la relative atonie de la Coopol, ayant souffert, pour l'un de sa conception initiale, et pour l'autre du budget consenti, semblaient avoir bridé les imaginations.

Et pourtant, nous avons assisté hier soir à une véritable première en matière de communication politique.

Au moment où la crise de la dette atteint son acmé, et où il semble même impossible que les Etats-Unis réussissent à se mettre d'accord avant lundi, Barak Obama vient encore d'innover en lançant un TweetClash géant.

Fort de plus de 9 millions de followers sur Twitter (c'est l'un des comptes les plus suivis au monde), Obama a lancé une tentative de mobilisation de masse des twittonautes, en leur demandant d'interpeller les représentants républicains au congrès.

Comme ceci :



Barack Obama 
Wyoming voters: Tweet  and ask him to compromise on a balanced deficit solution.


jeudi, juillet 28, 2011

Web social : y a-t-il un tipping point où l'opinion bascule ?

La blogosphère et la twittosphère bruissent d'un article récemment publié dans la Physical Review, intitulé Social consensus through the influence of committed minorities.

En fait, plus que l'article lui-même, c'est le communiqué de presse qui l'accompagne qui a lancé le buzz (plus de 80.000 occurrences au bout de deux semaines). Intitulé Minority rules: Scientists discover tipping point for the spread of ideas, il suggère que l'étude aurait mis en évidence un point d'inflexion constant : quand une conviction devient partagée par 10 % de la population, elle est très rapidement adoptée par l'ensemble de la population.


Il n'est pas indifférent, je crois, de constater que le communiqué de presse provient du SNARC (Social Cognitive Networks Academic Research Center) du Rensselaer Polytechnic Institute, et que celui-ci ait reçu une dotation de 16,75 millions de dollars de l'armée US pour étudier ces questions. Les Etats-Unis semblent tirer plus rapidement que nous les conséquences de leur mauvaise anticipation des révolutions arabes, et souhaitent se diter de solides outils d'analyse de l'opinion...
Le fund raising est un véritable art, de ce côté de l'Atlantique.



Cette idée de tipping point, d'un certain point de vue et dans certaines circonstances, rencontre le sens commun. Elle est sans doute très prédictive pour certains phénomènes de mode. On imagine bien que c'est comme ça que certaines destinations touristiques deviennent tout d'un coup incontournables pour les Russes tandis que d'autres deviennent des must pour les Allemands.
On comprend donc le buzz, et on a envie d'en savoir un peu plus.

Je me suis donc un peu penché sur cet article. Je le trouve passionnant, mais pas du tout dans le sens où le communiqué de presse semble le suggérer. Une petite analyse s'impose.

lundi, juillet 25, 2011

7 sondages mondiaux par minute

Je viens de tomber par hasard sur cette belle infographie

60 Seconds - Things That Happen On Internet Every Sixty Seconds
Infographic by- Shanghai Web Designers

Elle nous vient de Dubaï...
Elle nous montre, avec des chiffres récents, l'emprise incroyable qu'a pris Internet dans la vie quotidienne de la planète. 600 nouvelles vidéos par minute sur Youtube, 100.000 tweets, 13.000 ventes d'applications I-Phone... On le sent bien, mais ça fait toujours du bien d'avoir des chiffres actualisés.

Ce qui m'a frappé, tout comme Milan Stankovic, qui l'a relevé sur Twitter, ce sont deux chiffres étrangement similaires.
Presque 700.000 recherches par minute sur Google. Presque 700.000 modifications de statuts par minute sur Facebook.

mercredi, juillet 20, 2011

L'effet Figaro (les trois premières heures de l'affaire #DSK)

(Reprise et développement du billet initialement publié sur le blog MFG-Labs)

Je suis souvent frappé par la pauvreté des modèles implicites d'analyse de l'opinion. La plupart des commentateurs nous parlent des "influenceurs" et des "passeurs" d'opinion, comme s'ils commentaient la diffusion d'une circulaire ministérielle dans une administration...

Quelle pauvreté quand on compare ce discours au célèbre texte de Beaumarchais sur la calomnie :
D'abord un bruit léger, rasant le sol comme une hirondelle avant l'orage.... telle bouche le recueille, et, piano, piano, vous le glisse en l'oreille adroitement ; le mal est fait : il germe, il rampe, il chemine, et, rinforzando, de bouche en bouche, il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez la calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'oeil ; elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription...

C'est pourquoi nous cherchions, chez MFG-Labs, un modèle nous permettant d'analyser la propagation d'une information.

L'affaire #DSK nous a fourni le parfait modèle. C'est un scoop bien daté, facile à tracer, facile à monitorer, qui a enflammé la twittosphère en quelques heures. L'équipe de MFG a donc choisi d'extraire tous les tweets des 14 et 15 mai dernier traitant de cette affaire, et de regarder ce qu'on pouvait en apprendre concernant la diffusion d'une opinion.

Nous ne sommes certes ni les premiers ni les seuls. Mais il m'a semblé intéressant de partager avec vous quelques observations et quelques questions, qui montrent tout le chemin qui reste à faire pour réellement apprendre à interpréter cette masse de données désormais disponibles sur les réseaux.

Il n'est pas très difficile d'extraire tous les tweets sur un sujet donné, et éventuellement d'en retracer le graphe dynamique.

Reste à savoir comment les représenter.

jeudi, juillet 14, 2011

Le graphe secret de Google +


Le web social a transformé notre monde, et Google + (avec 10 millions d’utilisateurs en deux semaines) est bien destiné à en devenir l’un des géants. Or, avec Google +, le web social vient de changer de trajectoire.

Tous les réseaux sociaux s'approprient les informations qu’on y partage et les relations qu’on y établit. Cette capacité à nous « profiler » était intégrée. On essayait de la contrôler tant bien que mal en choisissant les informations qu’on publiait ou non.

Cette paix armée vient d’être rompue.

Elle est rompue par  la puissance de monitoring d’un réseau social qui connaît aussi mes activités « non sociales » comme par exemple mes recherches en ligne, mes amis blogueurs, les lecteurs de mon blog, les destinataires de mes mails, et qui maintenant connaît la structure profonde de mon réseau social et la nature des échanges qui s’y produisent.

Mais surtout, elle est rompue par la production par les autres d’un savoir constitué à mon insu, et sa maîtrise par Google. Un savoir dont je ne sais rien.

Je parle, naturellement, des cercles.

vendredi, juillet 08, 2011

On n'est pas rendus...

Je ne veux pas faire mon Loïc, mais parfois, quand même, on ressent comme une certaine lassitude...




"Facebook et Twitter, j'ai horreur de ça... C'est typique de cette société où chacun pense à son nombril... Et puis tous ces faux amis... Ce n'est pas mon truc d'expliquer mes états d'âme. La vie, c'est aussi être libre de regarder autour de soi..." 
(Martine Aubry : Le Point) 

"Using Twitter to connect Americans and the president looks a lot like greater openness. But there's a chance that we're left with less transparency than the days when some editorial board was choosing what to ask candidates. One evolution of the "Twitter townhall" concept might be to make the decision-making process behind picking questions, curators, and Tweetup attendees entirely public."
(The Atlantic, sur Obama)

jeudi, juillet 07, 2011

Lettre à Loïc Le Meur

Cher Loïc

Comme tu le sais, j’ai beaucoup d'estime pour l’entrepreneur que tu es, avec Seesmic comme avec LeWeb. Et j'adore ta manière de le faire : sympa, ambitieux, et joyeux en même temps.

Tu sais que je pense que les types comme toi, qui réussissent dans la Silicon Valley et qui gardent des relations ici, en Europe, sont l’un des plus précieux atouts de notre pays. Je trouve même que nous ferions bien de vous accorder une place plus importante dans le débat public, voire dans les instances de consultation type CNN, CES ou autre. S’il y avait 10 Loïc Lemeur, la France ne s’en porterait pas plus mal...

C’est donc avec amitié, et sérieux, que je veux répondre à ta remarquée prise de position dans Techcrunch TV.

Alors donc, tu penses que « les entrepreneurs américains n’ont rien à apprendre des entrepreneurs français, sauf peut-être les déjeuners d’affaire ? » Et les Européens devraient commencer par cesser de copier leurs homologues pour apprendre à penser global et s’efforcer de devenir vraiment innovants ?