lundi, mars 29, 2010

L'Affaire Calas, l'Affaire Dreyfus et les attentats de Madrid


L'un des aspects importants de la transformation numérique est cette impression d'épuisement du modèle de la société de production de masse, de marketing de masse, de consommation de masse et de médias de masse. A bien des égards, on a l'impression que se referme une parenthèse et que resurgissent des pratiques et des aspirations qui avaient été gommées par la première révolution industrielle.


J'ai récemment découvert une illustration particulièrement intéressante de cette intuition : la comparaison des stratégies de communication qui ont marqué l'Affaire Calas, l'affaire Dreyfus et l'affaire des attentats du 11 mars 2004 à Madrid. 

Ces trois affaires ont beaucoup en commun : elles partent d'une erreur judiciaire (ou d'un mensonge politique), dissimulée au nom de la raison d'Etat, et renversée par un militantisme acharné qui a retourné "l'opinion publique".
Mais leurs modalités, en revanche, sont très caractéristiques de leurs époques respectives.


mercredi, mars 24, 2010

Les Japonais numérisent un livre en 1 minute !

J'étais reçu ce matin par la commission Education, Culture et Communication du Sénat, et, entre autres sujets, nous avons abordé la question de la numérisation des livres.

Ma position est simple et n'a pas varié depuis que nous avons vu arriver le dossier Google Books chez Odile Jacob : pas de partenariat qui ne nous rende pas les fichiers numérisés avec tous droits d'utilisation. Si cette condition n'est pas remplie, le deal, quel qu'il soit nous prend beaucoup et nous apporte peu.

Mais au delà de ce principe simple, il reste parfois en France le sentiment que la numérisation de grands corpus est trop lourde, trop chère et trop complexe pour que nous puissions rêver de numériser nous-mêmes. C'est quand même faire peu de cas des progrès technologiques.


Photo CC Séverine Pache

lundi, mars 22, 2010

Refonder l'alliance entre Culture et Numérique

La Culture et le Numérique ne se sont pas rencontrées.

Je ne parle certes pas des leaders mondiaux des industries de la création, que nous avons la chance d'avoir en France.
Nos industries de cinéma, d'animation, du jeu vidéo, de la création publicitaire défendent une authentique création culturelle avec une réelle envergure mondiale, c'est acquis.
Je n'oublie pas non plus que nous nous sommes frottés les uns aux autres à travers à travers quelques passes d'armes, Hadopi par exemple. Ni que l'on trouve, dans nos deux mondes, des crapauds fous qui s'en vont frayer par des chemins improbables : artistes numériques, ingénieurs esthètes.

Mais, dans leur réalité sociologique, Numérique et Culture demeurent deux mondes bien distincts, ayant leurs élites, leurs codes, leurs références, se fréquentant globalement assez peu, ne partageant pas vraiment les mêmes rêves ni les mêmes valeurs. Les coeurs institutionnels des deux mondes sont bien distincts.

mercredi, mars 17, 2010

The Future of reading

Vidéo trouvée [Unhuman], le site de Disparitius. Je la trouve très amusante, non seulement pour la prouesse rédactionnelle, mais parce qu'elle réussit parfaitement à mettre en scène les deux visions, qui coexistent, de la transformation numérique en cours.



Le fait que les thèses déclinistes et utopistes entrent à ce point dans le même wording pose d'ailleurs une autre question. Sont-elles les deux faces d'une même représentation du monde ,

lundi, mars 08, 2010

Logorama remporte l'Oscar du film d'animation

C'est avec une vraie joie que j'ai appris ce matin que le court métrage Logorama, produit par le film de François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain, du collectif H5, coproduit et réalisé par la société Mikros images, avait remporté cette nuit l'Oscar du meilleur film d'animation.

Après Oktapodi l'année dernière, réalisé par des étudiants de l'école des Gobelins, et premier film d'étudiants à être nominés, c'est cette fois-ci la récompense suprême pour un film français.


vendredi, mars 05, 2010

Leadership Lessons from Dancing Guy

Trouvé sur le blog de Charles Nouÿrit, ce cours de stratégie web 2.0. Spectaculaire et amusant, il prolonge mon billet précédent...







Avoir des "follower", investir sur ces followers pour qu'ils en attirent d'autres, créer un rite, qui deviendra une plate-forme pour de nouveaux services. C'est l'une des nouvelles stratégies pour les entreprises à l'ère numérique.

jeudi, mars 04, 2010

Entreprises : le nouveau contexte stratégique

Juste avant que je ne parte quelques jours, on m'a sollicité pour une contribution à un ouvrage collectif destiné à fêter les 25 ans de l'Epita. Les lecteurs fidèles de ce blog retrouveront quelques idées déjà exprimées, mais je suis très heureux de les repartager avec vous...
Je remercie Yannick Lejeune de son interview et de sa retranscription.

La civilisation numérique : un nouveau contexte stratégique pour l'entreprise

Ce n'est pas seulement le management ou la distribution qui sont bouleversés par le numérique : c'est la valeur, l'échange et les aspirations sociales. C'est une nouvelle civilisation qui se dessine, dans laquelle les règles stratégiques fondamentales seront redéfinies.

Chaque grande époque de civilisation peut être analysée comme un équilibre entre des technologies disponibles, un état de l’économie (lié à ces technologies – par exemple via leur besoin en concentration de capital), des politiques (ou des techniques de pouvoir) et des aspirations sociales. L'Antiquité, la Renaissance s'équilibraient autour d'une cohérence entre la manière de construire, de régir, de produire, de voyager... La Révolution industrielle a connu un autre équilibre avec le charbon, l’acier, le chemin de fer, Haussmann, des méthodes de police, le balbutiement des démocraties, l’émergence du concept de nation. Comme les Trente Glorieuses avec un accord entre l'avion, l’automobile, l’électricité, le pétrole, l’habitat vertical, la production de masse, les mass médias, le marketing et la consommation de masse. Ce qui est intéressant pour l’entreprise, c’est de sentir à chaque époque l’équilibre entre ce qu’est une entreprise, comment elle s'organise, ce que veulent les gens, ce qu’ils achètent, la manière dont ils s’informent... Tout cela est cohérent.

Or, j’ai la conviction que nous sommes en train de vivre l’émergence d’une nouvelle époque, dont les technologies de bases seront l’informatique, les télécoms et les nanotechnologies et qui verra émerger un nouvel équilibre. On en voit déjà les prémices : le marketing et la consommation de masse s’essoufflent ; on aspire à la personnalisation, la participation, à la transparence et au contrôle.