jeudi, décembre 23, 2010

Naissance du Fabernet

De "do it yourself" à l'usine personnelle

L’expansion du phénomène "Rapid Prototyping" ou "Personnal Factory" aux Etats-Unis, mêlant le mouvement DIY (« Do It Yourself »), le progrès des imprimantes 3D et autres techniques de "freeform fabrication", et une esquisse d'industrialisation, est impressionnante. Des dizaines de sites sont désormais accessibles aux Américains, tous fondés peu où prou sur la même logique : je designe un objet, un meuble, voire une machine sur mon ordinateur, j’envoie les spécifications en ligne et je reçois chez moi l’objet fabriqué à façon.

Je vous conseille vivement, pour vous en convaincre, d’aller faire un tour sur des sites comme Ponoko, Makerbot et sa célèbre machine Thing-o-matic, Thingiverse, Shapeways, qui est aussi un circuit de distribution et rémunère les créateurs, d'autres comme Backyardbrains qui se spécialisent dans les kits pour les expériences scientifiques, ou le plus drôle evilmadscience, "DIY and open source hardware for art, education, and world domination" : une très longue liste est également disponible ici.

dimanche, décembre 19, 2010

Google N-Gram : des choses cachées depuis le commencement du monde

Etes-vous déjà allé tester le service Google N-Gram mis en ligne sur le GoogleLabs ?

C'est assez fascinant, et c'est une belle illustration de ce que je commençais à évoquer dans mon dernier billet sur les big data.

Comme l'expliquent les responsables du projet sur le blog officiel, Google vient tout simplement de mettre à la disposition des chercheurs un invraisemblable corpus. 5 millions de livres ont été numérisés soit, paraît-il, environ 4% des livres imprimés depuis l'aube de l'humanité. Je suppose que la distribution de ces ouvrages, censément en six langues, est accessibles quelque part.
Google Research a ensuite trié les 1000 milliards de mots concernés, pour en construire le modèle n-gram pour n=5. En gros, ils créé le corpus de toutes les séquences de 1 à 5 mots disponibles. 1000 milliards de mots, 13 millions de mots différents, 1 milliard de séquences apparaissant au moins 40 fois, le tout disponible pour la recherche ou même accessible en ligne sur le GoogleLabs.

mardi, décembre 14, 2010

Big Data : Making sense at scale



D'un  récent voyage dans la Silicon Valley (merci aux amis du Orange Institute), je rentre avec une conviction : tout ce que nous connaissions du web va changer à nouveau avec le phénomène des big data. Il pose à nouveau, sur des bases différentes, presque toutes les questions liées à la transformation numérique.

En 2008, l’humanité a déversé 480 milliards de Gigabytes sur Internet. En 2010, ce furent 800 milliards de Gygabytes, soit, comme l’a dit un jour Eric Schmidt, plus que la totalité de ce que l’humanité avait écrit, imprimé, gravé, filmé ou enregistré de sa naissance jusqu’en 2003.

Ces données ne sont pas toutes des oeuvres. Outre les blogs, les textes, les vidéos (35 millions sont regardées sur Youtube chaque minute) ou le partage de musique, il y a désormais les microconversations, les applications géolocalisées, la production de données personnelles, la mise en ligne de données publiques, les interactions de l’Internet des objets...

Naviguer dans ce nouveau web demande une nouvelle science. C’est comme passer d’une navigation fluviale à une plongée en eaux profondes. Mobilis in mobile.


mardi, décembre 07, 2010

Faut-il bâtir une filière de l'innovation ?

Il y a un sujet, d'apparence technique, que je voudrais partager avec mes lecteurs. Il porte sur la politique industrielle française.

Ayant découvert, ces dernières années, l'efficacité de la "coopétition", le gouvernement encourage désormais différentes formes d'organisation industrielle impliquant les acteurs, grands et petits. C'est plutôt bien, naturellement.


C'est ainsi que les Etats Généraux de l'Industrie qui se sont tenus l'année dernière ont abouti à la mise en place d'une politique de filières, 11 filières parmi lesquelles les technologies de l'information, de la communication et des services.


C'est ainsi aussi que le Commissariat général aux investissements d'avenir (le "Grand emprunt") a annoncé la création de quelques "Instituts de recherche technologique" et vient de lancer un appel à propositions.

C'est ainsi, enfin, que l'aménagement du plateau de Saclay est en passe de devenir le fer de lance de la politique industrielle française. C'est-à-dire une politique (intéressante au demeurant) de concentration de forces d'enseignement et de recherche, mais loin des publics, loin des créatifs, loin des lieux de rencontre et d'ébullition.

lundi, décembre 06, 2010

Wikileaks : pour un retour au droit commun

On en a parlé tout le week-end, avec pas mal d'amis, alors j'ai envie à mon tour de poser quelques idées sur l'affaire Wikileaks .

Wikileaks nous propose une variante moderne de la question fondatrice de la démocratie : Qui custodiet ipsos custodes ? Qui garde ces gardiens ? Qui surveille ces surveillants ? Et elle prouve aussi que la classique séparation des pouvoirs, telle que l'a notamment élaborée Montesquieu, ne suffit plus tout à fait dans un monde de communication de masse. Certains pouvoirs ont désormais une telle capacité à façonner l'information qu'il va falloir inventer de nouveaux contre-pouvoirs et de nouvelles régulations.

Autant le dire tout de suite, je n'ai pas une grande sympathie pour Wikileaks, ce site qui met en ligne des centaines de milliers de documents classifiés. Trop centralisé, trop de jouissance égotique, et un poil paranoïaque, du fondateur, Julian Assange. Trop procureur, trop imprécateur. Trop asymétrique, aussi, trop aisément manipulable : qui nous dit que M. Assange n'a pas enlevé quelques documents dans le lot qu'il diffuse ? Ou qu'il ne choisit pas ses cibles en fonction de quelques agendas connus de lui seul ?

En même temps, il est plutôt amusant d'assister à un débat à front renversé, dans lequel les détracteurs les plus acharnés de Wikileaks recouvrent globalement les gens les plus prompts à dégainer le fameux "ceux qui n'ont rien à cacher n'ont rien à craindre", tandis que les plus fervents défenseurs  de la vie privée semblent tenir Assange pour un Robin des bois moderne.