Mardi 27 mars, dans le cadre des huitièmes Rencontres
Cap Digital, se tenait un court colloque sur la néoindustrialisation.
Nous avions choisi ce thème central, à la fois pour souligner l'importance de concevoir une véritable politique industrielle, pour appeler à tourner le dos à l'idéologie du "Fabless" - cette pensée méprisante qui a voulu réserver les tâches créatives à l'Occident et la production au tiers-monde -, et pour insister sur la nécessité de réfléchir à une politique industrielle moderne, tenant compte de la transformation numérique.
Nous avons eu un débat de très grande qualité. Je vous conseille vivement d'en regarder les actes, accessibles sur la "
webconf TV" inaugurée à cette occasion par Cap Digital.
Nous allons travailler sur cette matière très dense, dont nous n'avons pas fini de tirer les enseignements. Mais je voudrais d'ores et déjà, à chaud, partager quelques notes tirées de ces échanges.
1- l'ampleur de la transformation numérique des industries et des services dépasse tout ce que nous imaginions.
Les témoignages de notre première table ronde furent à cet égard éloquents.
Les
studios Eclair, engagés dans le cinéma depuis 1907, ont travaillé un siècle sur les mêmes technologies de base avant de devoir changer brutalement en quelques années. La Poste a du, en quelques années, réinventer ses services, son activité, sa logistique, son management et son rapports aux utilisateurs (gagnant de ce fait le prix du manager d'entreprises du
prix des technologies numériques 2012). Unowhy avait conçu une tablette tactile un peu avant Apple, et a su rebondir en se spécialisant sur un segment porteur, la cuisine, avant de décider de produire sa célèbre tablette
Qooq en France, tant pour des raisons de coût que de qualité.
Archos, l'un des nouveaux espoirs français en matière d'électronique grand public, qui faillit bien, lui aussi, succomber au succès de l'IPad, avant de se repositionner à toute allure.
Mia electric s'est emparé de tout ce que permet aujourd'hui le numérique pour bouleverser les méthodes de conception et de production d'une voiture et proposer un petit bijou de voiture électrique.
Tous ces métiers, dont aucun n'est à proprement parler numérique, ont témoigné des conséquences de l'entrée dans l'ère numérique. La rapidité, la fluidité, la disruption, le design, l'open source, la concentration de la valeur ajoutée ne sont pas l'apanage du
consumer internet. Ces bouleversements concernent tous les métiers désormais.
2- Que deviennent les usines ?
La brillante conférence de
Marc Giget nous a ensuite entraîné dans une réflexion sur ce que sont en train de devenir les usines après la révolution industrielle en cours.
Nous avons tous en tête des images d'usines fermées - il y a de quoi depuis dix ans. Ces images nous dissimulent la nouvelle réalité.
Après la révolution numérique, l'usine plus compacte, plus dense en technologie, moins dense en salariés - mais ils sont mieux payés - est un nouveau lieu de relations et de production. Son empreinte sur l'urbanisme, notamment, a considérablement changé et permet de concevoir de nouvelles implantations, à la périphérie des villes, mais en contexte urbain.