La mort de Georges Charpak, mercredi dernier, suscite de nombreux hommages mérités : par sa vie et ses engagements, il fit honneur à la France et à son rapport si particulier à l'Universel.
J'ai eu la chance de collaborer pendant presque dix ans, à la dernière grande cause de sa vie, l'aventure de La Main à la pâte. Et cette expérience me laissera bien plus que des souvenirs : une sorte de tension vibrante qui m'accompagnera, je crois, toujours.
La vie de Georges Charpak est un roman : jeune émigré Polonais (sa ville natale est aujourd'hui en Ukraine), arrivé en France à 7 ans, accueilli par l'école de la République, militant communiste, Résistant, arrêté, évadé de Dachau, chercheur, prix Nobel de physique, inventeur, entrepreneur, écrivain, et militant d'une éducation renouvelée. Il allait de combat en combat avec la même intelligence et le même humour.
Je n'ai quasiment jamais parlé avec lui de ce fabuleux passé : nous parlions pédagogie, et nous parlions de ce projet qui nécessita tant de finesse et de talent de sa part. Mais toutes ses expériences antérieures étaient mobilisées dans ce qui fut sans doute le plus beau combat de sa vie : la très vaste diffusion d'une nouvelle manière d'éduquer, grâce aux sciences. En le voyant fonctionner, j'ai vu un grand savant, un séducteur, un fin manoeuvrier, un politique accompli... au service d'une cause.
Une cause pleine de succès : quand il commença, moins de 3,5 % des instituteurs enseignaient les sciences à l'école primaire. Il semble que près de 25 % s'y soient employés à l'issue de ces dix ans de combat. Je ne sais pas où nous en sommes aujourd'hui.
Une cause pleine de succès : quand il commença, moins de 3,5 % des instituteurs enseignaient les sciences à l'école primaire. Il semble que près de 25 % s'y soient employés à l'issue de ces dix ans de combat. Je ne sais pas où nous en sommes aujourd'hui.