C'est toujours pareil avec l'innovation. On commence par lui demander d'imiter l'ancien.
Parfois, cette absence d'imagination suffit à éteindre une technologie prometteuse. Parfois, c'est une phase transitoire qui débouche ensuite seulement sur les grandes créations.
Cela fait près d'un an que nous travaillons à l'analyse de grands corpus de données relationnelles. On commence à être à l'aise dans leur extraction, leur clusterisation, leur analyse, la modélisation de certains phénomènes, le filtrage social, les moteurs de recommandation ou la datavisualisation... On a eu fait quelques missions captivantes et quelques résultats insoupçonnés...
Mais je ne peux m'empêcher de penser que nous, nos concurrents, nos clients ou nos partenaires, nous passons encore à côté des vrais enjeux. Nous n'avons pas encore trouvé les questions qui mériteraient d'être posées aux masses de données désormais disponibles.
C'est toujours l'histoire du génie dans la bouteille. Si vous aviez trois voeux à formuler, vous commenceriez par quoi ?
La plupart des usages actuels des "big data" tiennent en quelques catégories : prédire l'évolution d'un phénomène, détecter un noeud particulièrement stratégique, repérer des corrélations pour optimiser une stratégie (notamment marketing), organiser une communication virale, mieux cibler, mieux appareiller, mieux relier....
Ces usages ne sont certes pas insignifiants. Sans doute même vont-ils révolutionner le marketing du futur. Sans doute seront-ils essentiels aux futures stratégies de sécurité. Sans doute permettront-ils l'avènement des "villes intelligentes", de la "maison intelligente", du "transport intelligent" (même si "optimisé" me semblerait un qualificatif préférable à "intelligent"). Mais ils me semblent ancrés dans la vision d'un monde qui ne serait que le prolongement du nôtre, avec simplement une puissance de calcul et des masses de données accrues.
Les craintes - légitimes - exprimées face à cette révolution sont également fondées sur d'anciennes représentations. On nous ressert "big brother" à toutes les sauces, c'est-à-dire l'idée qu'on saura tout sur chacun. Mais c'est là encore une crainte fondée sur des représentations anciennes. C'est la police du Tsar qui cherchait à tout savoir sur chacun. Le pouvoir s'est fait plus subtil, plus euphémique, plus manipulateur. Il s'est fait biopolitique, et peut-être même infopolitique depuis cette époque. Il s'est fait Spectacle, et plus encore depuis cette époque. Il n'a vraiment plus besoin de tout savoir sur chacun. Les contre-pouvoirs eux-mêmes se cherchent des formes sans centre, comme l'ont en partie illustré les événements en Tunisie et en Egypte.
Parfois, cette absence d'imagination suffit à éteindre une technologie prometteuse. Parfois, c'est une phase transitoire qui débouche ensuite seulement sur les grandes créations.
Cela fait près d'un an que nous travaillons à l'analyse de grands corpus de données relationnelles. On commence à être à l'aise dans leur extraction, leur clusterisation, leur analyse, la modélisation de certains phénomènes, le filtrage social, les moteurs de recommandation ou la datavisualisation... On a eu fait quelques missions captivantes et quelques résultats insoupçonnés...
Mais je ne peux m'empêcher de penser que nous, nos concurrents, nos clients ou nos partenaires, nous passons encore à côté des vrais enjeux. Nous n'avons pas encore trouvé les questions qui mériteraient d'être posées aux masses de données désormais disponibles.
C'est toujours l'histoire du génie dans la bouteille. Si vous aviez trois voeux à formuler, vous commenceriez par quoi ?
La plupart des usages actuels des "big data" tiennent en quelques catégories : prédire l'évolution d'un phénomène, détecter un noeud particulièrement stratégique, repérer des corrélations pour optimiser une stratégie (notamment marketing), organiser une communication virale, mieux cibler, mieux appareiller, mieux relier....
Ces usages ne sont certes pas insignifiants. Sans doute même vont-ils révolutionner le marketing du futur. Sans doute seront-ils essentiels aux futures stratégies de sécurité. Sans doute permettront-ils l'avènement des "villes intelligentes", de la "maison intelligente", du "transport intelligent" (même si "optimisé" me semblerait un qualificatif préférable à "intelligent"). Mais ils me semblent ancrés dans la vision d'un monde qui ne serait que le prolongement du nôtre, avec simplement une puissance de calcul et des masses de données accrues.
Les craintes - légitimes - exprimées face à cette révolution sont également fondées sur d'anciennes représentations. On nous ressert "big brother" à toutes les sauces, c'est-à-dire l'idée qu'on saura tout sur chacun. Mais c'est là encore une crainte fondée sur des représentations anciennes. C'est la police du Tsar qui cherchait à tout savoir sur chacun. Le pouvoir s'est fait plus subtil, plus euphémique, plus manipulateur. Il s'est fait biopolitique, et peut-être même infopolitique depuis cette époque. Il s'est fait Spectacle, et plus encore depuis cette époque. Il n'a vraiment plus besoin de tout savoir sur chacun. Les contre-pouvoirs eux-mêmes se cherchent des formes sans centre, comme l'ont en partie illustré les événements en Tunisie et en Egypte.