Philippe Meirieu verse au débat présidentiel, un livre audacieux et précis qui repose sur les nombreuses contributions aux débats du Café pédagogique (http://inter.cafe-leblog.net et http://www.cafepedagogique.fr) et au site personnel de Meirieu (http://www.meirieu.com). Les textes sont illustrés de nombreux extraits des contributions à ces débats. Riches de propositions précises, à défaut d’êtres toutes innovantes, il représente un antidote stimulant aux excès et aux approximations que ne manquera pas de susciter la période électorale.
Des pistes nombreuses et fécondes
Ce livre refuse l’ « évidence » selon laquelle la société va mal, du fait de l’école, et notamment des pédagogues qui en ont aboli les valeurs. En 1950, la moitié des adolescents de 16 ans étaient au travail. Aujourd’hui 97,3 % sont scolarisés. Si le niveau des classes a baissé, c’est parce que le niveau général monte et parce que notre exigence s’est élevée. Cette ambition est aujourd’hui jugée utopique et dangereuse : les "masses", "non éducables", n’auraient pas besoin de ce bagage… Meirieu nous propose au contraire d’amplifier l’effort. Il faut ressaisir cette ambition et la prendre au sérieux : garantir la maîtrise de la langue, définir et enseigner ce que « nul ne peut ignorer », refuser l’orientation par l’échec dans les voies professionnelles, combattre l’incivilité et la violence...
Philippe Meirieu propose différentes pistes pour bâtir une « école fondamentale » pour tous les élèves de trois à seize ans et supprimer l’actuel « déficit d’unité républicaine ».
Il faut restaurer les piliers de l’école laïque, gratuite et obligatoire. La laïcité face à « toutes les formes d’emprise sur les esprits (…) le prosélytisme fondamentaliste, la pression des marques commerciales ou la normativité des modèles hollywoodiens ». La gratuité quand « le coût des fournitures excède très largement le montant de l’indemnité versée aux plus modestes ». Enfin, face au homescooling, rendre à nouveau l’école attractive pour ne pas avoir besoin de la rendre obligatoire.
Il rappelle que les exclus du système éducatif ne le sont pas parce qu’ils ne comprennent pas, mais parce qu’ils ne comprennent pas pourquoi il faut apprendre. C’est à cela que l’institution, confrontée aujourd’hui à une quantité et à une diversité d’élèves jamais atteintes, doit répondre. Et pour cela, elle doit utiliser, notamment, la pédagogie du détour et la pédagogie par projets.