Les datasciences entrent concrètement dans nos existences : capacité à nous proposer les livres ou les destinations qui nous intéressent, big data appliqué à la lutte contre la fraude fiscale, optimisation des patrouilles de police par le logiciel Predpol, choix de la meilleure distribution des équipements publics dans une ville, smarts cities, allocation des ressources douanières, assistance informatique à la décision du chirurgien ou du juges des libertés, calcul du prix de notre billet d'avion, recours au A/B testing pour choisir la meilleure manière de nous adresser un courrier de relance. Nous pressentons la force de cette vague qui englobe le développement des datasciences, l'analytique prédictive, le succès des data-driven strategies, l'augmentation de l'intelligence embarquée dans un nombre croissant d'objets, la personnalisation de plus en plus grande des biens et des services, les bulles algorithmiques de plus en plus adaptées à nos personnalités, un monde de plus en plus serviciel...
Nous sentons aussi qu'il s'agit d'une nouvelle forme de pouvoir, qu'il soit exercé par de grandes entreprises commerciales ou par des gouvernements. Et nous ressentons une sourde inquiétude face à un monde de plus en plus "intelligent", c'est-à-dire en fait de plus en plus capable de nous suivre, de nous connaître, de nous servir mais aussi de nous guider vers le "meilleur choix".
Vers quoi tendent toutes ces évolutions ? Quel avenir nous réservent-elles ? Quel projet inconscient les sous-tendent ? Il n'est pas inutile de se poser ces questions maintenant... Et justement, la polémique a commencé cet été, et de belle manière.