jeudi, décembre 29, 2011

Le crowdfunding va-t-il sauver l'économie américaine ?

La communauté économique américaine s'intéresse beaucoup, ces jours-ci, à une nouvelle initiative de l'administration Obama : le Crowdfunding Bill.

Ce texte, qui est déjà passé à la chambre des représentants, et attend la discussion au Sénat, modifie la loi sur l'accès au capital des entrepreneurs. Vous pouvez trouver la version votée le mois dernier ici-même.

L'objectif du texte est simple : faciliter la levée de fonds des startups en assouplissant considérablement la possibilité de recourir aux petites sommes versées par des particuliers, jusqu'à concurrence de 2 millions de dollars. En deçà de ce plafond, les contrôles de la SEC, si drastiques en cas d'introduction en bourse et interdisant quasiment de procéder à des levées de fonds via les réseaux sociaux, sont considérablement assouplis. Il suscite d'ores et déjà d'intéressants débats sur sa portée et ses conséquences.

La vogue du crowdfunding

Le crowdfunding (littéralement "financement par la foule") est une idée assez naturelle pour les enfants des réseaux sociaux et du web 2.0.

A dire vrai, la tradition est plus ancienne. Faire financer son film ou son livre par souscription ou par appel à l'investissement des particuliers n'est pas une idée si iconoclaste qu'on l'imagine. A bien y regarder, on trouve même dans l'histoire taurine espagnole une longue tradition de penas de villages finançant le premier habit de lumière, et les services d'un apoderado, pour aider au démarrage de la carrière d'un jeune talent prometteur.

lundi, décembre 19, 2011

Grand Paris : 10.000 startups ?

Les Echos de la semaine dernière consacraient un dossier à "la compétition pour créer une Silicon Valley européenne".

Hélas, ce papier, comme tant d'autres, accumule une fois encore les contresens.

D'abord, parce qu'il se fait le relai complaisant de la communication de la Tech City de Londres. Certes, avec la débâcle de la finance, qui pesait un tel poids dans son économie, Londres semble se lancer avec force dans la bataille de l'attractivité. Certes, Londres revendique 600 jeunes entreprises de technologie, s'essaye à un festival grand public, profite de son homogénéité linguistique avec les Etats-Unis et revendique auprès des Américains le rôle de porte d'entrée vers les marchés européens (ce qui prouve une fois encore que les subtilités de la géographie internationale échappent parfois à nos amis d'outre-Atlantique).

Ensuite, parce que cet article semble résumer la vitalité française aux statuts fiscaux des JEI et des bénéficiaires du CIR, et au dantesque projet du pôle technologique de Saclay.

Enfin parce qu'on assiste toujours au même contresens sur ce qu'est la Silicon Valley : combien de fois faudra-t-il dire que la Valley est tout sauf une technopole. Etendue sur plus de 80 km, avec de grandes villes (San Francisco, San José), de grands campus à fortes personnalités (UNC, Berkeley, Stanford), des villages, des zones urbaines), avec de nombreux écosystèmes enchevêtrés. Et déjà une longue histoire appuyée sur les particularités économiques et culturelles de la région. Rien à voir avec ces gestes colbertistes dont on nous rebat les oreilles...

Seule bonne note, le journal semble avoir repéré la vitalité de métropoles ascendantes comme Stockholm ou Berlin, où, effectivement il se passe quelque chose.

Quand donc est-ce que les responsables politiques et administratifs, quand donc est-ce que les journalistes laisseront tomber leurs oeillères et regarderont la situation comme elle est ?

dimanche, décembre 11, 2011

Hervé Rannou : Smart grids, la "révolution internet" de l'énergie (billet invité)

Hervé Rannou, le fondateur d'Items International, a accepté de partager avec nous son enthousiasme pour les nouvelles perspectives qui s'ouvrent avec l'irruption des nouvelles technologies dans les marchés de l'énergie. Je l'en remercie.


Les Réseaux Intelligents d’Energie (Smart Grids) font partie de ces sujets qui semblent devoir être rangés dans la case « Technologies », bien loin des préoccupations politiques ou stratégiques.

C’est peut être au contraire l’un des véritables sujets des prochaines années tant son impact va être majeur pour les acteurs du secteur de l’énergie électrique tout comme pour ceux du secteur du numérique. Il va aussi toucher les collectivités et les citoyens. Il va enfin accompagner de manière indissociable le développement et la maîtrise des nouvelles énergies.

Quelques repères permettent de se faire une idée plus précise de ces différents points :

1- Définition : Les Réseaux Intelligents (ou Smart Grids) font référence à l’ensemble des technologies numériques (Informatique et télécoms) utilisées pour optimiser le fonctionnement des réseaux électriques. On différencie les Smart Grids 1) « amont » qui concernent la production, le transport et en partie la distribution, 2) « aval » sur la partie qui concerne les compteurs intelligents allant des services au consommateurs jusqu’à la le traitement des données qui permet de gérer les besoins en production et transport.

2- Intégration des énergies renouvelables. Parce que les énergies renouvelables sont intermittentes (également qualifiées de « fatales »), elles mettent en risque la stabilité du réseau. C’est la raison pour laquelle un plafond a été fixé à 30% comme limite à tout endroit du réseau de transport de ne pas dépasser. Les Réseaux intelligents « Amont » constituent un élément incontournable de l’évolution des réseaux électriques afin de dépasser cette limite.

3- Réduction des pertes. On estime qu’autour de 10 % de l’énergie électrique est perdue dans les réseaux du fait d’une non-optimisation de l’ensemble des ressources et leur insuffisante coordination. Les Smart Grids constituent également le moyen d’optimiser ces ressources.

mardi, décembre 06, 2011

Economie des startups : leçons israéliennes

Hier, se tenaient à Paris les Innovation Days France Israël, auxquels Cap Digital se réjouit de participer, et où de nombreux Français découvrent l'énorme Yossi Vardi, je voudrais partager avec vous quelques leçons que j'ai tirées de mon récent voyage d'étude dans ce bel écosystème.

J'ai en effet eu la chance, le mois dernier, de participer à un voyage d'étude organisé par les amis du Orange Institute avec le précieux concours de Roseline Kalifa. Au cours de ce séjour, nous avons également fait escale au festival DLD Tel Aviv.

Je connaissais un peu le pays, et je connaissais aussi sa puissance technologique, mais je n'avais pas encore encore rencontré sa communauté d'entrepreneurs. Et en rentrant en France, je me suis rendu compte que nombre de mes amis ignoraient complètement à quel point Israël était une terre de technologies et de startups, patrie par exemple d'ICQ, qui a donné naissance à au réseau Microsoft Messenger.

Une chose, pourtant, est sûre : l'écosystème français a beaucoup à faire avec cet écosystème de création, à quatre heures d'avion de Paris, qui a de nombreuses passerelles avec la France, et qui sait tellement bien attaquer les marchés internationaux et notamment américain.


Le marketing israélien des startups.


Certes, ne soyons pas dupes. Nous avons reçu, de la part d'innombrables interlocuteurs, un discours marketing très cohérent, ciselé et efficace.
Mais nous devrions en tirer une première leçon. Il existe une communauté cohérente, ambitieuse, volontaire. Elle sait se présenter et se vendre avec force. Elle a de grandes figures, des thèses, des succès à valoriser, mais aussi un positionnement, un storytelling, un marketing intelligent. Qui pourrait le lui reprocher ?

Je pense pour ma part que nous pourrions largement prouver que l'écosystème français - voire francilien - est de rang au moins égal. Reste qu'il nous faudrait faire ce travail : recenser nos PME de manière exhaustive, produire les données pertinentes, nous entendre sur une vision globale, instaurer un climat d'ambition et de confiance, construire une volonté collective, puis nous battre sur tous les fronts pour valoriser et développer cette valeur.
Et qui nous en empêche, si ce n'est nous-mêmes ?


Startup nation ?


L'une de nos premières rencontres fut Saul Singer, l'un des auteurs de l'ouvrage Israël, the Start-up Nation, qui apporte beaucoup d'éléments d'analyse.
Plutôt que de le paraphraser, je préfère citer son éditeur qui présente ainsi l'ouvrage : 
Start-up Nation adresse la question à 1000 milliards de dollars. Comment se fait-il qu'Israël, un pays de 7,1 millions d'habitants, créé il y a 60 ans, entouré d'ennemis, en état de guerre permanente depuis sa création, sans ressources naturelles, produisent plus de startups que des pays plus grands, en paix et plus stables comme  la Chine, l'Inde, la Corée, le Japon, le Canada ou le Royaume-Uni ? Comment a fait Israël pour attirer deux fois plus d'investissements en capital-risque par habitant que les Etats-Unis, et trente fois plus que l'Europe ?
Israël a plus de sociétés côtés au NASDAQ que tout autre pays non américain, plus que l'Europe, l'Inde et la Chine ajoutées. Et l'innovation israélienne ne se limite pas à l'informatique, la sécurité ou la communication ; l'Etat Juif est leader mondial en dépôt de brevets médicaux, et c'est un puissant acteur global en biotechs et cleantech.