lundi, mars 26, 2012

Après le numérique : quelle réindustrialisation ?

La question industrielle, a fait une entrée spectaculaire dans la campagne présidentielle. Du « pacte industriel » au « produire en France » en passant par le protectionnisme, elle a structuré un moment du débat. Cette prise de conscience est une excellente nouvelle dans un contexte de mondialisation, de crise économique, de chômage élevé, mais aussi d'irruption d'une modernité explosive, créative et imprévisible. La France a soudainement redécouvert combien elle avait eu tort de privilégier excessivement les services - considérés à tort comme non délocalisables. Elle a redécouvert l'importance stratégique d'une véritable politique industrielle. Elle a compris qu’un pays qui ne fabrique pas de produits finit par perdre son rayonnement culturel et donc sa souveraineté et même ses capacités de dialogue avec les autres peuples...

Malheureusement, au delà du volontarisme apparent, on n'a pas encore vu se dessiner de contenu concret pour cette politique industrielle désormais appelée par tous. Et l'on n'a surtout pas entendu de véritable proposition de stratégie de l'action collective. On pourrait donc craindre que ce bon premier mouvement ne débouche plus sur un retour en arrière (la "réindustrialisation") que sur un véritable projet de dépassement (la "néoindustrialisation"). C'est de cette "néoindustrialisation" que nous parlerons au cours de ces Rencontres de Cap Digital

dimanche, mars 04, 2012

Télévision connectée : la fin du monde ?

Le prochain président de la République devra, à n'en pas douter, reprendre la loi du 30 septembre 1986 sur la liberté de communication, qui organisait la gouvernance de l'audiovisuel et installait le Conseil supérieur de l'audiovisuel.


Il devra le faire pour répondre à la déferlante de la télévision connectée, qui, après la musique, la presse et tant d'autres secteurs, va contraindre la télévision à faire, à son tour, sa Révolution numérique. Une Révolution qui s'annonce titanesque tant les enjeux sont forts. Songez-y : la télévision, à l'échelle mondiale, c'est un marché d'une vingtaine de milliards d'heures de "temps de cerveau disponible" par jour. J'ai bien dit "jour".


La créativité du numérique dans nos téléviseurs
La révolution de la télévision connectée, en première analyse, c'est simple : c'est le fait que désormais, la télévision arrivera chez nous via Internet. Et que donc, les téléviseurs pourront servir à d'autres usages qu'à ceux des chaînes linéaires. Et que nos différents "devices" - téléviseur, ordinateur, téléphone, tablette - vont pouvoir s'interconnecter. La télévision n'est plus du tout un appareil dédié permettant de capter une fréquence hertzienne.
Ce changement en entraînera beaucoup d'autres. Et d'abord, dans la conception même de ce qu'est la télévision. Au temps des grilles de programme va succéder une consommation délinéarisée, une pratique sociale, l'utilisation d'algorithmes de recommandation, des programmes inventant une nouvelle interactivité, une organisation nouvelle de ce qui se passe dans les différents écrans et dans le monde réel, etc.
Aux Etats-Unis, le site Hulu donne une première idée de ce que sera la télévision du futur. En France, on  est encore en mode "veille", mais le récent dossier de la revue Méta-Média, préparé par Eric Scherer, donne un bon aperçu des révolutions éditoriales en préparation.


Premières escarmouches
Les manoeuvres ont commencé. On connaît la bataille des boîtiers, dont parle cet article de Brainsonic, on attend la bataille de terminaux intelligents (Apple dégainera-t-il le premier, ou se fera-t-il doubler par Samsung ?). On constate quelques mouvements des opérateurs télécoms et des FAI.
Ces approches restent encore assez classiques : ce sont des jeux d'acteurs qui tentent de s'interposer entre la chaîne de télévision et le téléspectateur, afin de capter une fraction de la manne publicitaire.
On voit de même fleurir une offre de "télévision sur IP", dont Nolife, par exemple, fut un précurseur en France, de même que l'émission Arrêt sur images, qui migra sur Internet après son éviction de France 5.
Mais ces mouvements restent de petites secousses à côté des mouvements telluriques qui se préparent.