Nous n'avons pas gagné beaucoup sur le projet de loi de Finances 2011. Quelques ajustements, mais globalement, la perte de financements pour l'innovation va se chiffrer en milliards. Nous allons nous battre jusqu'au bout (les présidents de pôles mondiaux rencontrent Eric Besson lundi), mais on connaît maintenant les grands équilibres.
Sur le groupe Facebook qui nous permet de nous coordonner, Gilles Babinet, l'un des grands entrepreneurs français, dresse un constat désabusé que je partage assez largement :
" Quid d'un pays qui taxe à 5% les restaurateurs et à 25% les fournisseurs d'accès à internet? C'est malheureusement un indice assez évident des priorités -que l'on pourrait qualifier d'électoralistes- de notre gouvernement. Et il faut avouer que sur l'ensemble du front des financements de l'innovation, le paysage ne cesse de s'assombrir.Il faudra aussi que cela nous serve de leçon. Au fond, malgré les difficultés qu'oppose la société française à l'innovation, nous avons bénéficié de forts soutiens législatifs depuis quelques années. Nous n'avons pas appris, contrairement à d'autres, à nous organiser, à faire oeuvre de pédagogie, à parler net, à proposer des amendements ficelés.
On a donc déjà parlé du JEI -largement amputé- du CIR -dont le statut final n'est pas connu, mais qui semble devoir finir par être amoindri-, ainsi que de la TEPA -excellent dispositif, qui drainait 1Mds d'euros vers les TPE et qui est passée de 75% d'abattement à 50%, lui otant ainsi tout intérêt- on ajoutera à cela que la capacité d'intervention de OSEO est régulièrement remise en question et que la COFACE vient de durcir ses conditions d'attributions de garanties de façon très conséquente. Enfin et surtout, il convient de souligner que la réforme BALE 3 impose désormais aux banques et sociétés d'assurances un niveau de fonds propres, qui leur impose de limiter leurs risques et celles-ci vont en conséquence arrêter d’investir dans le capital risque.
Il serait intéressant de calculer le montant du cumul des aides qui vont directement disparaître, mais il est plus que probable que l'on parle de montants de l’ordre de plusieurs milliards d'euros.
La question posée est de savoir comment nous voulons faire redécoller ce pays ; en privilégiant les secteurs peut susceptibles d'innovations (et donc de gains de croissance) ou en investissant dans le futur? Sans même évoquer le fait que plusieurs études corroborent le fait que pour un poste de chercheur, 5 emplois indirects sont créés.
Cette démarche de réduction des budgets, louable à d’autres égards, est d’autant plus surprenante que le gouvernement a à plusieurs reprises fait part de son intention de soutenir l’industrie (passée de 24 à 19% du PIB de la nation en 12 ans), la compétitivité et la recherche (avec les projets de clusters). Or ceux-ci ne peuvent exister sans un terreau fertile de petites entreprises, très innovantes, à fort potentiel, mais aux forts besoins en fonds propres : des startups."
L'innovation et le numérique ne sont plus une aimable contre-culture qu'on laisse jouer. Elles sont entrées dans la cours des grands. Il va falloir que nous apprenions collectivement à jouer à ce niveau de jeu là.
Le paradoxe d'une société française qui prend conscience d'une économie mondiale de plus en plus concurrentielle en 2004, lance un appel à projet pour crée les pôles de compétitivités en 2006 suite au constat du retard français, et qui aujourd’hui ôte les ailes à un système de mise en réseau qui fonctionne.
RépondreSupprimerIl est curieux de voir que les volontés politiques personnelles dominent l'envie de voir une émergence de l'économie française possible avec l'innovation.
La France va beaucoup perdre avec cette loi de finance que je comprendrais sûrement jamais. La délocalisation et le Brain Drain sont finalement encore d'actualité.