mardi, avril 22, 2014

Conférence de Paris sur l'open data et l'open gov : c'est maintenant



Cette semaine, à Paris, la mission Etalab et le Conseil national du numérique organisent la Conférence de Paris sur l'Open data et le gouvernement ouvert. Le programme détaillé est accessible sur le blog d'Etalab, et sur le site www.laconferencedeparis.fr.

Nous avons travaillé cette rencontre pour en faire un moment important dans la jeune histoire du mouvement français de l'open data et du gouvernement ouvert.

Un moment important, d'abord, parce que seront rassemblés, sur deux jours, et sur trois sites, des ministres, des hauts fonctionnaires, des magistrats, des savants, des entrepreneurs, des associations et des citoyens engagés, des représentants et acteurs de l'open data venant, pour certains de fort loin  (Mexique, Etats-Unis, Tunisie, Angleterre, Irlande), qui vont échanger, partager, et s'enrichir mutuellement autour de toutes les transformations qu'apportent la révolution de la donnée, la modernisation de l'action publique, les nouvelles stratégies d'action collective à l'âge de la multitude... Parce que nous parlerons aussi bien de la transparence des institutions que des nouveaux pouvoirs de la société civile ou des usages des big data.

Un moment important parce que la France va commencer à mêler sa voix à la conversation mondiale sur les nouvelles pratiques de gouvernement et que l'on va voir que notre propre tradition existe, qu'elle a son histoire, avec ses succès et ses reculs, et qu'elle mérite l'intérêt de nos partenaires internationaux autant que nous nous passionnons pour les leurs.

Un moment important, peut-être, pour certaines des annonces qui y seront faites.

Un moment important, nous l'espérons, grâce aux interventions de grands responsables publics, de figures mondiales de l'open data et des datasciences, comme Michaël Flowers, ou Gavin Starcks, Rufus Pollock... Grâce aux "datastories" qui montreront la valeur insoupçonnable que prennent aujourd'hui ces données, mais aussi créativité et la vitalité de nos écosystèmes. Grâce à la demi-journée d'ateliers de de tables rondes, très ouverte, du 25 avril, nous allons pouvoir travailler collégialement (plus de 350 inscrits ce soir) des aspects centraux du futur de nos politques de la donnée.

Mais un moment important, surtout, parce que pour la première fois en France, nous allons essayer, tous ensemble, de poser la question de la circulation des données publiques, de ce qui se passe quand on travaille à la fluidité, à la maniabilité, au partage de ces données, au point où elle doit se poser : celui d'une transformation globale des rapports économiques, politiques et sociaux.


Aucune prétention dans cette affirmation : nous savons bien que nous sommes aux balbutiements de l'histoire. Et nous savons que cette conférence est une première rencontre qui en appelle d'autres : il y aura des hésitations, des incompréhensions, des témoins magnifiques qui n'auront pas été invités cette fois-ci. L'important, c'est de commencer à parler au niveau qu'exige la question...

Il n'empêche, derrière la question du partage des données publiques se joue une nouvelle étape de la construction démocratique : le devoir qu'a l'Etat de rendre des comptes aux citoyens prend un sens nouveau avec l'essor d'Internet, avec la toute nouvelle puissance de la multitude, avec la traduction en données de pan entiers de l'activité humaine qui n'étaient pas, jusqu'à présent, travaillés à partir des faits.

Derrière la question du partage des données publiques se joue la construction d'une nouvelle citoyenneté, plus active, plus engagée, plus autonome, une citoyenneté de notre époque marquée par l'éthique du hacker, par le "do it yourself"  et le succès des entrepreneurs de tous ordres (j'entend par entrepreneur celui qui lance une aventure vers l'inconnu, pas seulement celui qui crée une entreprise, spéciale dédicace à Tangui).
Derrière cette question se joue peut-être aussi l'une des dimensions de la modernisation de la puissance publique. Car ces données que nous essayons de mettre à jour pour les usages citoyens, et pour les innovateurs qui créent des services et des entreprises, l'Etat lui-même pourra en être le bénéficiaire. En intégrant dans ses pratiques les datasciences, et surtout leur esprit de curiosité, d'expérimentation et, disons le, leur culture de hacker, l'Etat pourra repenser à la racine le design, le pilotage et l'optimisation des politiques publiques.

Nos journées vont commencer. Pour la conférence du 24, je le précise, il n'y a plus de place. Nous avons l'honneur d'être accueillis dans la Grand'Chambre de la Cour des comptes, et nous sommes déjà au complet. La conférence sera filmée et diffusée sur www.data.gouv.fr, www.etalab.gouv.frhttp://www.cnnumerique.fr/ et sur le site de la conférence (www.laconferencedeparis.fr). Le Numa organise même une projection publique, qui précède la rencontre avec Rufus Pollock, le président de l'OKFN (sur inscription).

Je ne sais pas où nous conduiront nos débats. Mais l'engagement que je sens autour de ces journées me fait penser à l'éthique et à l'intelligence d'un penseur que j'estime entre tous : Karl Popper. Par ses travaux en épistémologie, ce grand penseur a montré l'importance, pour construire un savoir partagé, d'accepter la falsifiabilité, la reproduction, la vérificabilité. Par sa réflexion politique, il a traqué sans relâche les adversaires des sociétés ouvertes et montré à quel point le dialogue critique, l'échange respecteux, la recherche de la vérité par la dialogue raisonné sont au coeur de toute civilisation durable.


1 commentaire:

  1. Sans doute, faudra-t-il commencer par "lifter" la donnée dans certains secteurs de l'Etat , au sens où les données manipulées ne sont pas toujours très convaincantes ?! On en déduira que les systémes producteurs sont eux-mêmes à rénover ....

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