lundi, février 01, 2010

Chris Anderson : "la nouvelle révolution industrielle sera celle des atomes"

C'est la "Une" de Wired de ce mois-ci.

C'est le nouveau "coup" de Chris Anderson. Après la "Longue traîne", où il  nous prophétisait un monde où les oeuvres les plus confidentielles trouveraient leurs publics dans les marges bienveillantes de la consommation de masse,  après Free, où il nous expliquait que le gratuit était désormais le seul modèle économique d'avenir, voici que le rédacteur en chef de Wired nous annonce que les principes du logiciel libre : ouverture, interopérabilité, open source... vont devenir les principes de base de toute l'industrie.

Comme toujours avec Anderson, le réel ne rentre pas complètement dans l'idée. Mais comme toujours aussi, il y a quelque chose d'éclairant, et de persistant, dans cette intuition...


D'abord son exemple est réel. On commence à effectivement à livrer des voitures open source : montables, démontables, bricolables. On n'a d'ailleurs pas attendu Local Motors pour tester ce concept en Europe du Nord.
C'est d'ailleurs une réalité que de nombreux biens (bâtiments, navires, avions, automobiles) valent désormais plus par le modèle numérique qui les accompagne - et qui permet de les faire évoluer au fil du temps - que par la valeur de de l'objet physique.

Mais il y a surtout quelque chose de plus profond, que l'on sent dans le mouvement du design numérique, dans le mouvement des FabLab, que l'on voit autour d'Arduino... Quelque chose que l'on a très bien senti lors de la dernière édition des Entretiens du nouveau monde industriel. Quelque chose qui sourd confusément, que des gens comme Jean Louis Fréchin ou Frédéric Kaplan expriment remarquablement.

En un mot : les hackers rencontrent les bricoleurs. L'éthique du hacker (liberté, détournement, création) rencontre l'exigence de bricolabilité. C'est un mouvement politique (un refus original de la société de consommation), et une réalité industrielle. Avec Internet, les gens ont pris la parole, et ils ont ébranlé un vieux système médiatique. Aujourd'hui, les mêmes mouvements associatifs et citoyens, les mêmes activistes, les mêmes consommateurs lassés de se contenter d'engloutir veulent faire. L'onde de choc peut se révéler fracassante pour l'industrie.

Certes, il restera toujours de merveilleux objets, des rêves de créateurs, des "must have". Mais pourquoi ne pourrions-nous pas en parallèle investir des objets détournables, associables entre eux, bricolables, réutilisables.

Ce mouvement a commencé. Il est renforcé part l'association de plus en plus étroite entre le cybermonde et le monde des objets (Internet des objets et tutti quanti). Il ira loin.

Car ce que j'ai personnellement ressenti pendant nos deux jours d'Entretiens du nouveau monde industriel, c'est que la rencontre d'un objet et de l'information, le mariage du développeur et du bricoleur, ça n'est pas 1+1 qui font 2. Ca fait 5 ou ca fait 10.

Internet, ce n'est pas que de l'information c'est du lien, c'est du mythe, c'est du sens.
Un objet ce n'est pas qu'une chose : c'est une intention, une intimité, un usage.

Leur rencontre ce n'est pas qu'un objet communiquant. C'est réellement, je le pense aussi, une révolution industrielle.

2 commentaires:

  1. J'ai aussi de plus plus l'impression qu'il y a des mouvements qui prennent forme, débordent les grandes corporations. Des hackers qui rencontrent des bricoleurs, des API qui se mixent, des réseaux.
    Et plus ça va plus j'ai l'impression de me rapprocher des bouquins de Gibson ou de Sterling que je lisais il y a 15-20 ans :)

    Marc.

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  2. Et un effort de théorisation dans une perspective proche : http://yannickrumpala.wordpress.com/2009/06/09/de-lutilite-de-lanalyse-de-reseaux-pour-retrouver-des-prises-politiques-sur-la-technique/

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