mercredi, février 23, 2011

Vie numérique : un Institut pour les PME de l'économie numérique

Je sors à l'instant d'une belle réunion d'organisation de la montée en puissance des PME dans la gouvernance et dans l'utilisation de l'IRT Vie numérique. Pas moins de 7 associations se sont mobilisées pour que les PME puissent exercer leur pleine responsabilité dans ce projet.
Un regroupement de Silicon Sentier, Bureau Export, Paris Mix, Capital Games, Pôle audiovisuel Nord parisien d'une part ; la FICAM d'autre part; et enfin l'association Cap-Educ, qui est née pour l'occasion, vont prendre trois sièges de membres fondateurs. Ces associations représentent au total 850 entreprises et plus de 12.000 salariés ont décidé de proposer à leurs adhérents de s'organiser pour monter dans ce projet, participer à son financement et s'impliquer dans sa gouvernance.
De très bon augure pour tous ceux qui estiment que le numérique est avant tout un changement global de modèle économique et social et que les PME porteront les transformations les plus radicales, la croissance et l'emploi.

Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur ce projet, je remets ici mon interview à l'AEF du mois dernier :


AEF : Cap Digital a suscité et soutenu un projet d’IRT intitulé l’Institut de la Vie Numérique. Qu’en attendez-vous ?
Henri Verdier : L’Institut de la Vie numérique est le fruit d’une ambition collective et d’un travail ayant mobilisé plus de 100 partenaires. Déposé par l’Université Pierre et Marie Curie, l’Université Paris 13 et l’Institut Télécom, il incarne le projet stratégique de tout l’écosystème Cap Digital.
Son objectif est clair : la métropole parisienne est l’un des écosystèmes d’innovation les plus créatifs au monde, bénéficiant d’infrastructures, d’une force de recherche, d’un tissu de PME de premier plan ainsi que des centres de décision de grands groupes du numérique et des services. L’Institut de la Vie numérique permettra de faire converger les efforts de recherche de tous ces acteurs pour leur permettre d’aborder, au meilleur état de l’art, les grands sujets de la transformation numérique. Il colocalisera des équipes de recherche privées et publiques et des plateformes d’innovation collaborative. Il rendra le paysage de la recherche lisible pour les entreprises du secteur. Surtout, il organisera la possibilité concrète, pour les grandes entreprises comme pour les PME, de puiser facilement dans cet incroyable potentiel.


AEF : Quelle est la thématique de l’Institut de la Vie Numérique ?
Henri Verdier : Nous avons construit ce projet à partir d’une analyse. La transformation numérique n’est plus, depuis longtemps, la seule affaire du secteur industriel de l’informatique et des télécoms. C’est une transformation économique et sociale globale, qui s’appuie sur une couche industrielle, mais qui est tirée par des objets, des contenus, des services et des pratiques grand publics.
Concrètement, des représentants de sept secteurs d’activité se sont rassemblés, ont identifié des défis communs et souhaitent coopérer au sein de cet Institut :
  1. E-commerce, communication, marketing, publicité et nouveaux services ;
  2. Information et communication ;
  3. Mobilité et Ville durable ;
  4. Art-Patrimoine-Tourisme ;
  5. Media-Loisirs ;
  6. Autonomie ;
  7. Education-Formation.
Ces activités, parfois qualifiées de services, sont de véritables activités industrielles. Elles exportent et peuvent être concurrencée ou décocalisées si elles ne sont pas offensives. Elles représentent 75 % du PIB français. Elles en tirent la croissance et l’emploi. Elles méritent le soutien de la politique industrielle française.
Tous ces secteurs, orientés grand public, font face aujourd’hui à des défis similaires, à la concurrence des mêmes géants du web, aux mêmes ruptures technologiques. De ce point de vue, ils représentent un véritable secteur d’activité, que nous appelons “Vie numérique”.

AEF : Et comment comptez-vous soutenir toutes ces industries ?
Henri Verdier : Notre stratégie se résume en trois mots : concentrer, accélérer, démultiplier.
  • Concentrer une capacité de recherche académique de premier plan international (les meilleurs laboratoires dans les domaines technologiques concernés) avec les forces de recherche et d’innovation des acteurs industriels engagés dans tous les aspects clés de la transformation numérique. Concentrer une puissance prospective au développement industriel dans un contexte de transformation brutale et accélérée.
  • Accélérer le processus d’innovation, par la colocalisation des chercheurs, des ingénieurs et des designers ; par une dynamisation accrue des formations supérieures et professionnelles, par la mise en place de capacités d’innovation et d’expérimentation rapide ; en prenant en compte le rôle croissant des utilisateurs dans la création de valeur ; en intégrant des stratégies d’innovation non planifiée dans les politiques d’innovation industrielle.
  • Démultiplier les effets de cette stratégie d’innovation, en mettant en place les interfaces de transfert rapides vers les entreprises, et de façon privilégiée vers les startups et PME ; en organisant, dans et autour de la recherche, tous les outils d’analyse de niveau international, de communication, d’animation, de dissémination, de valorisation des idées et des briques technologies ;

AEF : Avez-vous des défis scientifiques ou techniques particuliers ?
Henri Verdier : Analysant collectivement nos métiers et leurs évolutions technologiques, nous avons identifiés 7 défis stratégiques, et pour lesquels la métropole parisienne a les ressources pour constituer une force de premier rang. Ces défis ont été baptisés :
- Big data : donner aux entreprises souhaitant développer des projets intensifs en données l’accès aux ressources, aux méthodes, aux expertises et aux outils leur permettant de relever ces défis au niveau de comlexité requis par ces nouvelles questions ;
- Immerge : associer le meilleur des technologies et le génie du design au service des nouvelles interactions humaines avec les mondes réels, virtuels et humains ;
- New Media : revisiter l’ensemble de la chaîne de création, capture, édition, diffusion et valorisation des medias pour répondre aux nouvelles chaînes de valeur ;
- Well being : L'Île-de-France est la région européenne qui concentre le plus d'implantations liées au domaine de la Santé. Ce domaine s’appuie de plus en plus sur une industrie de services grand public d’aide à l’autonomie, au maintien à domicile ou à la lutte contre le handicap. L’Institut de la Vie numérique et ses partenaires de la santé pourront organiser de nouveaux partenariats sur ces enjeux majeurs ;
- Ambient : le monde qui vient sera pétri de capteurs, senseurs et d’objets communiquants. Les défis technologiques, sociaux, éthiques, environnementaux qui nous attendent appellent de nouvelles règles de design, de développement et probablement même d’innovation qui seront incubées au sein de ce programme ;
- Knowlink : l’émergence d’un web social réarchitecture les savoirs, les systèmes d’informations, la connaissance et les pratiques sociales et appelle une réflexion à la hauteur de cette transformation ;
- Value, enfin, notre RT veut prendre au sérieux les nouvelles formes de la création de valeur, avec un programme permettant de densifier la relation avec les publics, de les placer en amont dans les process de conception et de design des services, de partager des dispositifs d’étude d’usages, et de susciter de nouvelles synthèses créatives.
Tous intègrent aussi bien des dimensions technologiques, qu’une exigence de design, des sciences humaines et une très grande créativité.

AEF : Où sera situé votre IRT ?
Henri Verdier : L’Institut de la vie numérique est consubstantiel de la métropole parisienne, dont il tirera son énergie et qu’il entend irriguer.
Au coeur du projet, nous avons retenu trois Centres de recherche et d’innovation (CRI), qui pourront accueillir chacun plusieurs centaines de chercheur. Ils sont localisés à la Maison des sciences de l’homme (Saint-Denis), à l’université Pierre et Marie Curie (Jussieu) et sur le campus de l’Institut Télécom (rue Barrault).
Mais notre IRT veut également construire des interfaces d’accueil des PME et des publics, des lieux de co-création et d’expérimentation rapide. Ce seront les Lieux de création et d’expérimentation (LCE). Cinq premiers LCE sont déjà partie prenante de la réponse : Universcience (salles immersives, outils et contenus pour soutenir l’innovation en formation, en médiation et éducation informelle), Publishing Lab – Silicon Sentier (dédié aux métiers de la Presse et de l’Edition numérique), Patrimoine Lab (à Cergy, dédié à la valorisation du patrimoine numérique et au soutien à l’innovation des secteurs Media et Education), LCE Santé (composé d’un ensemble de plates formes d’expérimentation en milieu hospitalier), LCE Audiovisuel et Numérique, dispositif d’accompagnement multiforme (lieu de création, de formation, d’expérimentation) spécifiquement dédié aux acteurs de l’audiovisuel numérique, proche d’Issy les Moulineaux.

AEF : Qui seront vos partenaires ?
Les premiers membres fondateurs connus sont de grands établissements publics (UMPC, Paris 13, Institut Télécom, Paris 8, CNAM, ENSCI, Universcience…), une quinzaine de grandes entreprises (Orange, Thales, Casino, Seb, Editis, etc.) une centaine de PME/ETI, soit en direct (Exalead, Mediamétrie), soit représentées par leurs associations (Silicon Sentier, etc.). Nous continuons à recueillir les signatures et espérons pouvoir prochainement annoncer de très beaux partenariats.

AEF : Quels bénéfices attendent-ils pour l’écosystème ?
Henri Verdier : L’IRT propose aux acteurs des secteurs touchés par la révolution numérique, un outil leur permettant, quelle que soit leur culture numérique et leur pratique de R&D : d’avoir accès à l’état de l’art de la technologie et de l’innovation service dans leur secteur ; de pouvoir sous-traiter des projets de recherche à l’IRT en bénéficiant du doublement du CIR ; de participer à des projets collectifs montés à l’initiative de l’IRT dans le cadre de ses programmes ; d’utiliser les plates-formes portées par l’IRT, qu’elles soient amont tournées vers la mise au point et l’utilisation de technologies, ou en aval, vers la connexion avec les publics et marchés visés ; d'être hébergés à un coût marginal ou encore d'optimiser leurs dépenses de R&D par la mutualisation. Il propose en outre à tous ces acteurs de se saisir d’une stratégie de recherche et de la nourrir de leurs apports et de leur vision.

AEF : Quelle forme juridique prendre-t-il ?
Henri Verdier : Nous avons finalement opté pour la création d’une FCS (fondation de coopération scientifique) destinée à porter les activités liées à la recherche, assortie de la création d’une filiale commerciale ayant pour objet de valoriser les travaux de recherches initiés et pilotés par la FCS.
Nous demanderons simplement à l’administration fiscale de nous confirmer son accord pour traiter ces FCS comme celles qui gèrent aujourd’hui les RTRA (réseau thématique de recherche avancée).

AEF : Comment sera-t-il financé ?
Pour constituer la FCS, nous rassemblerons 1 million d’euros apportés par les partenaires et verrons si nous obtenons un abondement de l’Etat.
Ensuite, nous attendons un abondement des apports privés des membres et partenaires de l’IRT dans les projets co-localisés, et du financement des collectivités locales. Cet abondement sera réparti sur trois activités : investissement dans des projets et/ou plates-formes, investissement sur des actions définies par la gouvernance de l’IRT et financement des dépenses de fonctionnement de l’IRT. Les autres sources de revenus de l’IRT sont liées aux prestations intellectuelles dans plates-formes, ou de conseil directement lié à l’activité de l’IRT et aux revenus liés à l’exploitation de la propriété industrielle.

AEF : Comment sera gouverné cet IRT ?
Henri Verdier : Nous avons retenu une gouvernance assez classique pour une FCS :
- Un Conseil d’administration, qui décide en particulier de la stratégie de l’Institut, de son budget, des budgets alloués aux programmes et des actions de l’Institut et nomme, sur proposition de son Président, les membres du comité international stratégique.
- Un comité international d’orientation stratégique qui nourrit la stratégie scientifique et les choix de programmes.
- Un comité des programmes, qui évalue et décide de l’orientation des programmes, du lancement des projets et de leurs évolutions, ainsi que des grandes décisions sur la valorisation.
-Un comité de formation qui valide les choix de développement de contenus à générer à partir des programmes de l’Institut et les besoins de formation constatés. Il élabore le programme formation de l’Institut.
- Un comité de direction, qui coordonne le déroulement des programmes, valide les rapports d’activité et propose au comité de programme les options de développements futurs.
 

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