C'est avec une vraie joie que j'ai appris ce matin que le court métrage Logorama, produit par le film de François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain, du collectif H5, coproduit et réalisé par la société Mikros images, avait remporté cette nuit l'Oscar du meilleur film d'animation.
Après Oktapodi l'année dernière, réalisé par des étudiants de l'école des Gobelins, et premier film d'étudiants à être nominés, c'est cette fois-ci la récompense suprême pour un film français.
Mikros est l'un des piliers de la première heure de notre pôle de compétitivité Cap Digital. Mais ce n'est pas seulement pour cela que je me réjouis.
Logorama est un petit bijou fantastique qui met le savoir-faire et l'esprit français à l'honneur.
Regardez ce petit trailer :
Et vous trouverez le film entier sur le site officiel, ou sur celui de Mikros images.
Logorama est un petit film de moins de 17 minutes qui nous raconte une histoire complète dont les personnages, les décors et les événements sont tous faits de détournements de marques. Plus de 2500 marques en tout.
La réalisation est superbe : fluide, effiçcace, drôle, bourrée de clins d'oeil et surtout d'esprit.
Mais c'est aussi, comme le disent les auteurs, un "droit de réponse" à l'envahissement des marques, et de fait, une réflexion sur leur omniprésence et sur la marchandisation du monde. Loin d'être un pensum pesant, une démonstration ou un plaidoyer, c'est une farce, une plaisanterie, une historiette. Son seul message, c'est justement que la farce fonctionne très bien. C'est-à-dire qu'effectivement, les marques commerciales se sont tellement approprié le monde qu'on peut raconter une histoire complète, avec kidnaping, cascades, tremblement de terre et tout ce qu'on veut sans jamais sortir de ce cercle sans fin.
Et j'y vois un écho à d'autres analyses : on ne vit que dans le signe. On le savait depuis longtemps, c'est ce qui rend ineptes les analyses fondées sur la différence entre le "réel" et le "virtuel". Mais aujourd'hui ces signes deviennent exclusivement marchands, excluant insensiblement l'histoire, le social ou le sacré.
On peut ne pas partager mon point de vue. Jean-Noël Lafargue, par exemple, y voit au contraire une complaisance et l'une de ces provocations ambivalentes dont raffolent les communicants. Pour ma part, au contraire, je vois dans cet enfermement, dans cette totalité des marques, un message. Le petit malaise ressenti par "Jean-No" me semble délibéré, et c'est là que je vois une prouesse.
Que les Oscars aient récompensé ce "droit de réponse" qui a été fait sans aucune autorisation ajoute encore à notre plaisir. Ont-ils eu complètement conscience de ce qu'ils faisaient ?
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Il me semble que même sur leur site, c'est bien le seul trailer qui est publié et non la version complète. Dommage, je l'aurai bien regardé jusqu'au bout.
RépondreSupprimerHello Pierre
RépondreSupprimerApparemment, ça nettoie à tout allure.
Si tu cherches bien sur Google vidéo, tu trouveras sans doute encore quelques versions complètes. Mais dépêche-toi...
C'est toujours délicat de juger où se trouve la frontière entre la provocation et la complaisance dans ce genre de travail. Pour moi c'est la seconde hypothèse qui l'emporte mais je peux imaginer qu'on soit d'un autre avis bien sûr.
RépondreSupprimerHors du sens qu'on peut y chercher, Logorama reste une réalisation d'une qualité exceptionnelle et extrêmement bien documentée (pas que sur les logos : les habitants de Los Angeles reconnaissent les endroits montrés).