jeudi, décembre 29, 2011

Le crowdfunding va-t-il sauver l'économie américaine ?

La communauté économique américaine s'intéresse beaucoup, ces jours-ci, à une nouvelle initiative de l'administration Obama : le Crowdfunding Bill.

Ce texte, qui est déjà passé à la chambre des représentants, et attend la discussion au Sénat, modifie la loi sur l'accès au capital des entrepreneurs. Vous pouvez trouver la version votée le mois dernier ici-même.

L'objectif du texte est simple : faciliter la levée de fonds des startups en assouplissant considérablement la possibilité de recourir aux petites sommes versées par des particuliers, jusqu'à concurrence de 2 millions de dollars. En deçà de ce plafond, les contrôles de la SEC, si drastiques en cas d'introduction en bourse et interdisant quasiment de procéder à des levées de fonds via les réseaux sociaux, sont considérablement assouplis. Il suscite d'ores et déjà d'intéressants débats sur sa portée et ses conséquences.

La vogue du crowdfunding

Le crowdfunding (littéralement "financement par la foule") est une idée assez naturelle pour les enfants des réseaux sociaux et du web 2.0.

A dire vrai, la tradition est plus ancienne. Faire financer son film ou son livre par souscription ou par appel à l'investissement des particuliers n'est pas une idée si iconoclaste qu'on l'imagine. A bien y regarder, on trouve même dans l'histoire taurine espagnole une longue tradition de penas de villages finançant le premier habit de lumière, et les services d'un apoderado, pour aider au démarrage de la carrière d'un jeune talent prometteur.



On a spontanément associé le financement par le public aux industries culturelles, à la fois parce que le public est supposé comprendre immédiatement l'intérêt d'une oeuvre qui s'adresse à lui et parce que la dimension d'entertainment fait qu'il peut être passionnant et gratifiant de financer une oeuvre, même si celle-ci ne rentabilise pas les investissements consentis.
Cependant, comme le montre ce très bon article (d'où nous avons extrait cette cartographie), cette activité est depuis longtemps sortie du seul financement artistique, elle connaît un développement rapide dont la France n'est pas absente.

La palette des formats proposés par ce mouvement est vaste. Elle va de l'organisation du financement entre amis à l'investissement quasiment professionnel en passant par des projets comme My Major Company, qui vous propose littéralement de coproduire un film, ou comme l'excellent projet Ulule, qui propose d'aider au financement de projets contre des contreparties non marchandes. (Au passage, c'est mon ami Alexandre Boucherot,  fondateur, avec Thomas Grange, du site Ulule, qui m'a alerté sur le Crowdfunding Bill).

Impact politique et impact économique


Il n'est pas indifférent que l'administration Obama ait, comme souvent, un rôle leader sur cette question. La dimension politique en est importante. Et qui mieux que cette équipe connaît le pouvoir de petites sommes apportées par des millions d'individus ? Pennies from many, comme le rappelle cet article du New-York Times.
L'objectif de l'administration Obama, en effet, n'est pas seulement de drainer de nouvelles sommes vers l'économie des startups, qui est en passe de devenir une grande cause nationale en cette fin de mandat. Ni de prouver cet engagement au côté des startups. Il semble également être, par une sorte de recours au peuple, de desserrer l'étau de l'industrie de la finance, qui s'est arrogé le rôle d'intermédiaire entre l'épargne et les entreprises, et a abusé de sa position de la façon que l'on sait.

Alors, populisme ou geste politique fondateur ? Difficile de dire en l'état.

Car les premiers retours de ces stratégies de Crowdfunding ne semblent pas encore en mesure de faire vaciller Wall Street.

Tout d'abord, ces investissements ne sont que rarement rentables. Ils sont effectués, pour la plupart, dans un cercle familial et amical, et mélangent de ce fait toutes sortes de raisons de financer les projets, y compris le célèbre love money. Ce n'est pas toujours le meilleur moyen de faire les meilleurs placements.

En même temps, vous pourrez me répondre que, précisément, on n'a jamais tenté d'industrialiser sérieusement cette approche, notamment en fournissant aux investisseurs le cadre, les garanties et les informations leur permettant de porter un jugement éclairé... Ce n'est pas impossible. Qui aurait parié, il y a quinze ans, qu'une encyclopédie entièrement collaborative et sans aucun éditeur professionnel atteindrait un niveau de qualité équivalent à celui de vénérables maisons comme la Britannica ou l'Universalis ? Personne, parce que personne n'avait anticipé la puissance des règles d'interaction proposées par Wikipédia.

Là me semble résider l'enjeu principal de cette approche. Le web saura-t-il inventer des formes d'action collectives suffisamment élaborées pour que le crowdfunding devienne une industrie efficace, et pourquoi pas même un marché de prédiction d'une efficacité supérieure à celle des investisseurs professionnels ?

Si tel est le cas, l'enjeu dépassera rapidement celui du financement de quelques startups internet. C'est toute l'économie qui basculera, et la place financière qui devra s'interroger sérieusement sur ses méthodes et son utilité sociale.

3 commentaires:

  1. sur l'inadéquation finance/marché, un point de vue interessant qui rend le HFT responsable de la baisse du nombre d'introduction de sociétés US en bourse..
    http://www.infodsi.com/articles/126664/canal-financer-start-ups-technologiques.html?key=71ee181074b34ae7

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  2. If you are interested in the crowdfunding topic you should have a look on a new platform launched in Europe that is called http://www.mymicroinvest.com/.
    It helps startups to raise funds while providing real analyzes to investors made by a professionals from a company that work especially on financial analysis of young venture.

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  3. une plateforme intéressante qui se lance aujourd'hui dans le crowdfunding en Europe est
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    Vous devriez y jeter un coup d'oeil

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