Après un long travail avec Nicolas Colin, nous avons eu le plaisir, il y a deux semaines, de voir enfin notre premier livre, L'Age de la multitude, dans toutes les bonnes librairies.
Les lecteurs de ce blog connaissent un peu Nicolas Colin, ingénieur Télécom, énarque et inspecteur des finances (eh oui), mais aussi authentique entrepreneur, cofondateur de 1x1connect qu'il a présidée pendant deux ans, et de Stand alone media.
L'Age de la multitude c'est à la fois un essai d'économie après le numérique, et une tentative de partager notre passion pour ce monde nouveau, avec ses promesses et ses périls.
Notre travail est parti d'une question : pourquoi est-il si difficile aux grandes organisations de s'adapter à la révolution numérique alors que la plupart du temps, leurs clients (ou usagers) et leurs salariés se ont plongé sans hésitation dans ce nouveau champ des possibles.
Au début, nous pensions méditer sur la transformation permanente, cette économie de flux d'innovations, de flux de pratiques, de flux d'informations et de connaissances. Notre titre provisoire était même Mobilis in mobile. Mais notre projet a changé en cours de route, et fort heureusement, car nous serions sortis en même temps que le très bon ouvrage de Joël de Rosnay, Surfer la vie, comment sur-vivre dans la société fluide, paru le même jour que le notre.
Mais nous avons rapidement infléchi notre travail, pour lui donner une dimension plus économique. Il se trouve en effet que dans ce monde que nous qualifions d'hyperfluide, dans ce monde où les clients se comportent comme des volées d'étourneaux aux trajectoires imprévisibles, les géants de l'économie numérique semblent avoir trouvé une sorte de martingale.
Devenir une plateforme. Au lieu de pourchasser les étourneaux, les attirer en leur donnant des choses à faire. Les laisser faire ce qu'ils veulent. Telle semble la stratégie de Google, Facebook, Twitter, Amazon, Pinterest, Instagram et de tant d'autres.
Et cette stratégie va plus loin que la question de la captation d'un audimat. En se positionnant ainsi comme une plateforme, on ne se contente pas de fixer ses clients. On fait levier sur une valeur bien plus grande : la force de création de ces utilisateurs. Leur puissance créatrice qui, la plupart du temps, excède largement celle des organisations elles-mêmes. Cette puissance de la multitude, pour reprendre le concept forgé par Antonio Negri et approfondi par Yann Moulier-Boutang.
Nous avons alors consacré un important travail à essayer de mieux cerner ces stratégies de création de valeur, à bien analyser cette dimension de stratégies de plateforme, à décrire la place singulière qu'y occupe le design, à essayer, même de théoriser un peu la dimension économique de la capacité à mobiliser cette nouvelle forme d'externalité économique. Lisez, vous verrez.
Plus important, il me semble, nous avons commencé à aborder la manière dont ces stratégies pourraient très bien sortir de l'économie numérique pour devenir des stratégies industrielles au sens plus large. Les villes, les voitures, les réseaux d'énergie, la plupart des secteurs du service et de nombreux autres secteurs industriels vont, tôt ou tard, subir la même transformation. La capacité à mobiliser cette puissance de la multitude va devenir aussi importante que les grandes infrastructures énergétiques naguère.
Enfin, nous analysons quelques grandes politiques publiques, notamment éducation, innovation, régulation d'Internet, régulation des monopoles, "administration comme plateforme" (notre traduction du "government as a platform" cher à Tim O'Reilly) ou encore fiscalité ou nous constatons bien souvent, la compréhension de ces mécanismes et de ces stratégies permettrait de repenser, parfois de manière assez radicale, des approches que nous n'interrogeons plus guère.
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Les premiers retours sont très positifs. Nous vous en remercions et nous nous en réjouissons, car il est temps que notre pays cesse de regarder le numérique comme une anomalie - au mieux - ou une menace - au pire - et qu'il se demande comment il peut en faire le levier d'une transformation économique et sociale complète.
L'Âge de la multitude est disponible en ligne et en tous formats :
· Amazon
· iTunes
Pour prolonger les échanges, un blog est consacré au livre, à son actualité et aux travaux qu'il ne manquera pas d'inspirer dans les prochains mois, sur l'économie numérique et au-delà. Vous pouvez y découvrir une première série de billets autour du livre : http://colin-verdier.com/
Merci et bravo pour votre intervention passionnante ce matin dans notre établissement scolaire.
RépondreSupprimerCela m'a donné envie de me procurer votre livre.
Bonne continuation.
Bonjour et bravo.
RépondreSupprimerBon il va falloir que je relise quelques passages mais globalement c'est très intéressant et bien vu !
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16 euro le livre électronique ? Sérieusement ?
RépondreSupprimer3/4 euro pour les auteurs, c'est légitime et 1/2euro pour Amazon. Ou va le reste ?