Vendredi, dans le cadre du sommet du Partenariat pour un gouvernement ouvert, je participerai à une table ronde avec Claire Legros, Yann Moulier Boutang et Bernard Stiegler sur les Communs numériques.
Les Communs, c'est un terme en vogue, avec tous les risques qui s'attachent aux buzzwords dans notre société de communication. J'y avais consacré un petit travail avec Charles Murciano, que j'ai présenté sur ce blog au début de l'année. C'est aussi un terme qui fait peur à ceux qui ne le comprennent pas, les uns craignant que tout cela ne conduisent à une sorte de nationalisation du numérique, les autres craignant que cela ne remette en cause le droit d'auteur, d'autres ne comprenant tout simplement pas pourquoi il faudrait ainsi créer de nouvelles catégories juridiques.
Dans l'ordre de l'opérationnel, pourtant, les choses sont assez claires. L'histoire est ancienne, mais elle est encore plus nette en matière de numérique. Il existe des ressources qui ne sont pas publiques, et qui ne sont pas non plus privées. elles sont produites en commun par un certain nombre de personnes, qui, en retour, les exploitent en commun. Souvent, ces contributeurs définissent des règles, des licences, des conditions d'utilisation qui représentent la constitution de ce commun. Un exemple assez connu de chacun d'entre nous est tout simplement Wikipédia.
Il y a long à dire sur les communs, sur le rapport à la propriété qu'ils dessinent et sur celui qu'ils
contestent, sur les spécificités des communs numériques, sur le point de savoir si Rifkin, qui en fait grand cas, a bien saisi ce qui se prépare, et sur les raisons de la reviviscence contemporaine de ce concept. Yann Moulier Boutang et Bernard Stiegler le feront probablement brillamment.
Mais il y a plus encore à en tirer. J'ai parlé ici du projet Le.taxi. C'est bien la contribution volontaire des chauffeurs qui acceptent de partager leur géolocalisation temps réel, qui acceptent d'être notés par les utilisateurs, et qui ont consenti à des règles de réutilisation de ces données dans certains contextes d'usage qui fait le succès de ce projet.
J'ai parlé souvent du travail sur la Base adresses nationale, qui a permis, grâce à une alliance inédite entre Etalab, La Poste, l'IGN et l'association OpenStreetMap de produire une base de données indispensable à de très nombreux acteurs privés et publics. La seule API de géocodage qui en est issue traite chaque semaine entre 10 et 40 millions de requêtes.
Nous pourrions aussi parler du projet Open Fisca, qui est développé par des chercheurs, des administrations, des collectivités locales, qui sert de base à de nombreux projets comme Mes-Aides. De par son statut ouvert (Open Fisca est un logiciel libre), le projet a permis d'associer de nombreux contributeurs dans un espace de coopération où collaborent des collectivités locales, l'Etat, et depuis peu de nouveaux pays (Tunisie, Sénégal).
Aucun de ces trois projets n'aurait pu réussir en étant strictement privé ou strictement étatique. Tout simplement parce qu'il était nécessaire d'allier, dans un effort convergent, toutes sortes de contributeurs de statuts très différents. Et parce qu'il était nécessaire de définir - et éventuellement de faire évoluer - des règles de contribution et d'exploitation en commun. C'est cet aller-retour permanent entre contribution et consultation, entre privé et public, entre particulier et collectif qui fait de cet espace des communs une ressource si particulière et si précieuse. L'innovation numérique, la diffusion de la capacité d'agir, le désir d'engagement de très nombreux individus créent une nouvelle donne, dont l'action publique doit désormais apprendre à tenir compte.
Symétriquement, face au succès croissant des démarches de gouvernement ouvert, des civic tech, de la performance algorithmique ou de la puissance de la multitude, il semble indispensable de construire et de défendre un espace de coopération qui reste accessible à tous. Le droit d'être un contributeur utile, la capacité de créer en dehors des plateformes monopolistiques, qu'elles soient privées ou publiques, doivent faire partie de l'arsenal du gouvernement ouvert. Le gouvernement ouvert ne peut pas être une rétractation de la puissance publique. Au contraire, ce doit être un projet d'émancipation, ce pour quoi, en soutenant les communs, la puissance publique peut prendre toute sa place.
Les Communs, c'est un terme en vogue, avec tous les risques qui s'attachent aux buzzwords dans notre société de communication. J'y avais consacré un petit travail avec Charles Murciano, que j'ai présenté sur ce blog au début de l'année. C'est aussi un terme qui fait peur à ceux qui ne le comprennent pas, les uns craignant que tout cela ne conduisent à une sorte de nationalisation du numérique, les autres craignant que cela ne remette en cause le droit d'auteur, d'autres ne comprenant tout simplement pas pourquoi il faudrait ainsi créer de nouvelles catégories juridiques.
Dans l'ordre de l'opérationnel, pourtant, les choses sont assez claires. L'histoire est ancienne, mais elle est encore plus nette en matière de numérique. Il existe des ressources qui ne sont pas publiques, et qui ne sont pas non plus privées. elles sont produites en commun par un certain nombre de personnes, qui, en retour, les exploitent en commun. Souvent, ces contributeurs définissent des règles, des licences, des conditions d'utilisation qui représentent la constitution de ce commun. Un exemple assez connu de chacun d'entre nous est tout simplement Wikipédia.
Il y a long à dire sur les communs, sur le rapport à la propriété qu'ils dessinent et sur celui qu'ils
contestent, sur les spécificités des communs numériques, sur le point de savoir si Rifkin, qui en fait grand cas, a bien saisi ce qui se prépare, et sur les raisons de la reviviscence contemporaine de ce concept. Yann Moulier Boutang et Bernard Stiegler le feront probablement brillamment.
Mais il y a plus encore à en tirer. J'ai parlé ici du projet Le.taxi. C'est bien la contribution volontaire des chauffeurs qui acceptent de partager leur géolocalisation temps réel, qui acceptent d'être notés par les utilisateurs, et qui ont consenti à des règles de réutilisation de ces données dans certains contextes d'usage qui fait le succès de ce projet.
J'ai parlé souvent du travail sur la Base adresses nationale, qui a permis, grâce à une alliance inédite entre Etalab, La Poste, l'IGN et l'association OpenStreetMap de produire une base de données indispensable à de très nombreux acteurs privés et publics. La seule API de géocodage qui en est issue traite chaque semaine entre 10 et 40 millions de requêtes.
Nous pourrions aussi parler du projet Open Fisca, qui est développé par des chercheurs, des administrations, des collectivités locales, qui sert de base à de nombreux projets comme Mes-Aides. De par son statut ouvert (Open Fisca est un logiciel libre), le projet a permis d'associer de nombreux contributeurs dans un espace de coopération où collaborent des collectivités locales, l'Etat, et depuis peu de nouveaux pays (Tunisie, Sénégal).
Aucun de ces trois projets n'aurait pu réussir en étant strictement privé ou strictement étatique. Tout simplement parce qu'il était nécessaire d'allier, dans un effort convergent, toutes sortes de contributeurs de statuts très différents. Et parce qu'il était nécessaire de définir - et éventuellement de faire évoluer - des règles de contribution et d'exploitation en commun. C'est cet aller-retour permanent entre contribution et consultation, entre privé et public, entre particulier et collectif qui fait de cet espace des communs une ressource si particulière et si précieuse. L'innovation numérique, la diffusion de la capacité d'agir, le désir d'engagement de très nombreux individus créent une nouvelle donne, dont l'action publique doit désormais apprendre à tenir compte.
Symétriquement, face au succès croissant des démarches de gouvernement ouvert, des civic tech, de la performance algorithmique ou de la puissance de la multitude, il semble indispensable de construire et de défendre un espace de coopération qui reste accessible à tous. Le droit d'être un contributeur utile, la capacité de créer en dehors des plateformes monopolistiques, qu'elles soient privées ou publiques, doivent faire partie de l'arsenal du gouvernement ouvert. Le gouvernement ouvert ne peut pas être une rétractation de la puissance publique. Au contraire, ce doit être un projet d'émancipation, ce pour quoi, en soutenant les communs, la puissance publique peut prendre toute sa place.
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